Le gouvernement propose ses pistes pour développer l'offre d'emplois saisonniers
Par Franck Lemarc
Les tensions sur le marché de l’emploi des saisonniers se font chaque année un peu plus vives. Que ce soit dans le tourisme – secteur qui génère à lui seul 300 000 emplois saisonniers par an – ou dans l’agriculture (maraîchage, vendanges, etc.), les employeurs peinent à trouver des salariés, et ont de plus en plus souvent recours à la main-d’œuvre étrangère. Le gouvernement estime que la seule branche hôtellerie-restauration, à l’été 2022, a dû faire face à « 65 000 postes saisonniers non pourvus faute de candidats ».
Rappelons que, selon une étude de l’Insee parue en septembre dernier, l’emploi saisonnier représente quelque 4 millions de postes en France, soit 11 % de l’emploi privé.
La question des salaires oubliée
Cette tension s’explique par au moins trois facteurs : la pénibilité de ces emplois, avec souvent des horaires à rallonge, par exemple dans le maraîchage ou la restauration ; le logement, avec des saisonniers souvent obligés de dormir dans des dortoirs quand ce n’est pas dans leur voiture ; et les salaires, généralement indigents : selon l’Insee, près de 80 % des saisonniers ont des revenus annuels « inférieurs à 12 440 euros », soit nettement moins que le smic.
Clairement, le gouvernement ne compte s’attaquer ni à la question de la pénibilité ni à celle des salaires. En revanche, plusieurs propositions de la « feuille de route » publiée hier traitent la question du logement.
La première partie du plan concerne la formation et l’accompagnement des saisonniers. Le gouvernement entend notamment « multiplier l’installation de guichets saisonniers, physiques ou dématérialisés », afin « d’aiguiller les démarches des saisonniers », qu’elles soient personnelles, administratives ou professionnelles. Ces guichets sont aujourd’hui au nombre de 57, le gouvernement entend les doubler.
Le plan prévoit aussi l’organisation de « réunions d’information » en fin de saison dans 15 territoires touristiques, organisées par « Pôle emploi et les missions locales », « pour accompagner les saisonniers dans leur recherche d’emploi ou de formation hors-saison ». Il est également prévu d’aider les employeurs à « fidéliser les saisonniers » d’une année sur l’autre. Cela passera là aussi par des réunions organisées par Pôle emploi pour « informer les employeurs sur les solutions mises en place par leurs pairs pour fidéliser leurs saisonniers ».
Ces mesures ne devraient pas, il faut le reconnaître, révolutionner le secteur.
Plus intéressant : le gouvernement propose de développer des « partenariats territoriaux » pour permettre aux saisonniers de trouver du travail pendant l’intersaison, et ne pas se retrouver au chômage pendant cette période. L’idée étant de proposer à des entreprises de secteurs soumis à des tensions de recrutement (le gouvernement cite l’exemple de la restauration collective) de recruter temporairement des saisonniers lorsque ceux-ci sont « libérés de la saison touristique ».
Une enveloppe de 10 millions d’euros par an devrait, par ailleurs, être débloquée pour la formation des saisonniers.
Logement
Sur la question cruciale du logement des saisonniers, les mesures annoncées semblent là aussi plus concrètes : création d’un plate-forme centralisée « recensant les offres de logement pour les saisonniers dans les parcs publics, associatifs ou sociaux » ; ouverture des chambres des internats scolaires pendant la période estivale…
Le dispositif d’exonération d’impôt sur le revenu du produit de la location d’un meublé à un saisonnier va être prolongé jusqu’à l’été 2024.
Autre dispositif qui va être prolongé et développé : la possibilité pour les bailleurs sociaux de louer à des CCAS/CIAS des logements, afin que ceux-ci les sous-louent à des saisonniers. Le gouvernement va « accompagner la signature de nouvelles conventions entre les bailleurs et les CCAS dans les communes particulièrement concernées par des enjeux de logement des saisonniers ». Par ailleurs, le gouvernement va « étudier », d’ici la fin de l’année, l’extension de la garantie Visale aux saisonniers. Cette garantie consiste à demander à Action logement de se porter garant de la location.
Enfin, il est prévu d’expérimenter « de nouvelles solutions » dans les zones touristiques, en lien avec les collectivités locales : « À titre d’exemple, une expérimentation est d’ores et déjà envisagée en Nouvelle-Aquitaine, notamment pour mettre en place des logements modulaires déplaçables dédiés, lors de l’été, au logement des saisonniers et, en période hivernale, à d’autres utilisations. Elle réunit l’État, les collectivités, les entreprises, les bailleurs et le groupe Action Logement, pour identifier les conditions de réussite. »
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2