Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 11 juin 2014
Culture

Le gouvernement tente de sauver la saison des festivals

Éviter que se reproduise la catastrophe de 2003, où tous les grands festivals de l’été – dont Avignon, Aix-en-Provence ou La Rochelle – avaient été annulés pour cause de grève des intermittents du spectacle : c’est apparemment la volonté du gouvernement, qui vient coup sur coup de faire deux annonces pour tenter de calmer le jeu.
Le nouveau mouvement de grève des intermittents se propage en effet rapidement : le festival de théâtre Le Printemps des comédiens, à Montpellier, est fortement perturbé, avec plusieurs spectacles annulés. La moitié des représentations du festival Rio Loco à Toulouse n’ont pu avoir lieu ; même situation au festival Furies à Châlons-en-Champagne, tandis qu’au Plessis-Macé, près d’Angers, la soirée d’ouverture a été annulée.
Rappelons que le statut des intermittents du spectacle, souvent remis en cause depuis 15 ans, touche quelque 254 400 salariés, artistes et techniciens. En raison du caractère très précaire de leur situation, ces salariés bénéficient de règles particulières sur l’assurance chômage. À partir du moment où ils peuvent justifier de 507 heures de travail sur 10 mois, les intermittents peuvent être indemnisés pendant huit mois de chômage. Pour mémoire, ce régime est moins avantageux que celui des salariés du régime général qui, eux, ont droit à l’indemnisation chômage s’ils peuvent justifier 610 heures de travail sur 28 mois.
Selon un rapport d’une commission parlementaire de 2013, les revenus des intermittents ont diminué, en quinze ans, de 33 % en euros constants.
Le conflit actuel se cristallise autour de l’accord dit « du 22 mars », signé par le Medef et plusieurs organisations syndicales, mais que rejette la majorité des intermittents du spectacle – parce que, selon eux, il induira une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat. L’accord prévoit en effet une augmentation de deux points de leurs cotisations sociales, tandis que le « différé », c’est-à-dire un délai de carence entre la perception du dernier salaire et le paiement des indemnités, sera appliqué à 48 % des intermittents, contre 9 % actuellement. La grève vise à convaincre le gouvernement de ne pas agréer l’accord du 22 mars – l’agrément devrait intervenir fin juin.
Pour éviter que le mouvement continue de faire tache d’huile, le gouvernement a fait deux annonces : samedi, Manuel Valls a annoncé la création d’une « mission de propositions »  confiée au député d’Indre-et-Loire Jean-Patrick Gille, bon connaisseur du dossier puisqu’il est l’auteur du rapport parlementaire de 2013. Il sera chargé, « sous 15 jours », « d’évaluer les effets réels »  de l’accord du 22 mars et de « formuler des propositions »  pour répondre aux difficultés repérées.
Par ailleurs, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, a annoncé hier que la concertation tripartite État-syndicat-patronat sur le statut des intermittents, prévue cet automne, était avancée au début de l’été.
Reste à savoir si ces annonces ralentiront la progression du mouvement de protestation. L’enjeu n’est pas mince pour les territoires : il y a chaque année 1972 festivals en France, selon la Sacem, et ceux-ci génèrent, en moyenne, selon une étude récente, 6,83 euros de retombées pour un euro d’aide publique investie.
F.L.
À lire dans le prochain numéro de Maires de France (juillet 2014), une enquête sur les retombées réelles des festivals pour les territoires.

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