Maire-info
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Édition du lundi 8 octobre 2018
Transports

La SNCF veut des petites lignes moins chères, y compris en testant le privé

La SNCF veut proposer aux régions toute une palette de solutions pour réduire les coûts de rénovation et d'entretien des « petites lignes », acceptant même, à leur demande, d'en confier une dizaine au privé, un projet aussitôt critiqué par des syndicats. « On a rassemblé nos savoir-faire dans un catalogue », explique dans un entretien à l'AFP le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet.
Son « kit méthodologique »  recense une cinquantaine de possibilités. Les élus pourront choisir, au cas par cas. « Avec toutes ces mesures, on doit pouvoir gagner une trentaine de pour cent » par rapport aux coûts actuels, estime Patrick Jeantet. « L'idée est de faire moins cher, pour évidemment sauver les lignes ! » 
Le responsable du réseau national n'aime d'ailleurs pas le terme de « petites lignes », un ensemble hétéroclite de voies ferrées qui appartiennent officiellement aux catégories 7 à 9 de la nomenclature de l'Union internationale des chemins de fer (UIC), basée sur le poids des trains de marchandises. « Derrière cette terminologie se cachent beaucoup de variétés, des maillons d'axes nationaux comme Paris-Cherbourg, des dessertes régionales comme Rennes-Saint-Malo, des dessertes périurbaines comme les trains de l'Ouest lyonnais... Et puis on a de vraies petites lignes, qui sont des dessertes rurales, comme Rodez-Séverac »  dans l'Aveyron, énumère-t-il.
La SNCF parle donc joliment de « desserte fine du territoire ». 

Choix politique
Sont concernés 9 137 km ouverts aux voyageurs - soit 32% du réseau national -, dont 270 km voient aussi passer des TGV et 2 350 km des Intercités. Ces petites lignes sont souvent en mauvais état. 39% voient passer moins de dix trains par jour et seulement 24% plus de vingt. Leur sort n'était pas directement concerné par la réforme ferroviaire adoptée au printemps, mais elles ont accaparé une bonne partie des débats. Ce sera finalement aux régions de décider si elles veulent toutes les garder.
Avec moins de dix trains par jour, suggère Patrick Jeantet, on peut par exemple faire circuler des navettes, avec un seul train qui fait des allers-retours. Ce système permet de supprimer quasi toute la signalisation et d'économiser « beaucoup d'argent ».
Autre possibilité : mettre à voie unique des tronçons de double voie trop peu fréquentés, comme entre La Roche-sur-Yon et La Rochelle. Avec une économie de 40% à la clef par rapport au devis initial. « Mais il faut être très clair. Si on veut baisser les coûts de ces lignes-là, il faut regarder toutes les hypothèses », plaide-t-il. 

Appel d'offres
« Or, le problème de ces petites lignes, c'est qu'on ne nous met pas assez de trains dessus. Qu'on nous mette plus de trains! Car les péages qu'on reçoit, vu le faible nombre de trains, sont très loin de couvrir les frais de maintenance. On creuse le déficit de SNCF Réseau. » 
Enfin, Patrick Jeantet entend répondre favorablement à la demande de certaines régions en sous-traitant la maintenance et l'exploitation de quelques petits bouts de petites lignes à « des gestionnaires d'infrastructures conventionnés », privés. « En toute transparence avec les régions, on fait un appel d'offres dans lequel on choisit un consortium ou un industriel qui va nous faire à la fois la maintenance et l'exploitation de l'infrastructure. On va le proposer sur une dizaine de lignes, qui sont des lignes en antenne », c'est-à-dire des culs-de-sac, détaille-t-il. « On retiendra celui qui a la meilleure offre qualité/prix. Et là, on aura un vrai prix de marché, et on pense que ça peut baisser les coûts », ajoute-t-il.
Interrogés par l'AFP, CGT-Cheminots a estimé au contraire qu'il n'y avait « pas d'économies à attendre de la sous-traitance », à moins de compromettre la sécurité des lignes, tandis que SUD-Rail dénonçait « une véritable remise en cause »  des salariés de SNCF Réseau par leur propre patron. (AFP)

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