La FHF et les associations d'élus demandent « un milliard d'euros » d'urgence pour l'hôpital public
Par Franck Lemarc
Un milliard d’euros pour les hôpitaux publics, 200 millions pour les ehpad. C’est, a minima, ce qui serait nécessaire pour préserver « la capacité à investir » de ceux-ci, selon les estimations de la FHF et de six associations d’élus (AMF, APVF, France urbaine, Intercommunalités de France, Régions de France et Villes de France).
Coup de rabot
En octobre dernier, déjà, plusieurs fédérations hospitalières avaient alerté sur le « coup de rabot » que subissent les hôpitaux, dans la mesure où le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ne contient « aucun financement supplémentaire pour compenser l’inflation », ce qui équivaut pour eux à « un plan d’économies majeures » (lire Maire info du 16 octobre).
Face à des factures d’électricité qui ont parfois augmenté de 300 à 400 %, sans compter les mesures de revalorisation du traitement des agents, seulement partiellement compensées par l’État bien que ce soit lui qui en soit à l’initiative, les hôpitaux publics, sans financement supplémentaire, seront contraints à des économies massives. Ce qui créera, plaident les associations, « les conditions d’une crise sanitaire, économique et sociale ».
La FHF et les associations d’élus rappellent que « 3 millions d’hospitalisations n’ont pu avoir lieu depuis mars 2020 » (début de la crise du covid-19), ce qui constitue une grave « dette de santé publique ». La situation des hôpitaux et ehpad publics s’est « gravement dégradée à la suite de la pandémie », poursuivent-elles, ce qui rend « inenvisageable » de leur demander un nouveau plan d’économies : entre 2019 et 2022, le déficit des hôpitaux publics a « doublé », tandis que celui des ehpad publics « a été multiplié par 20 » ! Selon la FHF, ce déficit va à nouveau gravement se creuser en 2023.
Conséquences : les établissements sont contraints de reporter ou d’abandonner des projets d’investissement et accumulent les difficultés de trésorerie.
Ces chiffres ne sont pas contestés par le gouvernement… qui pour autant ne fait rien. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, maintenant définitivement adopté, ne contient toujours pas la moindre enveloppe pour aider les établissements à faire face à l’inflation. Les associations réitèrent donc leur demande de l’ouverture d’un « fonds d’urgence », appuyé « sur des ressources nouvelles » et non des transferts de crédits.
Concertation
Plus largement, la FHF et les associations d’élus demandent que soit lancée une concertation nationale sur « le financement et l’organisation » de la santé : « Le modèle de régulation des dépenses de santé a atteint ses limites et nous ne pouvons plus nous poser les mêmes questions année après année. Il faut le réformer pour définir des objectifs et poser un cadre suffisamment clair, qui puisse assurer le financement soutenable et pertinent de la santé et ainsi permettre une qualité de service de haut niveau. »
Cette demande de remise à plat des modes de financements de la santé publique avait déjà été clairement énoncée par le président de la FHF, Arnaud Robinet, maire de Reims, en octobre dernier : « Les parlementaires et le gouvernement [doivent] donner aux hôpitaux et ehpad publics les moyens de leur mission. En l’état, le PLFSS est loin de fournir les leviers budgétaires nécessaires. Le temps où l’hôpital public était la variable d’ajustement des débats sur la dette doit s’arrêter. Des leviers d’économies existent, en particulier sur la prévention et la pertinence des soins, mais il ne faut surtout pas confondre la légitime recherche de plus d’efficacité avec une méthode du rabot dont l’hôpital est sorti essoré avant la pandémie. »
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