Édition du mardi 23 avril 2002
Les maires de grandes villes estiment que l'abstention dans les zones urbaines renforce la nécessité d'une politique de la ville qui « sache réconcilier concrètement une part de ses habitants avec la citoyenneté et la République »
Les données du scrutin de dimanche montrent que le taux moyen d'abstention est de 31,48% dans les grandes villes, contre 27,63% sur la France entière - qui est déjà un record absolu -, soit 3,85 points de plus dans les métropoles, relève « Grandes Villes Hebdo » dans son édition de ce matin.
Selon la publication éditée par les maires de grandes villes, seules 6 grandes villes sur 46 affichent un taux dabstention inférieur au taux national de 27,63%. Dans les 40 autres, les taux d'abstention sont au dessus, 21 d'entre elles dépassant les 30% et 3 dépassant les 40%.
Le phénomène de labstention, estiment les maires de grandes villes, est « nettement plus urbain que rural. Montrant par là la nécessité criante dune politique de la ville qui sache réconcilier concrètement une part de ses habitants hélas ! toujours plus large avec la citoyenneté et la République ».
Ils relèvent quau fil des décennies les Français boudent de plus en plus les urnes et que le phénomène touche désormais également lélection présidentielle, jusquici relativement épargnée, même sil sagit de celle qui continue à mieux résister (32% par exemple pour le premier tour des législatives de 1997, 33% pour celui des municipales de 2001).
Les commentateurs avancent une explication conjoncturelle pour ces chiffres : le scrutin se déroulait au milieu des congés scolaires de la zone C (académies de Paris, Créteil, Versailles et Bordeaux) et le dernier jour de la zone A (Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Nantes, Rennes, Toulouse).
Il faut cependant noter que ce n'est pas la seule explication : les taux dabstention enregistrés dans ces grandes villes au centre de ces académies ne recouvrent en effet pas forcément la carte des villes les plus « abstentionnistes ».
Dautres explications plus politiques peuvent ainsi retenir lattention. Labstention traduit aussi le mécontentement dun nombre croissant de Français par rapport au système politique et à la campagne électorale qui leur était proposée.
Six Français sur dix (60%) indiquaient ainsi que la campagne pour lélection présidentielle ne leur donnait pas envie de voter, tandis que seulement 39% pensaient linverse (1% sans opinion), selon un sondage Sofres pour le Cidem, publié le 18 avril.
«De plus en plus, le citadin séloigne du politique. Labstention, déjà importante, progresse dune élection à lautre », notaient les élus urbains dans leur récente «Charte de l'urbain». Ils poursuivaient : «Traditionnellement très élevée lors des élections cantonales qui, dans les villes, nont plus de lisibilité, elle tend même à saccentuer à loccasion des élections municipales. Et donc, désormais, dans une élection majeure comme le scrutin présidentiel », note lhebdomadaire.
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