Les associations d'élus demandent aux candidats à la présidentielle « de ne pas oublier les quartiers populaires »
Par Emmanuelle Stroesser
« Il ne peut y avoir de politique publique qui ne soit travaillée avec ceux qui la mettent en application et de bonne politique publique qui ne s’inspire pas de ce qui est fait dans les territoires. » Michel Bisson, maire de Lieusaint (Seine-et-Marne) donne le ton de ce document travaillé à six voix, celles des associations représentatives des élus locaux (France urbaine, Villes de France, AMF, Ville & Banlieue, APVF et AMIF). « Un travail collectif pour appuyer une volonté commune », insiste-t-il.
La même méthode plébiscitée
Dans ce document de 12 pages, les élus « dressent un état des lieux factuel de la situation dans les quartiers », recensent « les mesures efficaces », et font « des propositions concrètes pour améliorer le quotidien des Français ». Les différents chapitres classiques de la politique de la ville sont balayés : réussite éducative, insertion et emploi, sécurité, santé, logement. Ils proposent aussi « un pacte de confiance durable entre l’État et les collectivités, avec des engagements réciproques sur les enjeux, la méthode, la gouvernance et plusieurs axes thématiques structurants ».
Les élus insistent particulièrement sur la méthode de travail, qui doit « partir des besoins et des capacités d’agir des habitants », « faire pleinement confiance aux élus locaux et à leurs priorités d’action publique locale » et « mobiliser l’ensemble des forces vives ».
« Ce qui marche bien »
Dans les différents chapitres, les élus veillent à mettre l’accent sur ce qui « marche bien ». Comme « le travail avec l’Anru qui a permis d’accélérer le travail de reconquête, les clauses d’insertion devenues des outils bien appréhendés par les collectivités quel que soit leur taille », cite Frédérique Leturque, maire d’Arras (Pas-de-Calais). C’est également le cas des quartiers de reconquête républicaine, qui méritent d’être « [étendus] à beaucoup plus de quartiers et communes », selon Thierry Falconnet, président de Ville & Banlieue et maire de Chenôve (Côte-d’Or).
Parce que ces quartiers populaires abritent « la population la plus jeune de France », les élus mettent en avant les questions d’éducation et de formation, des sujets « majeurs », insistent Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) et Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin (Rhône). Les maires appellent à « amplifier et prolonger » le développement des Cités éducatives. Le plaidoyer porte également, entre autres, sur « l’ouverture d’une réflexion » sur la compensation des surcharges scolaires.
Ce qui doit changer
Les élus savent également ce qu’ils ne veulent plus, à commencer par « le système d’appel à projets ». « La contractualisation et les politiques de droit commun » sont les « moyens d’action privilégiés ». En matière de sécurité, il faut « clarifier la répartition des compétences et d’engagement des collectivités, dans les contrats de sécurité intégrés qui ne doivent pas conduire à une rupture d’égalité ». Et surtout, met en garde Thierry Falconnet, « qui ne doivent pas conditionner le renfort d’effectifs de police ou gendarmerie à l’accroissement du nombre de policiers municipaux ! » – contrairement au choix opéré par le gouvernement.
La transition écologique – l’un des enjeux du prochain quinquennat – « ne pourra se faire que si elle est pleinement appropriée dans les quartiers populaires ». Donc, elle « doit être sociale et écologique », interpelle Michel Bisson. « Les sujets de transition écologique sont aussi des sujets de transition sociale, on ne pourra pas faire l’un sans l’autre », appuie Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine (Val-de-Marne) pour élargir la réflexion aux questions touchant autant au pouvoir d’achat des habitants des quartiers qu’à leurs conditions de vie et de mobilité.
Accéder à la contribution des associations d'élus sur la politique de la ville.
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