Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 février 2016
Littoral

Les CRS présents moins longtemps cet été sur les plages

Cet été, les maîtres-nageurs sauveteurs des CRS ne devraient surveiller les plages françaises que du 20 juillet au 22 août. Explications avancées par le gouvernement : la tenue de l’Euro 2016 et l’état d’urgence ne permettent pas d’affecter des effectifs à la surveillance des plages dès le début de la saison estivale. L’annonce de cette présence réduite à un mois a fait réagir l’Association nationale des élus des territoires touristiques (ANETT) qui a « appelé le ministre de l’Intérieur », dans un communiqué publié le 2 février, « à réexaminer l’organisation du dispositif de sécurité sur les plages par les CRS pour la saison estivale 2016 ».
« On a vraiment le sentiment qu’avec l’Euro 2016 et l’état d’urgence, l’occasion est belle pour le gouvernement de supprimer définitivement cette spécialité des CRS, déclare à Maire info Olivier Paz, le maire de Merville-Franceville et administrateur de l’ANETT. En vingt ans, nous sommes passés de 1 000 à 450 CRS ». Pour l’association, cette présence des CRS sur les plages est « essentielle car ils n’interviennent pas seulement en qualité de maîtres-nageurs sauveteurs mais assurent également une présence policière qui garantit la sécurité aux usagers sur la plage ».
« La surveillance de la baignade relève de la compétence du maire mais il y a besoin d’une autorité policière sur les plages, dont certaines connaissent une affluence considérable. C’est un peu quelquefois comme une ville qui se déplace », complète Jean-François Rapin, sénateur du Pas-de-Calais et président de l’Association nationale des élus du littoral (ANEL). « On sent depuis longtemps la volonté de l’Etat de se désengager du dispositif, poursuit-il. Mais il faut qu’il l’annonce clairement et que le dispositif de sortie soit convenu avec les collectivités locales et qu’il fasse au moins l’objet d’un moratoire de deux ans ». La décision du gouvernement d’augmenter la participation financière des communes à la présence des CRS sur leurs plages passe aussi difficilement aux yeux des élus. Il s’agirait désormais, en plus de la prise en charge de l’hébergement, de rembourser à l’Etat les salaires. « Ce n’est pas admissible. Cela va générer des inégalités entre communes, les riches qui pourront payer et les plus pauvres qui n’en auront pas les moyens », dénonce le président de l’ANEL.
L'installation des premiers CRS maîtres-nageurs sauveteurs sur les plages remonte à 1955. Ils ont été jusqu'à 1 200 à remplir ce devoir de surveillance et de police de juin à septembre. Depuis, ce chiffre est passé à 650 en 2007 puis n'a cessé de diminuer pour s’établir à 450 l’an dernier. Le calendrier a aussi été resserré pour tenir entre le premier week-end de juillet et le dernier week-end d’août.
Le fait que leur présence soit réduite à un mois l’été prochain pourrait, de plus, contraindre certains maires à s’en passer totalement, comme l’explique Olivier Paz : « Pour l’instant, je n’arrive pas à trouver des civils qui seraient intéressés pour travailler uniquement du 1er au 20 juillet. Ils veulent pouvoir assurer toute la saison. Dans ces conditions, je vais peut-être être conduit à me passer de la présence des CRS ». Au nombre de sept, les CRS maîtres-nageurs sauveteurs présents l’été sur la plage de Merville-Franceville, dans le Calvados, sont passés à quatre, il y a trois ans.
« Nous allons être obligés de prendre des mesures pour réduire les horaires de surveillance. Cela pose un problème », déclare pour sa part le maire de Messange dans les Landes, Hervé Bouyrie. Mais pour l’élu, également co-président du groupe de travail littoral de l’AMF, l’argument avancé par le gouvernement est « acceptable », mais « pour cette année »  seulement. « Nous avons travaillé à la fin de l’année dernière avec les services du ministère de l’Intérieur pour essayer de trouver un solution logistique au déploiement des effectifs sur les plages mais nous sommes arrivés à une impasse », explique Hervé Bouyrie.
C.N.

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