Maire-info
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Édition du mardi 10 décembre 2024
Logement

Logement : constructeurs, promoteurs et bailleurs sociaux réclament la reprise « urgente » de mesures faisant déjà consensus

Ils demandent notamment la baisse de la ponction sur les recettes des bailleurs HLM et l'élargissement du PTZ pour faire face à la crise du logement. Pour résoudre en partie le problème, un observatoire estime que la transformation des 2 millions de bureaux vides du pays permettrait de loger rapidement plus de 50 000 personnes.

Par A.W.

Alors que le ministre du Budget démissionnaire Laurent Saint-Martin a annoncé, hier, que le projet de loi spéciale (texte d’urgence qui permet à l’Etat de fonctionner en l'absence de budget et d'éviter un « shutdown » ) était « prêt », les constructeurs, promoteurs ou encore bailleurs sociaux ont réactivé, dès vendredi, leur « alliance pour le logement »  pour réclamer le maintien de certains acquis récents dans le prochain budget alors que le secteur est frappée par une crise profonde.

« La dynamique engagée ne peut être balayée » 

Enjoignant le futur gouvernement à continuer à « faire du logement une priorité », les membres de cette alliance - qui regroupe une dizaine d’acteurs* dont la Fédération française du bâtiment (FFB) et l’Union sociale pour l'habitat (USH) - demandent donc « la reprise, dans le futur projet de loi de finances pour 2025, des mesures prévues dans le texte avant le déploiement du “49.3” et qui ont fait l’objet de consensus transpartisan ». 

Des dispositions dont l’avenir reste encore incertain puisque le sort même du budget demeure flou, tous les juristes n’étant pas d’accord sur ce point. Certains estiment que la chute du gouvernement Barnier a de facto entraîné son rejet, quand d’autres assurent que le prochain exécutif pourra s’en saisir à nouveau et reprendre le travail parlementaire là où il s’était arrêté. 

« La dynamique engagée ne peut être balayée en quelques jours », prévient ainsi l’Alliance pour le logement en saluant au passage « l’action constructive de Valérie Létard », la ministre du Logement démissionnaire, et en rappelant « les conséquences dramatiques de l’effondrement de la production immobilière sur l’ensemble des territoires ».

D’autant que le secteur reste « stratégique »  pour la France, au regard de « son importance pour l’économie, l’emploi, la cohésion sociale et la transition écologique », insistent ses membres.

Quatre mesures transpartisanes

Tandis que le président de la République reçoit aujourd’hui les cadres des différentes forces politiques (hors RN et LFI) pour tenter de nommer un nouveau Premier ministre et former un gouvernement, l’Alliance pousse sur quatre mesures. 

Les acteurs du secteur du logement souhaitent, d’abord, « la restauration d’un PTZ (prêt à taux zéro) ouvert à tout le territoire et tous les types de logements pour les primo-accédants », le « maintien »  du budget dédié à MaPrimRénov’, ainsi que l’exonération temporaire des donations à hauteur de 100 000 euros minimum par donateur « en vue de la construction ou de l’acquisition d’une résidence principale dans le neuf ». 

Dernière mesure importante réclamée depuis plusieurs mois par les bailleurs sociaux : le « dégel »  de l’enveloppe d’aides à la rénovation énergétique du parc social et la baisse de la Réduction de loyer de solidarité (RLS), une ponction de 1,3 milliard d’euros sur les recettes des bailleurs HLM qui grève leur budget. 

Des mesures à « acter urgemment », estiment-ils. « Ces mesures indispensables vont dans le sens d'une relance de la production de logements sociaux, en location comme en accession sociale à la propriété, à l'heure où plus de 2,7 millions de familles sont en attente d’un logement social », a, pour sa part, rappelé l’USH dans un communiqué.

Rappelant que « le rôle des collectivités locales est essentiel (...) à un an (des) élections municipales », le Mouvement Hlm a appelé ces dernières à « rester à l'écoute des besoins des ménages aux revenus modestes et forces de propositions pour enrayer la crise du logement ».

Transformation de bureaux : loger 53 000 personnes en cinq ans

Pour enrayer cette crise, au moins partiellement, le Consortium des bureaux en France (CBF) estime qu’il y a dans le pays « un potentiel de 2 millions de mètres carrés d’immeubles transformables rapidement »  en logements. 

Des mètres carrés à l’état de « friche »  dont « le potentiel reste aujourd’hui inexploité et méconnu », affirme, dans un communiqué publié hier, cet observatoire créé par La place de l'immobilier, spécialiste des données immobilières, le promoteur Linkcity, filiale de Bouygues Construction, et la Foncière de transformation immobilière, filiale du groupe Action Logement. 

Selon ses calculs, l’observatoire estime que, parmi ces 2 millions de mètres carrés de friches d’immeubles de plus de 1 000 mètres carrés « entièrement vides depuis plus de deux ans et sans projet », 1,2 million de mètres carrés se situe en Île-de-France et 800 000 mètres carrés dans le reste du pays.

Des immeubles qui se situent, par exemple, entre Saint-Denis et Nanterre, où se trouve une partie du quartier d'affaires de la Défense, dans des arrondissements centraux de Paris (VIIIe et IXe notamment), ou encore dans le centre-ville de Lille.

En partant du principe que « les 25-44 ans disposent en moyenne de 38 mètres carrés par personne dans leur logement », le Consortium assure que ces friches pourraient loger « près de 53 000 habitants à horizon cinq ans s’ils étaient transformés en logements ». Et pourraient donc ainsi « contribuer à résoudre une partie de la crise du logement ».

Toutefois, il prévient que le delta des décotes par rapport au marché global reste « encore trop faible pour rendre possible économiquement des restructurations »  compte tenu de l’enveloppe nécessaire pour réaliser les travaux de transformation dans des secteurs comme ceux de Nanterre, Rueil-Malmaison, Saint Denis et Courbevoie.

Le Consortium des bureaux en France a également identifié 6,5 millions de mètres carrés d’immeubles de plus de 1 000 mètres carrés, localisés en centre urbain dense, détenus et occupés par une seule entreprise, qui pourraient être « rénover, réhabiliter voire transformer », à l’horizon 2030.


*la Fédération française du bâtiment, l’Union sociale pour l'habitat, la Fnaim, la Fédération des promoteurs immobiliers, Pôle Habitat FFB, Procivis, l’Unis, l’Union nationale notaires employeurs, l’UNSFA Architectes et l’Union nationale des économistes de la construction.
 

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