Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 21 septembre 2022
Climat

La sécheresse devrait se poursuivre malgré l'arrivée de l'automne

Après une année et un été particulièrement secs, le niveau des nappes reste toujours inquiétant du fait de pluies qui n'arrivent pas à s'infiltrer profondément dans les sols. Le Bureau de recherches géologiques et minières recommande donc de maintenir les restrictions d'usage de l'eau.

Par A.W.

Malgré les précipitations récentes, la sécheresse se maintient en France et les réserves d’eau restent au plus bas. C’est ce que révèle la dernière évaluation de l’état des nappes souterraines réalisée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui a analysé la situation hydrogéologique au 1er septembre 2022. 

Situation « inquiétante » 

L’organisme constate ainsi que les niveaux des nappes étaient « globalement en baisse »  au sortir du mois d’août, les pluies estivales n’ayant eu qu’un « impact très limité »  sur les eaux souterraines et ce, malgré les limitations des prélèvements imposées durant l’été.

Au 1er septembre, la grande majorité des nappes offraient ainsi des niveaux au mieux modérément bas, une poignée d'entre elles seulement se révélant être « autour de la moyenne »  habituelle. Un état de remplissage des nappes qui demeure donc « peu satisfaisant sur la plupart d’entre elles », souligne le BRGM, si ce n’est « inquiétant »  puisque des niveaux bas à très bas ont été observés sur « près de la moitié du territoire ». 

Une situation « particulièrement préoccupante »  dans le sud-est, sur le Bas-Dauphiné, la Provence et la Côte-d’Azur, « les nappes des calcaires karstiques du Vaucluse et du centre Var »  étant même « en phase de tarissement » , ce qui laisse « présager un étiage [« basses eaux », moment où le débit est au plus bas, ndlr] très marqué ». 

Un état des lieux qui s’explique par une année particulièrement compliquée d’un point de vue hydrologique. Au cours de l’année 2021-2022, le cumul de précipitations a ainsi été « déficitaire sur l’ensemble du pays, hormis ponctuellement sur l’est de l’Allier », à hauteur de 25 %, explique de son côté Météo France dans son dernier bulletin sur la situation hydrologique, constatant que « seuls deux mois ont eu des précipitations excédentaires : décembre 2021 (+18 % soit +17,3 mm) et juin 2022 (+34 % soit +23,2 mm) ». 

« Le déficit a atteint 25 à 50 % du sud des Pays de la Loire et du Poitou-Charentes au sud-ouest du Centre-Val de Loire ainsi que sur le flanc est de l’Hexagone et l’ouest de la Corse. À l’inverse, on a souvent mesuré un excédent de 10 à 25 % du Lot aux Pyrénées, voire de 25 à 50 % sur l’est du relief. Durant la période d’étiage, d’avril à août, les précipitations ont été déficitaires de plus de 30 % », explique Météo France qui souligne que, « sur la période 1959-2022, on a enregistré un déficit record en mai avec plus de 60 % puis en juillet avec plus de 80 % ».

Maintenir les restrictions

Or, les tendances observées concernant les nappes devraient rester orientées à la baisse jusqu’à la mi-octobre et novembre et annoncent un étiage 2022 qui devrait être « particulièrement sévère sur la plupart des nappes, à l’exception du sud-ouest », selon le BRGM. Les niveaux des nappes à l’entrée de l'hiver seront donc « nettement inférieurs à ceux de l’année dernière avec une majorité de nappes avec des niveaux bas à très bas », même si des « pluies efficaces devraient tout d’abord permettre d’humidifier les sols et de bénéficier à la végétation, avant de réussir à s’infiltrer en profondeur ». 

Résultat, la « recharge 2022-2023 »  devra être « particulièrement abondante et longue »  si l’on souhaite voir les réserves se reconstituer et « la situation devra être surveillée sur l’ensemble du territoire jusqu’à l’étiage puis durant toute la période de recharge ».

Le maintien des restrictions d’usage de l’eau semble donc inévitable cet automne, alors qu'au début du mois la quasi-totalité des départements étaient encore concernés par des mesures d’économies d’eau. « Sur les prochaines semaines, en absence de pluies efficaces suffisantes, l’unique solution pour préserver l’état des nappes et maintenir la continuité entre eaux souterraines et eaux superficielles est de limiter les prélèvements en eau », prévient le BRGM qui confirme que « les arrêtés de restrictions d’usage permettent d’alléger la pression exercée sur la ressource en eau ». 

En attendant, une autre conséquence inquiétante de la sécheresse commence d’ores et déjà à poindre : la multiplication des maisons individuelles fragilisées du fait du phénomène au « retrait-gonflement des argiles ». 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2