Édition du lundi 22 février 2010
Le Conseil d'Etat rejette la centaine de requêtes contestant les décrets de réforme de la carte judiciaire
Le Conseil dÉtat a rejeté, le 19 février, la centaine de requêtes déposées par des villes petites et moyennes contestant la réforme de la carte judiciaire (1).
Il a cependant annulé la décision de supprimer le tribunal de grande instance, le tribunal pour enfants et le tribunal de lapplication des peines de Moulins. Il a annulé également, mais pour des raisons de forme, la suppression des tribunaux pour enfants de Guingamp et de Bourgoin-Jallieu.
Le Conseil dÉtat était saisi dun très grand nombre de requêtes contre, dune part, deux décrets du 6 mars 2008 modifiant le siège et le ressort des tribunaux de lapplication des peines et des tribunaux pour enfants et, dautre part et surtout, le décret du 30 octobre 2008 modifiant le siège et le ressort des tribunaux dinstance et de grande instance.
Plus dune centaine de requêtes avaient été introduites contre le décret n° 2008-1110 du 30 octobre 2008 modifiant la carte judiciaire, cest-à-dire le siège et le ressort des tribunaux dinstance, des greffes détachés, des juridictions de proximité et des tribunaux de grande instance. Quelques requêtes concernaient les décrets n°2008-235 et n° 2008-236 du 6 mars 2008 modifiant à la fois le siège et le ressort des tribunaux de lapplication des peines et ceux des tribunaux pour enfants.
Sur le décret du 30 octobre 2008 modifiant le siège et le ressort des tribunaux dinstance et de grande instance, de nombreuses critiques portaient, tout dabord, sur la régularité de la procédure. Le Conseil dÉtat les a rejetées. Selon son communiqué, «il a jugé, notamment, que le pouvoir réglementaire était bien compétent pour procéder à cette réforme et que les diverses consultations requises avaient été légalement conduites.»
Les requêtes remettaient ensuite en cause les choix opérés par la réforme de la carte judiciaire, qui se sont traduits par la suppression de 23 tribunaux de grande instance sur 181, de 178 tribunaux dinstance sur 473, des juridictions de proximité situées dans le ressort des tribunaux dinstance supprimés ainsi que de greffes détachés et permanents, et par la création concomitante de 7 tribunaux dinstance et dautant de juridictions de proximité.
La réforme globale de la carte judiciaire visait une «meilleure affectation des moyens de la justice, une professionnalisation et une spécialisation accrues des magistrats, une limitation de lisolement des juges, ainsi quun renforcement de la continuité du service public de la justice.»
Le Conseil a estimé que, «pour mettre en uvre ces principes, conformes à lobjectif de valeur constitutionnelle de bonne administration de la justice, le critère du niveau dactivité des juridictions pouvait être légalement pris en compte, en le combinant avec dautres critères: accessibilité des juridictions maintenues ; proximité dautres services publics dont le concours est nécessaire au bon fonctionnement du service public de la justice (administration pénitentiaire, police, gendarmerie, etc.); situation démographique des ressorts ; exigences tenant aux impératifs daménagement du territoire et à la nécessité dassurer la cohérence de la nouvelle carte des juridictions.»
Tant au regard de «ces critères que des inconvénients allégués de la réforme, notamment son coût et léloignement entre les tribunaux et les justiciables», le Conseil dÉtat a jugé que celle-ci était, dans son principe, légale.
(1) Section du contentieux, 6ème et 1ère sous-sections réunies, 19 février 2010, n° 322407 et autres.
Pour accéder aux arrêts, voir lien ci-dessous.
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