Hébergement d'urgence: six villes intentent des recours
Par AFP
« Dès demain, 10 octobre, journée internationale de la lutte contre le sans-abrisme, Strasbourg, Rennes, Bordeaux, Paris, Grenoble et Lyon seront les premières villes à déposer des recours pour que l’Etat assume enfin ses obligations en matière de prise en charge des personnes contraintes de dormir à la rue », annonçaient hier les maires de ces communes dans une tribune publiée dans le quotidien Libération.
Confrontés à un nombre de personnes à la rue qui « explose », ces élus affirment réagir en ouvrant des gymnases, des écoles ou des centres d’accueil tout en soulignant que «nos actions ne peuvent se substituer ni pallier un système national défaillant, irrespectueux des droits humains fondamentaux».
Ils souhaitent « trouver des solutions opérationnelles, efficaces, pérennes » et appellent l’Etat à « refonder le système d’hébergement d’urgence, avec les collectivités et les associations ».
« Il s’agit de recours gracieux devant nos préfectures », a expliqué à l’AFP la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian. « On demande le remboursement à nos préfectures respectives des dépenses mises en œuvre par nos collectivités pour pallier la carence de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence ».
« Défaillance de l'État »
A Strasbourg, cela atteint près de 900 000 euros, dont une partie correspond à la mise à disposition d’un gymnase pendant près de six mois, de fin septembre 2022 à fin mars 2023.
« Ces dépenses que nous devons engager alors que cela n’entre pas dans la compétence des collectivités, c’est le symbole de la défaillance de l’État », a souligné Jeanne Barseghian. Dans la capitale alsacienne, 85 % des appels passés au 115 dans l’espoir d’obtenir une place d’hébergement se soldent par des réponses négatives.
Afin de hiérarchiser les demandes, les services sociaux « en arrivent à des questions aberrantes sur l’état de vulnérabilité des personnes : combien d’enfants de moins de trois ans avez-vous ? Quel est le degré de gravité de votre maladie ? », s’indigne l’élue qui rappelle que le droit à la mise à l’abri est inconditionnel.
Cette tribune est «un plaidoyer à l’échelle nationale», explique-t-elle, afin que le gouvernement « mette vraiment les moyens et accepte de revoir ce système qui aujourd’hui fait honte au pays des droits de l’Homme ».
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