Édition du mercredi 9 juillet 2003
Le dispositif destiné à occuper les jeunes des quartiers défavorisés durant l'été souffre de routine
D'"anti-été chaud" à "Ville-Vie-Vacances" (VVV), le dispositif destiné à occuper les jeunes des quartiers défavorisés durant l'été a déjà vingt ans, et les défauts de l'âge : bureaucratisation, perte d'intérêt des élus, "consumérisme", selon le rapport du sociologue Didier Lapeyronnie, qui en souligne pourtant les mérites.
"Cela fait vingt ans que cela dure, il y a une certaine routine, une bureaucratisation qui s'est installée mais, dans l'ensemble, le bilan est positif", affirme à l'AFP l'auteur de ce rapport, réalisé à la demande du ministre délégué à la Ville Jean-Louis Borloo et présenté lundi aux responsables locaux du dispositif.
"On peut dire qu'il a atteint certaines limites et qu'il lui faut s'adapter à la situation nouvelle des quartiers, plus fermés sur eux-mêmes, plus durs", ajoute-t-il. Il préconise de "renforcer tous les projets visant à améliorer la vie et l'intégration dans les quartiers", projets liant filles et garçons, jeunes et adultes, par exemple, de renforcer le rôle des élus et des acteurs de terrain et de "débureaucratiser" les projets.
C'est en 1982 qu'ont été lancées les premières opérations "anti-été chaud" après des émeutes aux Minguettes à Vénissieux (banlieue de Lyon). "A l'époque, pendant l'été, dans les quartiers, il n'y avait rien, rappelle le sociologue. L'objectif était triple : social, policier et pédagogique", "c'était complémentaire mais aussi contradictoire".
Aujourd'hui, "l'effet d'aubaine d'un dispositif nouveau et médiatisé s'est largement effacé", souligne le rapport ; "le dispositif a donné ce qu'il pouvait donner" "mais, pour les élus, le problème de la prévention n'est plus une priorité absolue".
Selon certains responsables auditionnés, "le dispositif est en grande partie dévoyé", les actions s'écartent peu de l'animation traditionnelle, "l'évaluation consiste le plus souvent à compter le nombre de jeunes qui passent".
La longue instruction des dossiers et les délais de financement "interdisent à de nombreux acteurs de s'engager et favorisent les associations ou institutions déjà en place", précise le rapport, et VVV n'est plus qu'"une ligne de crédits supplémentaires, un travail administratif un peu fastidieux mais indispensable pour faire vivre les associations".
Du coup, les associations de jeunes et d'habitants ne représentent plus que 6% des projets et les bénévoles 13% en 2000.
Pourtant, quelque 800 000 jeunes continuent à bénéficier des crédits VVV, à travers quelque 15 000 projets. 40% des activités sont des séjours courts et journaliers.
Les "chantiers" remportent un succès grandissant pour leur aspect éducatif, le jeune, par son travail, gagnant le droit aux vacances.
Les filles, au début très minoritaires, forment le tiers des bénéficiaires, mais ce pourcentage peine à augmenter en partie parce que la priorité est donnée aux structures existantes, où les garçons sont largement dominants, mais aussi parce que les projets mixtes restent l'exception.c=http://www.clsidu
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