Bâtiment : déjà 25 000 emplois détruits, selon la FFB qui conjure le « futur gouvernement » d'agir « vite »
Par A.W.
« Si aucune mesure puissante de relance sur le marché du neuf n’est prise d’ici la fin de l’année, le scénario catastrophe pour 2025 se confirmera. » C’est la mise en garde lancée, hier, par le patron de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, alors que la crise du logement et de la construction s’affirme chaque jour un peu plus.
Ce n’est pas la première alerte qu’il lance ces derniers mois, mais dans le contexte politique actuel, où le pays se cherche de manière chaotique une majorité à l’Assemblée, le président de la FFB a prévenu : « Quel que soit le futur gouvernement, il devra réagir et vite. Dès la rentrée. » Encore faut-il qu'il y en ait un d'ici là...
Les mises en chantier au plus bas
« Le logement neuf recule toujours… Les mises en chantier, les permis de construire et les ventes plongent encore », constate Olivier Salleron, confirmant les données provisoires publiées par le ministère de la Transition écologique il y a quelques jours, révélant notamment une chute vertigineuse du nombre de permis de construire, au plus bas depuis l’an 2000.
Avec une chute de près de 14 % et « seulement » 260 000 mises en chantier annoncés pour l’ensemble de l’année 2024, selon la FFB, le pays risque d’atteindre un « niveau plus faible que le point bas de la crise des années 1990 » et ses 270 000 logements.
« Et le mouvement va s’amplifier, puisque les permis abandonnent 10,7 % sur la même période, que les ventes de maisons individuelles en diffus s’effondrent de 29,9 % et que celles des promoteurs se replient de 11,4 % en glissement annuel sur le premier trimestre », détaille la FFB dans un communiqué publié hier.
Une situation qui n’est, en outre, pas compensée par la croissance de la rénovation énergétique (+1,7 %) puisque celle-ci a ralenti « en raison du crash de ma MaPrimerénov’ », déplore Olivier Salleron, qui critique le recentrage de la principale aide à la rénovation sur les rénovations lourdes. « Mal calibrée et trop brutale », la réforme a été, toutefois, rapidement revue par le gouvernement au cours du printemps afin de la reporter au 1er janvier 2025.
« Il faudra attendre le second semestre pour espérer un rebond, mais cela ne compensera sûrement pas le mauvais premier trimestre », prévient le président de la FFB.
L’emploi décroche
Or, « si le marché décroche, l’emploi décroche aussi », s’inquiète ce dernier, qui a recensé, « 25 000 postes détruits, sur le premier trimestre 2024 » par rapport au premier trimestre 2023 (- 1,8 %). Et « ce n’est qu’un début… »
Résultat, la FFB estime que le secteur « entre clairement dans la crise et risque de souffrir plus durement encore de toute forme d’attentisme », celle-ci réclamant que « des décisions soient prises urgemment pour éviter l’effondrement ». Car « en l’absence de reprise rapide des marchés, les défaillances repartiront très probablement à la hausse et le secteur n’aura plus les capacités de répondre à un stimulus ». Une situation qui pénaliserait, en outre, la croissance économique du pays.
« Si aucune mesure puissante de relance sur le marché du neuf n’est prise et que le dispositif MaPrimRénov’ n’est pas stabilisé d’ici la fin de l’année pour les deux prochaines années, le scénario catastrophe de la FFB pour 2025 se confirmera », s’alarme ainsi Olivier Salleron qui prédit « une baisse du volume d’activités de 10 % sur les deux dernières années, une perte de 150 000 emplois [dans le secteur] et même 300 000 emplois [induits] sur l’ensemble de la filière Alliance pour le logement », qui réunit dix organisations professionnelles majeures de l'immobilier et de la construction ( la FFB, Pôle Habitat FFB, l’USH, la Fnaim, la FPI…).
Des prévisions inquiétantes sur lesquelles tablaient déjà la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), en mai dernier, dont le président, Pascal Boulanger, n’envisageait pas de rebond « pour tout de suite ».
ZAN adapté, PTZ rétabli…
Le patron de la FFB demande donc « un pacte constructif d’urgence ». Pour cela, il a présenté dix mesures destinées à « la future majorité parlementaire » qu’il juge « essentielles » et réclamées par les artisans et les entrepreneurs du bâtiment.
Parmi ces propositions, on peut retenir la demande de rétablissement d’un « prêt à taux zéro (PTZ) universel », mais aussi d’un « dispositif de soutien à l’investissement locatif », « la stabilisation de MaPrimeRénov’ au-delà du 1er janvier 2025 », « l’adaptation de l’objectif ZAN aux réalités des territoires », ainsi que « l’arrêt de la surenchère réglementaire, avec notamment un décalage des étapes à venir de la RE2020 ».
En mai dernier, le gouvernement avait présenté un projet de loi controversé sur le logement – visant à débloquer le parcours résidentiel des Français – que le patron de la FPI avait jugé « vraiment pas du tout à la hauteur de l'enjeu et de la catastrophe ». Alors que ce dernier réclamait avant tout « une relance de la demande », le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, avait choisi de faire l’exact opposé... en axant sa stratégie sur un maître-mot : « De l'offre, de l'offre, de l'offre ».
Consulter la note de conjoncture de la FFB.
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