Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 1er janvier 1970
Logement

Mal-logement : la fondation Abbé-Pierre rappelle aux maires leurs responsabilités

Le 25e rapport annuel sur l'état du mal-logement de la Fondation Abbé-Pierre ne pouvait pas passer à côté des prochaines élections municipales. Rendu public ce matin, il comporte un chapitre sur le « mal-logement à l'épreuve des municipales ». « Depuis 30 ans, les politiques sont de plus en plus décentralisées au niveau des communes et des intercommunalités. Les élus ont donc un rôle majeur à jouer. Pas exclusif certes, mais ils ont des marges de manoeuvre que nous voulons leur rappeler dans la lutte contre le mal-logement », précise Manuel Domergue, responsable des études à la Fondation et animateur du comité de pilotage de ce rapport, dans une interview accordée à Maire info. Il rappelle aussi que « les formes de mal-logement sont présentes un peu partout ». 

Redonner les moyens
S’agissant des maires, le rapport cerne 15 axes majeurs d’intervention, tels que l’engagement des communes dans une démarche « logement d’abord », de « vrais logements »  pour les gens du voyage, la « transparence sur l'attribution de logements sociaux », le rattrapage du retard de quota SRU, la mobilisation du parc privé à vocation sociale, ou encore le repérage de la précarité énergétique et la mise en place d’actions de prévention…
S’il devait y avoir une mesure prise en urgence, elle serait en revanche nationale, et relèverait du gouvernement : à savoir qu’il revienne sur la réduction des APL : « ce sont 4 milliards d’euros par an qui ont été retirés au monde du logement. Il faudrait les rétablir car si on veut être plus exigeant envers les bailleurs, il faut que ces bailleurs puissent avoir les moyens de ces exigences », justifie Manuel Domergue.

Aggravation du mal-logement
Il reste difficile de mesurer l’évolution du mal-logement. Ou cela peut rendre l’exercice parfois contre productif car il n’existe pas de nouvelles statistiques sur le mal-logement depuis 2012. Il s’agissait alors d’une enquête de l’Insee sur les personnes sans domicile. La prochaine enquête sur le logement va être menée cette année. Les données ne seront pas disponibles avant deux à trois années. 
L’évaluation du mal-logement reste néanmoins un exercice important à faire chaque année. Car si les tendances « portent à l’optimisme »  avec « l’amélioration du parc de logement », ces tendances s’aggravent à en croire les indicateurs du mal-logement. Que ce soit sur les chiffres d’expulsions, d’impayés d’énergie, le nombre de demandes d’hébergement, etc. Pour les ménages à bas revenus, en précarité d’emploi, les nouveaux arrivants ou les personnes vivant dans des zones tendues sur le logement, « les difficultés restent fortes avec un taux d’effort élevé (pour la part des ressources affectée au logement) »,  indique Manuel Domergue. 

Inégalités sociales contre inégalités territoriales
Ces difficultés sont aussi les marqueurs d’inégalités sociales qui sont plus fortes que les inégalités territoriales, pointe Manuel Domergue : « On a beaucoup mis en avant les inégalités territoriales en opposant une France périphérique des perdants à une France gagnante et métropolitaine. Cela permet de passer sous silence ces inégalités. Or ces inégalités ne se superposent pas aux inégalités territoriales. Les inégalités les plus fortes restent celles de classe sociale entre les populations d’un même territoire ». Dans son rapport, la Fondation compare deux territoires comme Lille et Clermont-Ferrand. Où les inégalités sociales s’avèrent plus fortes au sein d'un territoire qu'entre ces deux territoires.

Débats à venir
Un premier débat autour de ce rapport est prévu demain, à la Grande arche de la Défense entre les candidats à la mairie de Paris. Dans les régions, la Fondation Abbé-Pierre s’en servira aussi pour débattre avec les élus, mais plus sûrement après les élections. Le crédo de la Fondation n’a pas changé, c’est l’intercommunalité qui devrait être renforcée. Elle regrette d’ailleurs que le mode de scrutin des municipales ne soit pas propice à des débats à cette échelle.  La « gouvernance locale (est) au milieu du gué »  est-il écrit dans le rapport. « Nous sommes pour concentrer un maximum de pouvoir au niveau local », explique Manuel Domergue.

E.S.

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