Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 29 septembre 2017
Mobilité durable

Le gouvernement torpille le vélo électrique

C’est une annonce qui passe mal chez les défenseurs de la « mobilité durable » : Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, a annoncé en marge de la présentation du PLF 2018 que la prime de l’État pour l’acquisition d’un vélo à assistance électrique (VAE) ne serait pas reconduite l’an prochain.
Un « contre-signal désastreux », dénonçait hier dans un communiqué de presse le Club des villes et territoires cyclables, la plus grande association d’élus locaux promoteurs du vélo. Surtout que l’argument brandi par Gérald Darmanin n’est pas de nature à faire plaisir aux élus : c’est, pour faire court, la faute aux collectivités. « Nous avons considéré que ce n'était pas à l'État de continuer à subventionner le vélo électrique dans la mesure où, quand il l'avait fait, les collectivités locales ne le faisaient pas. »  L’argument passe mal auprès de Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des Villes cyclables, interrogée ce matin par Maire info. Elle rappelle que non seulement de nombreuses collectivités ajoutent une prime à la prime de l’État, mais que d’autres profitent de l’aide de l’État sur le VAE pour « subventionner le vélo classique ».
La prime à l’achat de VAE (20 % du prix d'achat, jusqu'à 200 euros) a été instituée il y a huit mois seulement, en février. Elle a connu un succès considérable puisque, selon les chiffres du Club des villes cyclables, 150 000 demandes ont déjà été faites. « Pour la première fois, on a un véritable effet de report modal de la voiture vers le vélo », constate Véronique Michaud. « Le VAE a fait une vraie percée dans le segment des déplacements domicile-travail. »  La décision est donc jugée « incompréhensible », dans la mesure où cette prime a permis de faire renouer avec le vélo des publics qui en restaient éloignés, notamment les personnes de plus de 50 ans. Et malgré le succès de la prime, la France reste « très en retard »  par rapport à certains pays, comme l’Allemagne où il y a aujourd’hui 600 000 VAE, ou les Pays-Bas où se vendent aujourd’hui « plus de VAE que de vélos classiques ».
Véronique Michaud s’inquiète particulièrement des conséquences de cette décision sur « tout le tissu local qui s’est mis en place autour du développement du vélo électrique ». Il n’y a en effet pas que les industriels produisant les vélos qui vont être touchés : l’usage du vélo électrique suppose l’existence, dans les communes, de stationnements sécurisés et d’un tissu de professionnels qui peuvent en faire la maintenance. « Ce tissu était en train de se mettre en place sur les territoires, constate Véronique Michaud. Maintenant, les gens vont se précipiter sur la prime d’ici à la fin de l’année, et à partir de 2018, il va y avoir de la casse. » 
Ulcéré par cette décision « unilatérale », le Club des villes cyclables – qui regroupe à ce jour plus de 1500 collectivités de toute taille – a annoncé hier qu’il « s’interrogeait »  sur le fait de continuer à participer aux Assises de la mobilité. « Est-ce bien nécessaire ? », écrit le Club, dans la mesure où il semble que « les conclusions des Assises »  seraient « déjà écrites ».
Le Club rappelle néanmoins dans son communiqué que « la loi de finances n’est pas encore votée ». Il reste donc des marges de manœuvre pour essayer de faire reculer le gouvernement sur ce mauvais signal.
En mai, au moment de la parution du décret d’attribution du ministère de Nicolas Hulot, Maire info relevait que « nulle part, dans la longue liste décrivant les attributions de la ministre des Transports, ne figurent les mots « mobilité durable », « modes doux »  ou « vélo ». Est-ce un oubli – qui serait lui-même assez révélateur – ou le signe d’un changement d’orientation ? ». L’annonce de Gérald Darmanin semble apporter une réponse à cette question.
F.L.

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