Le gouvernement engage « une lutte implacable » contre le harcèlement scolaire
Par Franck Lemarc
Après plusieurs cas de jeunes poussés au suicide par le harcèlement subi à l’école, le gouvernement a décidé de lancer une vaste campagne d’action pour détecter, prévenir et punir le harcèlement.
Le scandale provoqué par la lettre envoyée par le rectorat de Versailles à des parents qui dénonçaient le harcèlement subi par leur enfant a certainement accéléré les choses. Cette lettre, où le rectorat se montrait menaçant et méprisant à l’égard des parents et niait tout problème, alors que l’enfant a mis fin à ses jours quelques semaines plus tard, a été qualifiée de « honte » par le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Le gouvernement a souhaité très ostensiblement changer de braquet en faisant procéder, quelques jours plus tard, à l’arrestation d’un jeune harceleur en pleine classe, dans le Val-de-Marne, sorti de la classe menottes aux poignets.
Phénomène en hausse
Dans son discours de présentation, hier, Élisabeth Borne a qualifié le harcèlement de « phénomène massif » : « un million d’enfants ont subi du harcèlement au cours des trois dernières années ». Les tentatives de suicide chez les jeunes de moins de 15 ans ont augmenté de 300 % ces dix dernières années.
« Le harcèlement, ce sont des jeunes que la bêtise et la haine ont poursuivi à l’école, dans leurs clubs de sport, dans leurs loisirs, et souvent jusqu’à chez eux sur les réseaux sociaux. Ce sont des enfants, parfois visés en raison de leur handicap, de leur surpoids, de leur orientation sexuelle ; parfois pour un trait physique ou de caractère. Ce sont des parents confrontés à la pire des douleurs, et qui ont le sentiment de s’être battus sans avoir été écoutés. » Le gouvernement a donc décidé de « mener une lutte implacable » contre ce phénomène, qui se traduit par un « plan d’actions global et interministériel », présenté hier.
Rappelons que déjà, au mois d’août, le gouvernement avait publié un décret permettant d’inscrire d’office un élève harceleur dans un autre établissement, après autorisation du maire.
Prévention et détection
Le plan gouvernemental a été qualifié par la Première ministre de « 100% prévention, 100% détection, 100% solutions. »
Pour faciliter la prévention et la détection, le gouvernement mise sur la formation : celle de « tous les personnels à tous les échelons de l’Éducation nationale », mais aussi celle « des professionnels et des collectivités », en particulier les intervenants dans les activités périscolaires. « Sur chaque territoire, les collectivités et les partenaires associatifs sont de véritables alliés de la lutte contre le harcèlement », peut-on lire dans le dossier de presse du gouvernement, qui mentionne par exemple « les nombreuses municipalités (qui) se mobilisent avec les écoles et établissements scolaires de leur secteur pour produire des affiches et des vidéos de sensibilisation ».
Une vaste campagne de sensibilisation va être menée à partir du 9 novembre prochain, avec notamment la diffusion d’un spot télévisé et de messages dans la presse et par affiches. Il s’agira notamment de faire connaître le nouveau numéro unique, le 3018, dédié aux signalements du harcèlement.
Pour permettre une détection plus large, il va être mis en place un questionnaire qui devra être rempli chaque année par « tous les élèves, dès le CE2 ».
Des « interlocuteurs dédiés », spécialement formés, seront désignés au sein de la police et de la gendarmerie nationales, ainsi que dans les parquets. La Première ministre va prochainement diffuser une circulaire pour détailler ce dispositif.
« Solutions »
Le gouvernement a créé, a expliqué la Première ministre, un nouvel Office des mineurs, « qui va produire une doctrine nationale claire et unique pour améliorer la prise en compte des plaintes et la conduite les enquêtes en matière de harcèlement ». Outre la possibilité nouvelle de faire changer d’école un élève harceleur, le gouvernement travaille à des dispositifs permettant notamment de lutter contre le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux : un harceleur pourrait désormais être exclu pendant six mois à un an du réseau social sur lequel a été commis le délit, et une peine de confiscation du téléphone est en train d’être créée – ce qui suppose une disposition législative. Les harceleurs se verront, selon la gravité des faits, appliquer des peines allant de « stages de citoyenneté » à 10 ans de prison pour les cas les plus graves.
Enfin, pour soutenir les victimes, le gouvernement entend faciliter les conditions d’accès au dispositif « Mon soutien psy », en augmentant notamment le nombre de séances prises en charge par l’Assurance maladie. « La santé mentale des jeunes victimes de harcèlement, et plus généralement de tous les jeunes, est une priorité : nous y veillons », a conclu la Première ministre. Une formule qui fera certainement tiquer les professionnels de la santé mentale, qui ne cessent, depuis des années, de dénoncer la diminution constante et dramatique des moyens alloués à cette branche de la médecine.
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