Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 28 mai 2004
État civil

Mariage homosexuel : Noël Mamère affirme qu'il célèbrera comme prévu cette union

Le bras de fer entre le maire (Verts) de Bègles et la Chancellerie concernant le mariage de Stéphane et Bertrand s'est poursuivi jeudi avec l'annonce par Noël Mamère qu'il célèbrera comme prévu cette union, bien que le procureur de la République de Bordeaux lui ait signifié mercredi son opposition. "J'irai jusqu'au bout de ma démarche et je procèderai à ce mariage", a déclaré l'élu bèglais, vingt-quatre heures après avoir reçu un fax du procureur lui signifiant son opposition à cette union et lui "faisant interdiction" de la célébrer, "en (sa) qualité d'officier d'état civil". Pour M. Mamère, "ce n'est pas au ministère public mais aux juges du siège, au cours d'un débat contradictoire, de dire le droit". "Je souhaite un débat contradictoire, a ajouté M. Mamère, qui estime que l'opposition du parquet n'est pas conforme à la convention européenne qui dans ses articles 8 et 12, n'interdit pas ce type de mariage". Les "futurs époux", Bertrand Charpentier, 31 ans, magasinier, et Stéphane Chapin, 33 ans, aide-soignant à domicile, réfugiés dans la région de Marseille pour se mettre à l'abri de la pression, restent eux aussi, "a priori, déterminés", ont-ils déclaré jeudi dans un entretien à "La Provence". Les deux hommes, qui devraient être de retour à Bègles le 2 juin, avouent tout de même être "un peu stressés" par tout le battage médiatique autour de leur mariage, qui "ne sera pas un mariage d'opérette, a prévenu Noël Mamère, puisqu'il sera enregistré sur les registres d'état civil bèglais". Si la noce se déroule bien le 5 juin, le mariage - le premier, en France, entre deux homosexuels - devrait de toute façon être déclaré nul, a affirmé de son côté, jeudi, le ministre de la Justice. Dominique Perben a répété à plusieurs reprises que "le mariage concerne des personnes de sexe différent". En cas d'annulation par la justice, "on ira jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme", ont déjà prévenu M.M. Charpentier et Chapin . En tout état de cause, M. Perben a souligné qu'il n'envisageait pas de faire appel à la force publique pour s'opposer à la cérémonie. D'ores et déjà, Noël Mamère, qui a inscrit son initiative "dans son combat pour l'égalité des droits", a gagné une manche: aujourd'hui, le mariage gay est un véritable débat de société, qui provoque depuis quelques semaines réactions et commentaires de tout bord. "Ma démarche est une démarche politique, a-t-il dit jeudi. Nous avons franchi avec les Verts une première étape car la société débat de cette question de l'égalité des droits. Il faut maintenant franchir une seconde étape qui consiste à faire évoluer le droit". M.M. Charpentier et Chapin sont sur la même longueur d'ondes: "nous voulons absolument faire bouger les choses. Dans le pire des cas, on aura réussi à ouvrir le débat", ont-ils déclaré. Déjà, d'autres couples homosexuels suivent leur voie, comme celui des premiers "pacsés" de France qui ont annoncé leur mariage - qui resterait symbolique selon le maire - en juin à Marseillan, dans l'Hérault, et ces deux hommes qui devraient aussi s'unir le 24 juillet à Caudebec-lès-Elbeuf, près de Rouen. Le maire de la ville, qui "n'entend pas se mettre hors la loi", ne devrait célébrer qu'un mariage symbolique, "sans écharpe et sans registre".</sc

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