Crise du logement : au plus bas, le nombre de permis de construire continue sa chuteÂ
Par A.W.
La crise du logement et de l’immobilier est bien là. Et les derniers chiffres du logement neuf ne font que confirmer la détérioration de la conjoncture.
Selon les données provisoires du ministère de la Transition écologique publiées vendredi, les autorisations de logements ont encore diminué en janvier pour s’établir à 31 800 (- 1 % par rapport à décembre), tout comme les logements mis en chantier qui ont plafonné à 22 000, soit 3 000 de moins qu'en décembre (- 12 %). Le nombre de logements commencés en janvier 2024 serait ainsi « inférieur de 32 % à sa moyenne des douze mois précédant la crise sanitaire ».
Permis de construire en baisse de 23 %
Des chiffres qui ne font que confirmer l’inexorable chute du nombre de permis de construire avec 369 300 nouveaux logements autorisés sur un an, soit 113 000 de moins que lors des douze mois précédents (- 23,4 %) et près de 20 % de moins qu’au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (mars 2019 à février 2020). « Il s'agit du plus faible total depuis le début de la série en 2000 », reconnaît le ministère.
Le nombre estimé de logements commencés, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis, serait lui aussi « en repli » avec 291 100 mises en chantier sur la dernière année, ce qui représente une baisse de 24,6 % et 94 900 mises en chantier de moins que sur les 12 mois précédents (entre février 2022 et janvier 2023) et plus de 25 % de moins qu’au cours des 12 mois précédant la crise sanitaire. Résultat, « c'est également le plus faible cumul sur douze mois observé depuis 2000 », explique le ministère.
Si cette baisse des autorisations concerne tous les types d'habitat, les maisons individuelles sont particulièrement touchées puisque « l'individuel pur » a connu une chute de près d’un tiers (- 30,4 %), quand les logements « collectifs » ont diminué d’un peu plus de 20 %. Soit l’équivalent de 59 700 de moins par rapport aux douze mois précédents.
Toutes les régions sont concernées par la baisse du nombre de permis de construire : si la Provence-Alpes-Côte-d’Azur et le Centre-Val de Loire connaissent les plus grosses chutes (environ - 32 %), la Corse résiste (- 6,3 %). Pour ce qui est des logements commencés, ce sont La Réunion et la Guyane qui résistent le mieux (respectivement avec - 5,2 % et - 8,7 %) alors que le Centre-Val de Loire, la Normandie et les Pays-de-la-Loire sont les plus impactés (avec une baisse supérieure à 30 %).
Les bureaux fortement touchés
De la même manière, les autorisations de locaux non résidentiels enregistrées ont également chuté de 8 % en un an. A l’exception du secteur de l'industrie qui est en hausse (+ 3,3 %), tous les autres secteurs reculent, tels que les services publics ou d’intérêt collectif (- 5,9 %), le commerce (- 7,4 %) ou encore les bureaux (- 21,6 %). Si la Bourgogne-Franche-Comté (+ 10,7 %) est la région métropolitaine où les surfaces de locaux autorisés progressent le plus (la Martinique et Mayotte progressent de plus de 40 %), la Normandie (- 23,7 %) et la Corse (- 34,8 %) sont celles qui affichent les plus fortes baisses.
Ces statistiques reflètent la profonde crise qui frappe le secteur du logement et qui a été causée, notamment, par la « poursuite de la hausse rapide des taux d’intérêt » et le « resserrement des crédits à l’habitat » – mais aussi la flambée des coûts de construction – , comme l’expliquait début janvier le gouvernement, dans sa précédente note sur la situation de l’immobilier. Résultat, « dans le neuf, les mises en chantier comme la commercialisation des logements atteignent des niveaux historiquement bas. Dans l’ancien, la baisse du nombre de transactions se poursuit, et celle des prix se confirme ».
Premiers plans sociaux annoncés
L’exécutif constatait ainsi que « l’emploi poursui[vai]t sa diminution dans l’activité immobilière et le bâtiment », « les perspectives d’activité continu[a]nt de se dégrader dans le neuf, notamment dans la promotion immobilière ».
Sans surprise, les premiers plans de sauvegarde pour l'emploi (PSE) viennent donc d’être annoncés par des promoteurs immobiliers majeurs, comme Nexity (qui avait déjà procédé, l’an passé, à 179 ruptures conventionnelles et à 110 licenciements) et Vinci qui va débuter par un plan de départs volontaires.
Cela fait déjà plusieurs mois que la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) alertent sur le nombre important d’emplois, tous métiers compris, qui pourraient être détruits d'ici à 2025.
« Quand il n'y a pas de permis de construire, quand il n'y a pas d'investissement des ménages français sur la maison individuelle ou sur le logement collectif, il n'y a pas de travail. Donc, malheureusement, les entreprises vont mettre des genoux à terre, plusieurs dizaines de milliers », a une nouvelle fois mis en garde, il y a quelques jours, le président de la FFB, Olivier Salleron, assurant que « 300 000 salariés seront sur le carreau mi 2025 si rien n'est fait dans les semaines qui viennent ».
« Les tendances de 2023 se poursuivent, alors que cette année a été catastrophique, cataclysmique ! », s’est également inquiété Grégory Monod, président du Pôle Habitat FFB, en prévenant que « rien ne laisse entrevoir […] un rebond, puisque les autorisations en 2024 augurent une baisse des mises en chantier de 12,1 % en 2025 ». Et ce dernier d’ajouter : « Contrairement à 2017, où l’on demandait un choc de l’offre, nous demandons à présent un choc de la demande ».
Alors que l’exécutif a annoncé une modification du calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) pour les logements de petite taille dans le but d’en faire sortir 140 000 de la catégorie des passoires énergétiques (étiquettes F ou G), plusieurs initiatives visant à lutter contre la crise du logement ont également été examinés par les parlementaires.
En premier lieu, la proposition de loi transpartisane visant à « remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue » qui prévoit d’étendre les pouvoirs des maires en leur permettant d'abaisser à 90 jours par an la durée maximale d'une location saisonnière ou de créer des zones réservées aux résidences principales, mais aussi en supprimant la niche fiscale bénéficiant aux meublés de tourisme. Les sénateurs doivent désormais l’examiner.
Le projet de loi sur l'habitat dégradé doit, de son côté, permettre d'accélérer les procédures pour traiter les copropriétés dégradées et de donner de nouveaux outils aux maires.
Enfin, les députés MoDem doivent désormais examiner, en séance, à partir de demain, leur proposition de loi visant, cette fois, à « faciliter la transformation des bureaux en logements ».
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