Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 14 octobre 2021
Collectivités locales

Le métier de DGS se réinvente à travers les crises

Une étude de l'Observatoire MNT conduite par le sociologue Jérôme Grolleau décrypte le rôle des directeurs généraux des services dont les missions ont profondément évolué pendant les dernières crises sociale, écologique et sanitaire. 

Par Emmanuelle Quémard

En première ligne et sur tous les fronts à la fois pendant les récentes crises sociale, écologique et sanitaire, le directeur général des services (DGS) a vu ses missions profondément évoluer ces dernières années. Si le DGS continue de piloter l’administration territoriale aux côtés des élus, son champ d’intervention et ses responsabilités sont désormais beaucoup plus larges et son rôle infiniment plus complexe. C’est ce que montre l’étude de l’Observatoire MNT DGS, que deviens-tu ? réalisée en partenariat avec Sofaxis et dont les principales conclusions seront présentées lors du congrès du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) du 14 au 16 octobre à Metz.

Conduite par Jérôme Grolleau, sociologue spécialisé dans les transformations du monde territorial, cette étude s’appuie sur une quarantaine d’entretiens menés entre octobre 2019 et juillet 2020 avec des DGS de communes, d’EPCI et de départements, des représentants d’associations professionnelles (ADGCF, AATF, SNDGCT, ADT-Inet) et des élus locaux. À travers ces échanges, c’est un portrait inédit du DGS d’aujourd’hui qui se dessine. Un DGS dont la vie professionnelle s’est considérablement intensifiée au cours de la dernière période. L’étude évoque notamment une « reconfiguration »  du rôle du DGS résultant davantage « des nouvelles dynamiques de son environnement »  que des transformations institutionnelles et du renforcement des contraintes financières.

Un métier en mutation sous la pression de l’environnement 

Jérôme Grolleau met particulièrement en évidence l’accélération des changements des modes de vie et des attentes des habitants, le développement du numérique ou encore le renouvellement politique issu des dernières élections. Autres facteurs cités pour expliquer la mutation du métier de DGS : « L’interdépendance généralisée entre territoires, entre politiques publiques, entre acteurs locaux »  ainsi que l’irruption « d’évènements inédits et fortement déroutants », tels que la crise des gilets jaunes et la pandémie de covid-19.  « L’environnement n’est donc plus ce qui se tient au-dehors, sagement ou en évolution maîtrisable. Bien au contraire, il secoue, prend de vitesse, et fait effraction au sein des organisations territoriales », souligne Jérôme Grolleau.

Un rôle plus stratégique et managérial

Dans un tel contexte, l’étude de l’Observatoire MNT montre que le DGS devient « de plus en plus stratégique ». Alors qu’il était jusqu’alors considéré comme un chef d’orchestre, le directeur des services est à présent « un compositeur de stratégies, contribuant fortement à leur élaboration avec les élus et tissant les politiques publiques ». En outre, son rôle de manager se trouve renforcé par les modifications constantes des relations entre les agents et les cadres qui font vivre l’organisation territoriale. « Dans un contexte de fusions des collectivités, de transferts de compétences et de baisses des dotations de l’État, il a été nécessaire de structurer les services et l’action publique en accompagnant les agents », ajoute Jérôme Grolleau.

Enfin, le sociologue montre que le DGS est aujourd’hui « de plus en plus ouvert et en relation avec l’extérieur »  et que son rôle ne saurait être réduit à celui d’intermédiaire entre les élus et les équipes territoriales. « Le DGS tend à devenir l’architecte de relations plus dynamiques aux usagers, à assumer un positionnement interterritorial et à construire des partenariats avec de multiples acteurs », affirme Jérôme Grolleau. 

L’étude de l’Observatoire MNT tire plusieurs conclusions de cette immersion dans le monde des directeurs généraux de collectivités. Il préconise notamment que les femmes et les hommes chargés du pilotage de l’administration locale abordent de front les questions écologiques, sociales et démocratiques qui traversent les territoires et les organisations. Ces derniers sont invités à « construire des communautés d’action incluant citoyens et partenaires »  pour répondre aux exigences de la nouvelle séquence historique qui s’ouvrira au lendemain de la crise sanitaire. 

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