« L’ensemble des Mahoraises et des Mahorais aura la possibilité d’avoir des bouteilles d’eau»  minérale à raison d’un litre par personne et par jour » , a assuré Philippe Vigier devant la presse lors d’un déplacement sur le port de Longoni, où sont remplis les camions chargés de la distribution. C’est normalement le ministre de l’Intérieur qui aurait dû faire ce déplacement et ces annonces, mais Gérald Darmanin est finalement resté en métropole pour gérer les conséquences de la tempête. 

Restrictions d’eau

Le département le plus pauvre de France est confronté à son pire épisode de sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales. Faute d’infrastructures et d’investissements suffisants, les quelque 310 000 habitants de l’archipel français de l’océan Indien vivent au rythme de sévères restrictions d’eau depuis septembre. 

Dans un communiqué du 9 octobre, la préfecture a annoncé que les « tours d’eau »  étaient encore durcis, afin de tenter d’économiser l’eau encore présente dans les retenues collinaires. En effet, annonçait alors la préfecture, « la retenue de Combani est remplie à 13,6 % et celle de Dzoumogné à 7 %. Au rythme des prélèvements actuels, la vidange complète des retenues collinaires interviendra à la fin du mois d’octobre. »  Depuis le 11 octobre, dans l’ensemble des communes de Grande Terre, non seulement l’eau n’est plus fournie deux jours sur trois, comme c’était déjà le cas avant, mais le troisième jour, l’eau n’est plus fournie que 18 heures au lieu de 24 heures. Par ailleurs, ces restrictions ont été étendues aux communes de Pamandzi et Dzaoudzi le 16 octobre. 

Quelques pluies sont intervenues depuis ces décisions, ce qui a permis de gagner un peu de temps. Aujourd’hui, les services de la préfecture estiment que les retenues collinaires seront vides d’ici une quinzaine de jours. Dès lors, le territoire ne disposera plus que de 20 000 m3 d’eau par jour environ, quand les besoins quotidiens sont estimés à quelque 43 000 m3. 

D’où la décision du gouvernement d’élargir la distribution d’eau en bouteilles. Jusque-là, deux litres d’eau étaient distribués chaque jour aux 50 000 personnes considérées comme les plus vulnérables. La Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé l’extension de cette mesure « à un public plus large »  le 5 octobre.

Les écoles maternelles et primaires non raccordées au « chemin de l’eau », qui alimente en continu les centres de soins et la majorité des établissements scolaires, seront les premières servies par l’extension de la distribution. 

Le gouvernement ne s'est pour l'instant pas penché sur une dommage collatéral de cette situation : le traitement des bouteilles plastique vides, qui s'accumulent, très au-delà des capacités de traitement des déchets de l'île. 

Grands travaux

En déplacement depuis mercredi à Mayotte, Philippe Vigier est également venu constater la fin des travaux de captage réalisés sur la rivière de Soulou, au nord de l’île, qui n’alimentait pas encore le réseau de distribution d’eau. Cet investissement de 526 000 euros permettra d’ajouter 600 mètres cubes supplémentaires chaque jour.

« Nous avons fait un état des lieux précis de l’ensemble des travaux en cours, pour savoir si les forages étaient bien lancés, s’ils continuaient, la réponse est ‘’oui’’», a déclaré le ministre lors d’un point presse, ajoutant avoir observé l’état des fuites qui pénalisent la distribution d’eau et contre lesquelles des équipes sont mobilisées.

Il a précisé qu’à la fin du mois de novembre, « pratiquement 7 000 mètres cubes d’eau supplémentaires »  seront disponibles, dont 1 500 m3 grâce à la fin des travaux de l’usine de dessalement de l’archipel. « C’est une course de vitesse qui est engagée », a conclu le ministre en évoquant ces différents travaux et le projet d’une nouvelle usine de dessalement à Ironi Bé, prévue au mieux pour « mars-avril 2025 ».

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