Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 21 novembre 2017
Outre-mer

Les collectivités ultra-marines ont besoin qu'on leur redonne du souffle

Maire-Info
© A.Faidy
Le 100e Congrès des maires a démarré, hier, par la Journée des élus d’outre-mer. François Baroin, président de l’Association des maires de France a donné le ton en rappelant, en préambule de cette journée, l’effort supplémentaire de réduction de 13 milliards d’euros des dépenses de fonctionnement qui est demandé aux collectivités locales sur cinq ans. « Nous ne pouvons pas accepter cette situation qui met en péril nos services publics et nos capacités d’engagements. Pas plus que nous ne pouvons accepter sans réagir la suppression de la taxe d’habitation », a-t-il prévenu.
Au cours de la matinée, les présidents des associations départementales et les nombreux élus ultra-marins ont rappelé, de nouveau, les difficultés que connaissent leurs territoires : taux de chômage très élevé, pressions migratoires extrêmes (en Guyane, à Mayotte…), insécurité, déserts médicaux, retards accumulés en matière d’équipements entraînant des situations insupportables pour les populations (coupures d’eau, crise du logement, écoles en fonctionnement dédoublé pour accueillir le trop plein d’enfants à Mayotte, etc.). Ils ont mis en avant également les conséquences du changement climatique : la montée des eaux menace directement une partie des îles de la Polynésie française, les phénomènes dévastateurs, comme les ouragans Irma et Maria cette année, sont de plus en plus fréquents et violents.
Les maires ultra-marins ont un sentiment de relégation. Alors qu’ils ne cessent d’alerter sur le fait qu’ils ont du mal à subvenir à leurs besoins vitaux, ils constatent en même temps une inéquité entre leurs communes et celles de l’hexagone. « La DGF par habitant est, dans certains territoires ultra-marins, trois fois inférieure à celle de communes de métropole », a relevé Stéphane Fouassin, président de l’Association des maires de La Réunion. Pas question, pour autant, de baisser les bras. En particulier sur les contrats aidés, sur lesquels les élus dénoncent unanimement le désengagement de l’Etat. « Dans des territoires comme la Guadeloupe, où il y a 24 % de chômeurs, ces contrats jouent un rôle prépondérant pour le retour à l’emploi de certaines populations et le maintien des services publics », a fulminé Jean-Claude Pioche, président de l’Association des maires de Guadeloupe, maire de La Désirade. « Si le maintien des contrats aidés n’est pas assuré, le gouvernement va rallumer les braises de la situation que les Antilles ont connue en 2009 », a alerté Maurice Bonté, président de l’Association des maires de la Martinique. Il n’est pas le seul a évoquer un risque d’explosion. Amer, David Riché, le président de l’Association des maires de Guyane, a estimé que « depuis de Gaulle, en passant par Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande : les promesses faites à la Guyane n’ont jamais été tenues. Maintenant, Emmanuel Macron nous dit qu’il n’est pas le père Noël. Les populations sont à bout. » 
Annick Girardin, ministre des Outre-mer s’est dite « lucide »  sur les conséquences de la réduction des contrats aidés. Elle a reconnu que « la baisse est trop brutale, et sans doute insuffisament accompagnée », mais elle a ajouté que « ces contrats ne peuvent pas être le seul avenir pour nos jeunes : ils ne constituent pas une politique d’emploi durable ». Elle a invité les élus à s’impliquer dans les Assises de l’outre-mer, qui « seront l’occasion d’apporter des réponses à la baisse des contrats aidés, sous la forme d’autres outils plus adaptés », mentionnant notamment une possible extension des emplois francs. L’après-midi, justement, le ministère des Outre-mer organisait un atelier de présentation de la méthode et de l’état d’avancée de ces Assises, lancées en octobre dernier pour sept mois. Découvrant que plus de 50 ateliers locaux ont déjà eu lieu, les élus ultra-marins dans la salle ont réagi vivement, déclarant massivement ne pas y avoir été associés.
Fabienne Nedey

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