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Édition du vendredi 5 septembre 2025
Logement

Logement étudiant : face à la pénurie, le gouvernement fixe des objectifs de production région par région

Pour lutter contre la précarité des jeunes, le gouvernement vient de fixer des « objectifs régionaux de production » de logements étudiants jusqu'en 2027. Dans le même temps, une enquête révèle que la quasi-totalité des tout petits logements ne respectent pas les plafonds d'encadrement des loyers dans les villes concernées.

Par A.W.

Face aux « importantes difficultés »  d'accès au logement des étudiants, François Bayrou vient de demander, dans une circulaire, aux préfets et aux recteurs académiques d’élaborer une feuille de route régionale – en leur fixant des objectifs chiffrés jusqu’en 2027 – afin de produire de nouvelles places de logement abordables destinées aux neuf millions de Français âgés 18 à 29 ans.

Alors que le sujet a été déclaré politique prioritaire du gouvernement, le Premier ministre rappelle, en effet, que « le parc social national dédié reste limité, avec 240 000 places, dont 175 000 gérées par les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) », et que « cette pénurie contribue à la précarité étudiante », dont la population continue pourtant de progresser.

45 000 logements d'ici 2027

Dans ce cadre, il souhaite la création de 30 000 nouvelles places en logements étudiants à vocation sociale (LLS) et 15 000 logements locatifs intermédiaires (LLI) d’ici 2027. Pour y parvenir, il demande donc aux préfets et aux recteurs d'élaborer un plan régional « d'ici le 30 septembre 2025 »  qui devra permettre d'atteindre les « objectifs régionaux de production »  qui leur sont assignés par la circulaire. En tout, il a donc été fixé l’objectif de 10 000 LLS par an à l'ensemble des régions d'ici à 2027 et 5 000 LLI par an pour la moitié d’entre elles.

Le Premier ministre enjoint ainsi les préfets et les recteurs à procéder à « une revue exhaustive des nouvelles opportunités foncières sur les secteurs les plus prioritaires en besoins de logements étudiants en lien notamment avec les établissements d'aménagement, les universités, les Crous, les bailleurs et les collectivités locales ».

Ils devront, ensuite, « faire rapidement connaître au niveau national, régional et local, la possibilité de montage d'opérations en LLI sous forme de résidences services destinées à des étudiants ou des jeunes actifs ». Et cela en « encourageant les acteurs à le développer, y compris dans le cadre de reconversion de projets immobiliers dont les conditions de sortie ne seraient pas réunies avec d'autres montages de programmation ».

Enfin, les « opérations innovantes »  devront être « favorisées »  en mobilisant « tous les leviers » : « transformation de locaux administratifs et bureaux, recours à la construction hors site, densification de fonciers, surélévation, construction de résidences réversibles ou la création de structures de portage du type foncière, le cas échéant, en partenariat avec les collectivités locales ».

En parallèle, préfets et recteurs devront mettre en place un comité de pilotage réunissant « au moins deux fois par an »  les principaux acteurs concernés, tels que les établissements publics d'enseignement supérieur, Crous ou encore bailleurs et collectivités. Côté financement, ils pourront s’appuyer sur l’enveloppe de 5 milliards d'euros du programme Agile qui doit permettre de « soutenir la construction, la transformation et la réhabilitation lourde de 75 000 logements étudiants d'ici 2030 ».

Des loyers étudiants qui continuent d’augmenter 

Dans son nouveau baromètre sur le coût de la rentrée universitaire (en hausse de 2 % cette année, à 3 227 euros), la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) vient d’alerter, une nouvelle fois, sur la précarisation toujours plus grande des étudiants et rappelle que le logement reste le premier poste de dépense dans leur budget « en particulier dans les grandes villes universitaires, où les loyers atteignent des niveaux souvent inabordables ».

Une « charge mentale et financière non négligeable »  en hausse de 3 % cette année qui porte les loyers à 581 euros par mois en moyenne, et à 691 euros en Île-de-France.

Selon le premier syndicat étudiant, ce poste représente la moitié du budget mensuel que consacrent les étudiants à leurs dépenses courantes, ces derniers devant « sacrifier d’autres postes essentiels », comme l’alimentation ou les soins, qui deviennent ainsi « des variables d’ajustement budgétaire ».

Faisant écho au constat du Premier ministre, la Fage déplore une « offre publique insuffisante »  et souligne que « le parc locatif du Crous ne propose qu’un logement pour 17 étudiants, ce qui représente un pour quatre étudiants boursiers seulement ». Les étudiants se retrouvent donc « en majorité contraints de se tourner vers le parc privé où les prix sont en moyenne deux fois plus élevés ». 

Dans ce contexte, il a demandé « le gel des loyers et charges locatives des logements Crous et un investissement du gouvernement »  dans ce parc locatif, mais aussi « la construction massive de logements étudiants et la cession gratuite, ou à prix fortement décoté, du foncier public pour des projets de production de logements Crous ou résidences conventionnées ». Il réclame également « le maintien de l’universalisation des APL et la revalorisation de leur montant »  ainsi que « l’accès à la garantie Visale à l’ensemble des étudiants ».

Encadrement des loyers : les tout petits logements hors des clous

Autre demande, « la pérennisation »  à l’échelle nationale de l’expérimentation de l’encadrement des loyers en « un réel dispositif »  (appliqué dans près de 70 communes volontaires, ce dispositif doit prendre fin en novembre 2026), le syndicat jugeant également « nécessaire »  de « renforcer les contrôles dans les villes qui l’ont appliqué »  et de l’étendre à « l’ensemble des villes en zones tendues ». 

Une pérennisation sollicitée aussi par la Fondation pour le logement des défavorisés, ex-Fondation Abbé-Pierre, qui vient de révéler, dans son dernier baromètre publié hier, que près d'une annonce sur trois dépasse encore les plafonds autorisés dans les communes qui appliquent l'encadrement des loyers.

Plus de 90 % des logements de 10 m² et moins sont hors des clous tout comme 39 % des studios, ce qui pénalise principalement « les jeunes, les étudiants, les célibataires et les ménages modestes ». Et si les meublés s'avèrent aussi moins respectueux de la réglementation, la « Palme d’or du culot »  revient aux « propriétaires des pires passoires énergétiques »  – celles classées G – qui sont ceux qui pratiquent le plus souvent des dépassements (38 %) alors que tout complément de loyer leur est pourtant interdit, dénonce la fondation. 

Globalement, le dépassement moyen est de 237 euros par mois dans la capitale contre 192 euros en moyenne en France.

Dans l'ensemble des villes analysées, 32 % des annonces sur les 20 000 recensées entre août 2024 et août 2025 dépassent les plafonds de loyer fixés ville par ville, un chiffre en hausse de 4 points sur un an. Si à Montpellier le taux de non-conformité plafonne à 12 %, il atteint les 31 % à Lille, 38 % au Pays basque, 45 % à Grenoble et jusqu’à 59 % à Plaine Commune, structure qui regroupe des communes de la banlieue nord de Paris. Dans la capitale, ce sont 31 % des logements proposés à la location qui dépassent toujours les plafonds. 

« L’heure est donc désormais au renforcement du contrôle du respect de cette loi utile mais trop longtemps négligée par l’État », estime la fondation qui appelle également ce dernier à l'ouvrir à l'ensemble des villes volontaires et à augmenter le montant des amendes en les reversant aux collectivités.

Consulter la circulaire.

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