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Édition du vendredi 27 septembre 2024
Logement social

Contrainte par la « réalité budgétaire », Valérie Létard assure qu'elle va « se battre pour le logement »

La nouvelle ministre du Logement est repartie, hier, du congrès HLM sans avoir dévoilé ses priorités ni pris aucun engagement. Pour sa première sortie, elle a expliqué ne rien pouvoir dire « avant la déclaration de politique générale » de Michel Barnier, qui aura lieu mardi.

Par A.W. à Montpellier

« Je ne peux rien dire ni rien annoncer […] avant la déclaration de politique générale. »  Sa parole était très attendue, mais la nouvelle ministre du Logement et de la Rénovation urbaine, Valérie Létard, n’aura finalement rien dévoilé de sa feuille de route ni fait d’annonce concrète, lors de son premier discours, hier, en clôture du congrès HLM.

Accueillie très favorablement par les acteurs du logement dans les allées du parc des expositions de Montpellier dès mercredi, l’ancienne vice-présidente du Sénat a néanmoins envoyé quelques signaux et messages aux représentants d’un secteur qui subit une crise majeure.

 « Priorité nationale » 

« Cela fait des années que je me bats [sur cette question], et je vais continuer à le faire », a ainsi voulu rassurer celle qui a signé plusieurs rapports d'information sur la question et qui dit s’être déplacée au congrès HLM « pour montrer que ce sujet, on veut le prendre à bras-le-corps ». 

Alors que le Premier ministre a fait le choix de lui accorder un ministère de plein exercice – ce qui n'était plus arrivé depuis 2017 – Valérie Létard veut dorénavant que le logement soit « reconnu comme une priorité nationale ». Bien qu’elle assume son choix de « participer à un gouvernement qui a sûrement été composé dans les pires conditions ».

Si elle ne dévoilera sa « méthode »  qu’après le discours de politique générale de Michel Barnier, prévu mardi, elle a déjà garanti qu’elle « écouterait »  tout le monde pour trouver « des solutions »  et construirait sa politique avec les représentants du secteur, dans ce qu’elle perçoit comme « une aventure collective ». 

« Par le dialogue, la co-construction, avec les territoires, les corps intermédiaires, en bloc, nous pourrons construire une nouvelle façon de penser le logement pour demain », a-t-elle déclaré, avec l’objectif de « répondre à l'urgence et préparer l'avenir ».

Des marges de manoeuvre très étroites

Mais malgré une détermination affichée, les marges de manœuvre de la nouvelle ministre semblent particulièrement étroites au regard de la situation financière de la France. Cette problématique a, d’ailleurs, largement parsemé son discours d’une trentaine de minutes.

Insistant sur « la situation compliquée [d’un] pays fragile budgétairement », l’ancienne vice-présidente du Sénat a ainsi fait référence une demi-douzaine de fois à cette « réalité budgétaire », avec un projet de loi de finances pour 2025 qui « ne part pas dans de bonnes conditions ». 

C’est le cœur du problème qu’elle devra donc affronter dans les prochaines semaines, alors que Bercy vient d’annoncer qu’il se calerait sur les lettres-plafonds peu favorables échafaudées par l’ancien gouvernement. Le dégel des crédits d’aide à la rénovation – réclamé par le monde HLM – n’étant, par exemple, pas inscrit dans la feuille de route établie avant l’arrivée de Valérie Létard.

Si, dans ce « contexte budgétaire inédit », « les leviers ne sont pas nombreux, ils existent et ne sont pas que budgétaires et fiscaux », a-t-elle, toutefois, laissé entrevoir, citant notamment « le modèle du livret A », le « maquis normatif à simplifier »  ou encore « la densification et la surélévation ».

Quoi qu’il en soit, une fois ses « priorités »  identifiées, « il faudra faire des choix », a-t-elle prévenu, répétant qu’elle n’a « pas de baguette magique ».

« Chaque euro investi rapporte à l’État » 

« Si vous n’avez pas de baguette magique, vous avez sans doute un bâton de pèlerin, qui pourra vous amener à Bercy, à Matignon, à l’Élysée pour enfin faire entendre les réalités de ce pays », a, de son côté, fait valoir la présidente de l’Union sociale pour l'habitat (USH), Emmanuelle Cosse, avant d’insister sur le fait que les crédits accordés au secteur ne constituaient pas seulement un coût pour les finances publiques, mais bien un investissement qui rapportait également au pays.

« Pour relancer l’économie et améliorer les finances publiques, vous pouvez compter sur le logement [puisque] chaque euro investi dans notre secteur revient doublé dans le budget de l’État », a-t-elle ainsi martelé.

La nouvelle ministre « a eu des mots qu'on n'a pas entendus depuis longtemps, avec la relance par le logement en conclusion de son discours, c'est un point de départ extrêmement important », s’est cependant réjouie l’ancienne ministre du Logement de François Hollande.

Celle-ci a également rappelé ses principales demandes avec, en tête, la suppression de la réduction de loyer de solidarité (RLS), une ponction de 1,3 milliard d’euros chaque année sur les bailleurs sociaux, ainsi que le dégel des 1,2 milliard d'euros de crédits d’aide à la rénovation promis, il y a un an, par le précédent gouvernement lors du dernier congrès de l'USH.

Autres urgences, à ses yeux : « Baisser le taux du Livret A, sans atermoiements, dès la prochaine période de révision », et que soient signés les décrets sur la « seconde vie »  par « tous les ministères ».

Elle a, enfin, mis en garde la nouvelle ministre sur l'éventuelle tentation de se tourner vers la Participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC, ex-1% logement) : « La PEEC fait partie de notre modèle […] ce n’est pas une caisse dans laquelle on peut piocher sans vergogne ». 
 

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