La première école de l'inclusion par le sport inaugurée à Garges-lès-Gonesse
Par - à Garges-lès-Gonesse
D’un poste dans l’équipe de rugby de Drancy (Seine-Saint-Denis) à un emploi dans une agence bancaire. C’est l’un des 1 500 parcours d’insertion par le sport concrétisé ces six dernières années par l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) et fièrement présenté, hier sur la pelouse du centre sportif Pierre-de-Coubertin de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), par le principal intéressé, symbole de réussite de tout un quartier.
L’inclusion par le sport, cheval de bataille du président de l’Apels, Jean-Philippe Acensi, a désormais son école reconnue au niveau national. La première, parrainée par Jean-Louis Borloo qui avait mis ce concept en bonne place dans son plan Banlieues en 2018, a été inaugurée à Garges-lès-Gonesse, en présence des ministres Roxana Maracineanu (Sports) et Brigitte Klinkert (Insertion), et ouvrira dès la rentrée. « C’est un jour important pour nous, s'est-il réjoui. « On a passé vingt ans à labourer le terrain, à faire la démonstration que l’inclusion par le sport, ça marche ! ».
Vingt-quatre ans, plus exactement, après la création - avec l’entraîneur d’athlétisme et de football Jean-Claude Perrin - de « Fais-nous rêver » devenue ensuite l’Apels, l’idée maintenant est de « démultiplier le modèle » et trouver un emploi ou une formation à près de 2 000 jeunes d’ici 2022. Pour ce faire, « le ministère chargé des Sports a notamment engagé un million d’euros sur deux ans et a signé une convention avec Pôle emploi », a précisé Roxana Maracineanu. Jean-Philippe Acensi compte aussi sur des « financements territoriaux » pour pérenniser le modèle économique de ces écoles censées encadrer 400 jeunes chacune (150 d'entre eux seront accompagnés vers l'emploi). Une dizaine devrait essaimer dans les mois qui viennent partout en France (Strasbourg dans le Bas-Rhin, Hérouville-Saint-Clair, dans le Calvados mais aussi à Vaulx-en-Velin dans le Rhône ou Roubaix dans le Nord...). Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), s’est déjà portée candidate pour accueillir l’une d’entre elles. Les communes rurales sont, elles aussi, invitées à postuler.
Manque de réseau
Une cinquantaine de clubs en France sont, pour l’heure, parties prenantes de cette école. Sept fédérations (athlétisme, badminton, basket-ball, boxe, judo, tennis de table et omnisports), regroupés autour de l’Agence nationale pour la performance sociale du sport (ANPSS), ont, par ailleurs, constitué un consortium pour répondre à l’appel à projets « 100 % inclusion » lancé dans le cadre du plan d’investissement dans les compétences (PIC).
Comme chaque école digne de ce nom, celle de l’inclusion par le sport propose deux parcours pour les jeunes de 16 à 25 ans peu ou pas diplômés et issus des territoires fragilisés (plus de 2 millions de jeunes au chômage sont sans diplôme et chaque année ce sont 60 000 jeunes des quartiers politiques de la ville qui décrochent scolairement) : « Pulse ton Avenir », un parcours personnalisé selon les besoins de chaque jeune, et « Déclics Sportifs », un parcours adapté aux besoins de l’entreprise. « Le manque de réseau est l’une des injustices les plus terribles pour ces jeunes coupés du monde de l’entreprise. Notre rôle est donc de créer cette passerelle entre les jeunes et l’entreprise. L’école de l’inclusion par le sport permet aux entreprises d’accéder à un vivier de jeunes talents qu’elles n’atteindraient pas autrement. »
Raison de plus, a enchaîné Éric Verlhac, directeur général de l’AMF, partenaire de l’opération, pour que « les entreprises portent, avec la puissance publique bien sûr, une partie de la solidarité nationale. Elles ont les moyens de le faire et y trouvent leur intérêt ».
Le rôle essentiel du coach de l’insertion par le sport
Dialoguer avec les directeurs des ressources humaines est l’une des nombreuses missions des coachs d’insertion par le sport, spécialement formés aux méthodes de l’Apels, avec le repérage des jeunes (« sourcing » ) en recherche d'emploi ainsi que la conduite et le suivi du projet. 500 coachs devraient être formés à terme avec le soutien de l'Agence nationale du sport (ANS).
Au cœur de la relation entre les jeunes et l’entreprise, « les éducateurs sur le terrain sont les plus à même d’aller chercher les jeunes en dehors de tous les radars. Ils les aident à insuffler une nouvelle dynamique, se lever à l’heure, à avoir de la conversation, tous ces ''soft skills'' (savoirs-être), le développement de la confiance en soi, l'expression de son talent, ça s’apprend et qu’y a-t-il de mieux que la pédagogie du sport pour cela ? », confirme Benoît Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse, qui a mobilisé le tissu économique de sa commune.
C’est ainsi que l’an passé, deux cohortes de 60 jeunes, issus des clubs de futsal, football, boxe et athlétisme, ont intégré le parcours « Déclics sportifs » (plus de 60 promotions lancées en France depuis 2015). Aujourd’hui, 71 % d’entre eux sont en emploi ou en formation.
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