Les émissions de gaz à effet de serre en baisse notable dans le pays, en 2023
Par Franck Lemarc
Le Citepa, un centre d’experts indépendants qui « produit des données de référence sur le climat et la pollution atmosphérique », vient de publier son rapport sur l’année 2023.
Il apparaît que la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, engagée de façon assez marquée depuis 2017, se poursuit. Alors qu’en 2017, la France produisait environ 450 millions de tonnes de GES, ce chiffre est tombé en 2023 à 373 millions de tonnes (Mt), c’est-à-dire moins que les 389 Mt émis pendant la meilleure des dernières années, 2020, marquée par le confinement.
Entre 2022 et 2023, ce chiffre est en baisse de 5,8 %. Et selon les premières estimations du Citepa, la baisse serait encore de 5,3 % entre le premier semestre 2024 et celui de 2023.
Énergie
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a relayé ces chiffres hier en s’en félicitant, y voyant le résultat « de l’action du gouvernement ». « C’est une victoire collective », a twitté le ministre, qui se réjouit que cette baisse touche « tous les secteurs, transport, industrie, bâtiments... ».
En effet, le rapport du Citepa montre qu’en 2023, « tous les grands secteurs ont participé à la baisse » : - 7,7 Mt pour l’industrie de l’énergie, - 6,1 Mt pour l’industrie manufacturière, - 4,4 Mt pour les transports, - 3,4 Mt pour les bâtiments et -1,2 Mt pour l’agriculture.
Le Citepa explique la baisse des émissions dans le secteur de l’énergie par un double facteur : la hausse de la production d’électricité bas-carbone (nucléaire et renouvelables) et « la poursuite de la baisse de la consommation d’électricité » . Les centrales nucléaires indisponibles en 2022 ont repris du service, la production des éoliennes et des installations photovoltaïques a augmenté, ce qui a permis un bien moindre recours aux centrales thermiques (gaz et charbon) particulièrement émettrices de GES.
Dans le bâtiment, la baisse des émissions est liée à de multiples facteurs, explique le Citepa. D’abord, l’appel à la sobriété énergétique lancé en 2022 a porté ses fruits, sans que l’on puisse toutefois distinguer ce qui relève d’une volonté consciente de sobriété et d’une obligation due à l’explosion des factures énergétiques. Par ailleurs, la poursuite de la rénovation thermique des bâtiments commence à produire des effets. Enfin, il y a le facteur plus contingent, qui a semble-t-il beaucoup pesé sur ces chiffres : la météo. La grande douceur des mois de janvier et décembre 2023 ont mécaniquement mené à de moindres émissions – et la tendance est la même pour le début de l’année 2024.
Transports
On constate aussi une réelle avancée sur le terrain des transports. Le transport routier, qui reste le premier émetteur de GES en France (un tiers des émissions totales), a vu ses émissions baisser de 3,4 % entre 2022 et 2023. En cause : le développement des véhicules électriques et de la mobilité durable ; mais sans doute aussi, note le Citepa, la hausse des prix du carburant qui pousse à « limiter les déplacements non contraints ».
Dans l’aérien, la baisse des émissions, pour les vols intérieurs, est de 3,4 %. Le Citepa y voit les effets du décret du mai 2023 qui a supprimé les vols de courte durée lorsqu’une alternative ferroviaire directe existe. Ce qui suscite certains doutes, dans la mesure où, comme l’expliquait Maire info le 23 mai 2023, ce décret n’a conduit à quasiment aucune suppression de ligne. Il est possible qu’en revanche, les comportements changent, et qu’un nombre croissant de voyageurs cherchent, d’eux-mêmes, à privilégier le train.
Industrie
Dans l’industrie, une baisse marquée des émissions (- 8,7 %) est constatée. Il semble hélas que ce soit, toutefois, essentiellement dû à des facteurs conjoncturels liés à la crise économique, notamment dans le secteur du bâtiment : ces baisses sont en grande partie dues à la baisse importante de la production de ciment et d’acier. Les contraintes d’approvisionnement liées à la crise ukrainienne sont aussi probablement en cause.
Enfin, l’agriculture connaît également un recul de ses émissions, bien que moins marqué (- 1,6 %). Cette baisse est due à un moindre usage des engrais et à une diminution du cheptel bovin.
En conclusion de cette étude, le Citepa note que ces baisses inscrivent le pays dans une trajectoire plutôt conforme à la stratégie bas-carbone. « Le rythme actuel de réduction des émissions doit se maintenir dans les prochaines années pour atteindre les objectifs à horizon 2030, puis s’amplifier pour se placer sur une trajectoire compatible avec l’objectif de neutralité carbone en 2050 », notent les experts.
Il reste à savoir, ce que seul l’avenir dira, la part des facteurs conjoncturels dans ces chiffres – part qui ne semble pas résiduelle –, avant de pouvoir conclure à une trajectoire durable de baisse des émissions de GES en France.
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