Les fédérations de commerçants demandent une réouverture le 27 novembre, Olivier Véran pour l'instant inflexible
« Ouvrir ou nous faire mourir, nous vous demandons, monsieur le Président, de choisir ! » : l’association de fédérations de commerçants Conseil du Commerce de France (CDCF) a demandé à rouvrir dès le 27 novembre, dans une lettre à Emmanuel Macron. Une demande que le ministre de la Santé juge, ce matin, prématurée.
« Ce n’est pas une complainte de plus, ni une démarche à vocation institutionnelle, qui motivent aujourd’hui ce courrier », écrit le président du CDCF William Koeberlé, dans ce courrier dont l’AFP a eu copie. « C’est, ni plus, ni moins, la mort proche, certaine, de centaines de nos commerçants et de certaines filières, impactés de plein fouet par l’arrêt de leurs activités. (…) Nous avons besoin d’ouvrir pour commercer. Nous avons aussi besoin de visibilité pour nous organiser. Nous vous demandons une réouverture pour tous, dès le 27 novembre », écrit-il encore. « Autoriser les Français à disposer d’un week-end de plus pour réaliser leurs achats de Noël permettra de diluer les flux à l’approche des fêtes de fin d’année et de sauver une partie de l’activité commerciale. »
Parmi les adhérents du Conseil du Commerce de France, se trouvent le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant (FCJPE), des détaillants en chaussures (FDCF), des enseignes de l’habillement (FEH), du e-commerce et vente à distance (FEVAD) ou encore des magasins de bricolage et de l’aménagement de la maison (FMB).
« Sans une réouverture des commerces c’est la mort certaine de nos commerçants », écrit encore William Koeberlé. « Ils ont des stocks considérables pour répondre aux besoins des consommateurs en cette période de Noël et sans chiffre d’affaires, ils ne pourront pas les payer. Mis en péril, ils devront fermer leurs boutiques et licencier leur personnel. »
Les appels se sont multipliés ces derniers jours pour une réouverture des commerces dits « non-essentiels » dès le 27 novembre, date du « Black Friday », parfois l’un des moments les plus importants de l’année pour les commerces physiques, « comme un samedi d’avant Noël », expliquait lundi soir à l’AFP le délégué général de la FCD Jacques Creyssel.
Des députés de la majorité soutiennent la réouverture
Cette demande en forme de supplication est relayée par de nombreux politiques et de nombreux maires. La semaine dernière, Philippe Juvin, à la fois maire de la Garenne-Colombes et chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, proposait de s’appuyer sur les données scientifiques les plus récentes pour permettre la réouverture de certains commerces « là où c’est possible » : des études américaines, notamment, appuyées sur l’analyse des données des opérateurs téléphoniques, permettent de mesurer le risque d’infection selon le type de commerce. Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, dénonce sur twitter « l’entêtement bureaucratique » du gouvernement qui risque selon lui de provoquer « la faillite des commerces de proximité » et « un tsunami économique et social ». Mais c’est au sein même de la majorité que des voix se font entendre dans ce sens : on sait que le ministre de l’Économie lui-même, Bruno Le Maire, bataille depuis plusieurs semaines pour une réouverture rapide des commerces de proximité. Ce matin, ce sont 47 députés du groupe La République en marche qui ont, dans une lettre ouverte, demandé à leur tour la réouverture des commerces dits non essentiels le 27 novembre et celle des bars et restaurants « le 18 décembre », disant relayer « le désarroi des commerçants sur (leurs) circonscriptions ».
Olivier Véran : « surtout ne pas arrêter » les efforts
Des décisions devraient être annoncées la semaine prochaine par le gouvernement, a indiqué ce matin son porte-parole Gabriel Attal, mais il est clair en tout cas que le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’est pour sa part pas favorable à une réouverture avant la fin novembre. Interrogé ce matin sur BMFTV, le ministre ne voit pas les conditions réunies pour cela. S’il admet que la France « a commencé la décroissance de l’épidémie », il rappelle que « cela ne veut pas dire que nous avons vaincu le virus ou que l'épidémie serait terminée.» « C’est en train d’aller mieux, vos efforts sont en train de payer, il ne faut surtout pas les arrêter », a martelé Olivier Véran. Il a ensuite ajouté n’avoir « pas d’éléments qui permettent de penser que nous pourrions ouvrir (les commerces) le 27 novembre ». « Je souhaite que les commerces puissent rouvrir le plus tôt possible (...) dans des conditions sanitaires qui permettent d'assurer la sécurité des Français (...) au moment où nous aurons déjà suffisamment fait baisser la pression épidémique pour être sûrs que nous ne serions pas obligés de les refermer en catastrophe », a conclu le ministre de la Santé.
F.L.(avec AFP)
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