Les associations d'élus plutôt satisfaites de la méthode de dialogue instaurée par le ministre de l'Éducation nationale
Par Franck Lemarc
Frédéric Leturque, maire d’Arras et co-président de la commission éducation de l’AMF, est sorti de cette première réunion avec un sentiment plutôt positif, saluant « la fluidité » et la « sincérité » des échanges et le caractère « partenarial » de la démarche. Pour la première fois, le ministre Pap Ndiaye a réuni la nouvelle instance de dialogue entre ses services et les associations d’élus (AMF, Régions de France, ADF, France urbaine, Villes de France, APVF et AMRF). Celle-ci se réunira désormais tous les trimestres.
Objectifs partagés
Du côté du ministère, on expliquait hier, par communiqué, que « l’État et les collectivités se partagent aujourd’hui des compétences très complémentaires en matière d’éducation », complémentarité qui « fait la richesse du système éducatif français ». Le ministère a donc souhaité « répondre à la demande des associations d’élus par la création d’une instance nationale, lieu de dialogue et de travail entre le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et les collectivités territoriales ».
Le fait que tous les niveaux de collectivités soient réunis est un point indiscutablement positif, expliquait hier le maire d’Arras à Maire info, puisque « cela permet de compléter nos expériences et de comprendre que nous vivons au fond les mêmes problématiques », notamment entre communes, qui gèrent le primaire, départements qui gèrent le collège et régions qui pilotent les lycées. « Il s’agissait d’une véritable réunion de travail, où tous les sujets du moment ont été abordés : transition écologique et bâti des écoles, bien entendu, mais aussi égalité des chances, projet républicain, inclusion scolaire, numérique… ».
La réunion a permis de dégager des « objectifs partagés » et semble prouver aux représentants des élus que le ministère souhaite les écouter avant de prendre des décisions – ce qui marquerait une certaine rupture avec les pratiques en cours du temps de Jean-Michel Blanquer. Frédéric Leturque se dit convaincu que « les discussions qui auront lieu au sein de cette instance vont influer sur la façon dont le ministre fera ses propositions au gouvernement ».
« Regard global »
Parmi les sujets abordés hier, l’inflation et, plus généralement, les moyens dont disposent les collectivités a évidemment tenu une place importante. « Face à la crise inflationniste, explique le maire d’Arras, les maires font des choix différents. Par exemple sur les cantines, certains font le choix de répercuter les hausses sur les prix, d’autres de les absorber dans le budget de la commune. Mais pour pouvoir faire de tels choix, il faut disposer de moyens. Et si on ne les a plus… Le problème se pose de la même façon pour la transition énergétique. Procéder à la rénovation thermique d’une école, dans une ville comme la mienne, c’est au bas mot un million d’euros. Cela suppose d’avoir les reins solides. »
Dans son intervention, le représentant de l’AMF a insisté sur plusieurs points. Notamment « la nécessité d’évaluer les dispositifs qui ont été mis en place pendant le précédent quinquennat, comme les cités éducatives par exemple ». Ou encore « notre demande de porter un regard global sur, à 360 degrés, sur tous les temps de l’enfant, scolaire, périscolaire et extrascolaire ».
Volet éducation du CNR
Le maire d’Arras a également demandé des clarifications sur le rôle des différentes instances de concertation qui se mettent en place, non seulement celle-ci mais également le dispositif qui va se mettre en place dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR). « Dans le cadre du volet éducation du CNR, se sont les écoles elles-mêmes qui seront partie prenante, explique Frédéric Leturque. Celles-ci vont avoir l’opportunité d’organiser un débat en leur sein pour faire le point sur la réussite de l’école, localement. Si les écoles souhaitent inviter les maires à ces débats, ceux-ci seront bien sûr au rendez-vous. Personnellement, j’y suis prêt. »
Si cette première réunion de l’instance de dialogue semble avoir satisfait autant le ministère que les associations d’élus, il va falloir maintenant rentrer dans le dur, à l’occasion des prochaines réunions. Car de nombreuses questions concrètes – y compris sur le fonctionnement même de cette instance – restent en suspens. En particulier, un certain flou continue de régner sur le fonds de 500 millions d’euros en faveur de « l’innovation pédagogique », annoncé par le chef de l’État fin août. Ce fonds, dans l’esprit du président de la République, vise à refaire « en grand » ce qui a été entrepris à Marseille l’an dernier (lire Maire info du 3 septembre 2021), qu’il avait appelé « révolution copernicienne » et « laboratoire de l’école du futur ». L’idée générale étant de donner davantage de liberté et d’autonomie aux écoles pour définir des sujets aussi divers que « les projets d’apprentissage, les rythmes scolaires, les récréations, les durées des cours, les façons d’enseigner ». Il y a un an déjà, Emmanuel Macron avait dit son intention de « tester » cette méthode à Marseille, puis de la généraliser si elle fonctionnait. Les 500 millions d’euros du fonds innovation semblent être là pour cela. Mais il n’a pas, pour l’instant, été procédé à un véritable retour d’expérience sur ce qui s’est fait à Marseille.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Marchés publics de travaux : le seuil définitivement relevé à 100 000 euros
Raccordements à la fibre optique : le mécontentement des élus subsiste
Rôle des élus dans le développement des énergies renouvelables : les paroles et les actesÂ