Les budgets des territoires urbains ont davantage subi l'impact de la crise
Par A.W.
Les finances des communes et des groupements composant les territoires urbains ont largement pâti de la crise sanitaire l’an dernier. C’est ce que confirme, sans surprise, la sixième édition de « Territoires urbains – portrait financier » , publiée hier et réalisée par France urbaine et La Banque postale sur les 80 territoires urbains métropolitains.
Des « baisses historiques »
« Deux chiffres symbolisent la vigueur de l’impact de la crise sanitaire sur les finances des collectivités des territoires urbains en 2020 : la chute des dépenses d’équipement (- 17,8 %) [et] le recul de l’épargne brute (- 13,8 %) », constate en préambule cette analyse consolidée des budgets - principaux et annexes - de l’année 2020 des 33 communautés d’agglomération de plus de 150 000 habitants, des 14 communautés urbaines, des 21 métropoles et des 12 collectivités qui composent la métropole du Grand Paris, ainsi que de leurs 2 875 communes membres.
Et, « dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de baisses historiques, et de baisses qui sont sensiblement plus importantes que celles observées en 2020 pour les collectivités françaises prises dans leur ensemble », avancent les auteurs de l’étude.
Recettes domaniales et tarifaires en « nette diminution »
En effet, après la forte croissance affichée en 2018 et 2019, l’épargne brute a subi un « effet de ciseaux notable » et affiché un repli de 1,6 milliard d’euros, avec « une baisse généralisée que ce soit pour les communes (- 15,6 %) ou les groupements (- 9,5 %) » qui composent ces territoires urbains. Celle-ci a ainsi été ramenée sous les 10 milliards d’euros, soit 333 euros par habitant en 2020.
Cette situation s’explique par un repli des recettes de fonctionnement (- 1,3 %) - porté par les communes (-2 %) - couplé à une hausse des dépenses de fonctionnement (+1,1 %) - porté par les intercommunalités (+ 1,8 %).
Si la fiscalité est globalement restée stable, les recettes domaniales et tarifaires ont été en « nette diminution ». Les premières s’élevaient ainsi à 0,9 milliard d’euros en 2020 contre 1,2 milliard d’euros en 2019, tandis que les secondes sont passées de 4,9 milliards en 2019 à 3,9 milliards en 2020. Les communes ont notamment vu leurs produits de service se contracter de plus de 25 %, progressant de 3,2 % en 2020, contre + 4,2 % en 2019.
Côté dépenses, l’augmentation est « en partie liée à la Ville de Paris » et à la métropole de Lyon, indiquent les auteurs de l’étude. Ceux-ci observent également que les charges à caractère général ont reculé : « L’augmentation de certains postes comme les achats de fournitures et de vêtements de travail ou encore les frais de nettoyage des locaux (+ 390 millions entre 2019 et 2020) est plus que compensée par la diminution de budgets relatifs aux prestations de services, à l’alimentation, aux fêtes et cérémonies ou encore aux carburants ».
Investissements : disparités selon les territoires
De la même manière que l’épargne brute, les dépenses d’investissement des territoires urbains ont connu une baisse en 2020 (-15,9 %) après deux années de fortes progressions.
La baisse des dépenses d’investissement « s’explique par le recul massif des dépenses d’équipement, aussi bien pour les communes (en moyenne - 16,3 %) que pour les groupements (en moyenne - 19,8 %) », expliquent les auteurs de l’étude. Une tendance qui serait liée à la fois à « des retards dans les programmes (en raison notamment des difficultés de mise en place des exécutifs à la suite du décalage des élections) et à des reports volontaires en raison de la crise sanitaire », mais aussi « pour des raisons techniques (lancement de chantiers en période de confinement) » voire « financières (manque de visibilité de l’impact budgétaire de la crise) ».
Cette baisse des investissements a été particulièrement hétérogène et a frappé plus durement certaines régions. Six territoires, « incluant le nord de la France (dans les départements du Nord, de la Somme mais également du Calvados) et le sud-est (Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône) », ont ainsi connu une diminution de leurs dépenses supérieure à 28 %, quand, dans le même temps, huit autres territoires, situés « principalement dans l’ouest de la France (dans les agglomérations de Rouen, du Mans, d’Angers, de La Rochelle) » ont vu leurs dépenses d’équipement continuer de progresser ou rester pratiquement stables.
Reste que les auteurs de ce portrait financier se veulent optimistes et envisagent une année 2021 qui pourrait enclencher « un rattrapage par rapport à 2020, même si les tendances générales pour ce nouveau mandat restent à percevoir précisément ».
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