Lutte contre la violence entre bandes : le gouvernement débloque 2 millions d'euros pour étendre les horaires des structures périscolaires
Par Franck Lemarc
Depuis plusieurs mois, le phénomène des rixes – parfois mortelles – entre bandes est revenu à la une de l’actualité : tabassage à coups de battes de baseball du jeune Yuriy, 15 ans, dans le 15e arrondissement de Paris le 15 janvier dernier ; rixes dans l’Essonne, en février, à Saint-Chéron et Boussy-Saint-Antoine, qui ont coûté la vie à deux adolescentes de 14 ans ; la semaine dernière encore, un jeune homme de 14 ans a été poignardé à Toulouse, et dimanche soir, un adolescent de 16 ans a été rué, à Reims, lors d’une nouvelle rixe entre bandes.
Selon le gouvernement, les faits de bagarres entre bandes recensés ont augmenté de 25 % en un an (357 faits recensés en 2020). Les personnes impliquées sont de plus en plus jeunes (deux tiers des personnes interpellées sont mineures) et de plus en plus violentes, indique également la place Beauvau.
Accueil périscolaire et mesures de prévention
Annoncé depuis les deux meurtres qui ont eu lieu dans l’Essonne, le plan du gouvernement présenté hier par Gérald Darmanin va impliquer pas moins de onze ministères. Il vise à « prévenir l’apparition de regroupements violents, à renforcer le suivi et l’action policière face aux bandes et groupes se livrant à des actes de violence et, enfin, à améliorer les réponses judiciaires et pénales ».
Le plan mise d’abord sur la prévention et l’encadrement, avec « l’accélération des actions de sensibilisation et de formation au plus près des familles, notamment celles portant sur les risques de violence associés au numérique ».
Pour les communes, la mesure la plus importante semble être l’extension à 20 heures des horaires des structures périscolaires (ALSH ou accueil de loisirs sans hébergement). La plupart de ces centres ferment en effet leurs portes à 18 h ou 18 h 30, et le gouvernement espère que l’extension jusqu’à 20 h pourra permettre de mieux encadrer les jeunes et les empêcher de se retrouver dans les rues avant que les parents rentrent du travail. La mesure sera en particulier destinée aux territoires « marqués par des temps de trajet domicile-travail importants, notamment en grande couronne d’Île-de-France ». Pour financer ces heures supplémentaires, le gouvernement débloque 2 millions d’euros, ce qui selon ses calculs permettrait de financer quelque 580 000 nouvelles heures d’accueil (« 2 heures, 5 jours par semaine pendant les 36 semaines de cours » ). Mais seulement « 1 600 » enfants seraient concernés par la mesure, ce qui ouvre des questions : est-ce suffisant ? comment seront choisis les centres d’accueil qui bénéficieront de cette aide ?
Le ministre a également annoncé la création, à titre expérimental, de « lieux d’accueil parents enfants pour les familles avec enfants de 6 à 11 ans », sans donner plus de précisions. Jusqu’à présent, ces lieux d’accueil parents enfants (Laep) organisés par la Caf n’accueillent que les enfants de moins de 6 ans.
Prévention toujours : le plan prévoit des mesures de rapprochement des jeunes avec les forces de l’ordre (délégués à la cohésion police-population, par exemple) et la création de postes « d’intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie ». Trois cents éducateurs et médiateurs seront par ailleurs recrutés d’ici à « la mi-juillet », et trois cents autres d’ici octobre.
Information et sanction
Le plan gouvernemental mise également sur l’information en amont : « Mise en place de cellules d’échanges d’informations sur les mineurs en difficulté et boucles d’alerte rapide entre les partenaires engagés et les référents ‘’bandes’’ des différentes institutions » ; « renforcement de l’observation préventive », en association notamment avec les collectivités territoriales « au premier rang desquelles les maires » ; veille sur les réseaux sociaux et les messageries instantanées afin « d’exploiter les signaux précurseurs d’exactions ».
Enfin, le plan comporte un volet judiciaire visant à « permettre d’apporter une réponse pénale plus efficace et appropriée ». Les « groupes locaux de traitement de la délinquance » animés par les procureurs seront « renforcés », les moyens techniques seront « mobilisés » (vidéo-protection…). Une politique pénale « ciblée » sera adoptée, avec notamment le renforcement des interdictions de paraître « ou les interdictions de contact avec les victimes ou les co-auteurs ». Enfin, les mis en cause seront plus systématiquement contraints à suivre « un enseignement ou une formation » dans le cadre de leur contrôle judiciaire, ou encore des travaux d’intérêt général ou des travaux non rémunérés.
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