Édition du jeudi 17 juin 2010
«Le très haut débit, c'est parti, mais les bases seront à revoir», dit l'Avicca
Commentant le lancement par le Premier ministre du programme national pour le très haut débit (voir nos informations en lien ci-dessous), sur des bases très voisines du texte soumis à consultation publique en janvier dernier, l'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca) estime que le très haut débit est lancé mais que «les bases seront à revoir».
LARCEP a publié vendredi son projet de décision sur la mutualisation des réseaux hors zone très dense. Et un nouveau département, la Savoie, vient de décider de lancer un vaste projet de fibre: il couvre, pour la seule première phase, 50% du département et coûte 130 millions deuros.
«Le gouvernement dégage deux milliards deuros, ce qui aidera grandement au démarrage, et la mobilisation des collectivités sur le sujet ne faiblit pas, avec déjà 29 projets correspondant à 1 650 000 prises en fibre optique», note l'Avicca. «Ces investissements signifient des choix forts dans un moment où largent public est compté. La raison est simple: il sagit dun sujet majeur daménagement du territoire.»
L'Avicca estime que pour les opérateurs, lintérêt dun engagement paraît moins évident: «Pourquoi investir massivement dans plusieurs nouveaux réseaux concurrents, qui noffrent pas de claire perspective de rapporter plus que celui unique, ouvert à tous les opérateurs, qui existe aujourdhui? Dun côté des certitudes: le marché du haut débit est très rentable et les parts de marché sont stables; de lautre, une série dinconnues sur les coûts de déploiement, dexploitation, de mutation des abonnés du cuivre vers la fibre et louverture dun nouveau jeu concurrentiel.»
Les élus soulignent un «paradoxe de certains choix des pouvoirs publics, qui tentent de subordonner linitiative publique à la logique des opérateurs privés. Il faudra ainsi que les collectivités scindent leurs projets pour tenir compte des intentions de déploiement des opérateurs, afin de bénéficier des subsides du programme national. On a vu sur bien dautres dossiers (déploiement de la 2G, de la 3G
) quil y avait loin des engagements à la réalisation; une simple manifestation dintérêt dopérateurs privés sur la fibre, sans aucun engagement contraignant, risque ainsi dentraver des projets de déploiement publics qui pourraient organiser une péréquation sur leur territoire, entre zones plus ou moins rentables.»
L'Avicca juge que les «objectifs fixés en février par le président de la République ne seront pas atteints avec ce modèle donnant une priorité au secteur privé. Il y a moins de deux ans, le Plan France Numérique 2012 ne prévoyait pas la nécessité de mettre un milliard deuros dargent public sur la table pour dynamiser les opérateurs sur les zones rentables afin de faire de la France un des leaders en matière de très haut débit. Dautres changements simposeront bientôt.»
Pour accéder au communiqué de l'AVICCA, voir lien ci-dessous.
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