Les entreprises durement frappées par la crise énergétique
Par Franck Lemarc
L’enquête diligentée par la CCI, qui s’appuie sur plus de 1600 réponses, ne concerne que les entreprises franciliennes, mais ses résultats sont certainement assez facilement transposables dans les autres régions. Les entreprises, face à l’explosion des prix de l’énergie, font face à des difficultés majeures, et certaines craignent de ne pas pouvoir faire face dans les mois qui viennent.
Hausses parfois supérieures à 100 %
Cette enquête a été réalisée début novembre, et ne prend donc pas en compte les annonces sur l’amortisseur électricité qui va bénéficier, à partir de janvier, aux petites et moyennes entreprises.
L’enquête s’est adressée aux entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles : services, commerce, construction et industrie. L’écrasante majorité des établissements qui ont répondu (78 %) comptent moins de dix salariés.
Ce sont les secteurs de la construction et de l’industrie qui sont les plus touchés par la hausse des prix de l’énergie, avec respectivement 76 % et 70 % des répondants qui estiment que ces hausses ont un impact « important ou très important » sur leur activité. Mais même dans le commerce, ce chiffre est de 50 %. Plus les établissements sont grands, plus l’impact est fort : 68 % des établissements comptant plus de 50 % salariés notent un impact de la hausse des prix de l’énergie sur leur activité, contre 47 % de ceux qui ne comptent aucun salarié.
L’enquête permet également de mesurer la portée de ces hausses : pour presque 30 % des établissements industriels, la hausse des prix de l’énergie a été supérieure à 100 % ! Dans la construction et les services, elle tourne autour de 50 %.
Résultat, la rentabilité de certaines entreprises s’effondre : l’impact sur la rentabilité est jugé « important ou très important » dans 95 % des entreprises du commerce, 90 % des entreprises industrielles, 87 % des entreprises de services.
Hausse des prix de vente
Ces difficultés font craindre aux entrepreneurs que la « survie » de leur société soit menacée. Dans le commerce, ce sont 90 % des répondants qui estiment que leur entreprise est en danger immédiatement, à court ou à moyen terme. Ils sont 74 % dans l’industrie à penser de même et 73 % dans les services.
La moitié des entreprises a déjà mis en œuvre des « mesures » pour faire face à cette situation (73 % dans l’industrie). Ces mesures vont à leur tour alimenter l’inflation, puisque la « hausse des prix de vente » est la mesure la plus souvent citée : elle est utilisée par 70 % des industriels, 53 % des entreprises de commerce. En deuxième place viennent les « plans de sobriété », mis en place dans 40 à 50 % des cas selon les secteurs.
Tout aussi inquiétant est le recours au « report à une date ultérieure des investissements prévus », qui auront là encore des retombées sur d’autres secteurs économiques : cette solution est par exemple choisie par plus de 50 % des entreprises du secteur de la construction.
Pour l’instant, « l’arrêt temporaire de la production » reste très minoritaire. Il dépasse tout de même les 10 % des entreprises dans le secteur de la construction.
Délocalisations à craindre
Au moment où l’enquête a été réalisée, 59 % des répondants jugeaient que les aides mises en place par l’État étaient « insuffisantes ». Avec de nombreuses critiques : « Trop de contraintes en termes d’éligibilité, un niveau insuffisant des aides, des mesures à court terme… ».
Environ les deux tiers des répondants n’avaient d’ailleurs, au moment de l’enquête, reçu aucune aide (le chiffre atteignant 72 % dans le secteur des services).
Les entreprises ont été interrogées sur les dispositifs qu’elles souhaiteraient voir mis en place : la première est le blocage des prix de l’énergie. Il sera bien sûr intéressant de voir les effets de l’amortisseur électricité, quand il entrera en vigueur, dans un mois.
Enfin, on peut retenir que 42 % des entreprises répondantes envisagent « des modifications stratégiques à moyen terme pour permettre leur survie en raison des enjeux énergétiques » (55 % dans l’industrie).
La principale idée retenue, en la matière, est le « changement de source d’énergie » (sans plus de précision). Plus de 50 % des entreprises industrielles l’envisagent. Un chiffre très inquiétant ressort de cette enquête : presque 20 % des entreprises interrogées envisagent, pour faire face à cette crise, une « délocalisation ».
Mais d’autres solutions envisagées par les chefs d’entreprise ne sont guère plus réjouissantes : l’augmentation des prix ou encore la baisse des effectifs salariés.
Un dernier chiffre résume à lui seul l’état d’esprit des chefs d’entreprise face à la crise énergétique : dans l’industrie, 1 % des chefs d’entreprises se disent « très sereins » sur les perspectives d’activité à 6 mois.
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