Édition du vendredi 28 octobre 2011
Mise en oeuvre des directives européennes environnementales: un rapport sénatorial souligne la fragilité des résultats acquis dans les domaines de l'eau, de l'air et du bruit
Au terme de ses investigations, Fabienne Keller, vice-présidente de la commission des finances du Sénat et auteur dun rapport sur la mise en uvre par la France du droit communautaire de l'environnement (1), constate que «malgré tous les progrès, la France risque de ne pas remplir les obligations sur la directive cadre de leau de 1991 et qui impose un bon état écologique des masses deau dici 2015».
Plus généralement, elle observe que les infractions dans le domaine de lenvironnement restent nombreuses. Elles représentent «17% des contentieux engagés contre la France. Actuellement, onze procédures sont ouvertes au stade du manquement, et quatre au stade du manquement sur manquement. Les domaines les plus concernés par les infractions sont leau, les déchets et la biodiversité».
En ce qui concerne la mise en oeuvre des directives sur leau, les raison du retard «chronique» tiennent, selon la sénatrice du Haut-Rhin, à «une prise de conscience beaucoup trop tardive des risques contentieux et des délais nécessaires à la mise aux normes des stations» imposée par la directive 91/271/CEE sur les eaux résiduaires urbaines, conjuguée à «une mauvaise anticipation des pouvoirs publics, avec linscription des investissements nécessaires, accompagnés de mesures incitatives» avec un programme de retard» et «la lourdeur des financements requis (75 milliards deuros sur vingt ans)». A cela sajoutent les «chevauchements existant entre des enjeux parfois concurrents sur le terrain (mise aux normes des stations contre consommation dénergie notamment)».
Dans le domaine de lair, même constat: la directive est mal appliqué du fait notamment de la «contradiction entre des enjeux environnementaux qui deviennent concurrents (par exemple, la promotion du chauffage au bois, qui émet des particules)» et «un problème de ressources financières pour mettre en uvre efficacement les (trop nombreux) plans».
Fabienne Keller préconise en conséquence «une intensification et une accélération des actions entreprises, qui doivent saccompagner dune visibilité financière accrue pour les collectivités territoriales soumises à des investissements très lourds, dans un contexte de raréfaction de leurs ressources».
En outre, elle formule «des propositions pour perfectionner et renforcer la gouvernance et le pilotage des grandes problématiques environnementales, qui doivent être appréhendées de manière globale afin de ne pas opposer les différentes priorités».
Enfin, elle émet des recommandations pour améliorer la transposition des directives.
Elle souhaite aussi quune «réflexion soit menée sur la notion de valeur environnementale et le coût des obligations des directives européennes en termes de consommation dénergie, dinvestissements et denjeux concurrents».
(1) "L'application du droit communautaire de l'environnement: de la prise de conscience à la mobilisation des acteurs", rapport d'information n° 20 (2011-2012) de Fabienne Keller, fait au nom de la commission des finances.
Pour accéder au rapport, utiliser le lien ci-dessous.
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