Édition du lundi 10 septembre 2018
Islamisme : un rapport qui pourrait inspirer les décisions du gouvernement
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a publié ce matin un communiqué dans lequel il affirme avoir « pris connaissance » du rapport publié ce jour par l’Institut Montaigne, réalisé par Hakim El Karaoui, intitulé La fabrique de l’islamisme. Il salue la qualité de ce travail et laisse d’ores et déjà entendre que certaines des propositions de ce rapport, jugées « très intéressantes », seront certainement retenues dans les orientations que le gouvernement doit dévoiler cette semaine en la matière.
Le rapport très approfondi du géographe et ancien membre du cabinet de Jean-Pierre Raffarin en 2002, Hakim El Karaoui, explore sur plus de 600 pages les modes de diffusion de l’islamisme radical. Partant d’une distinction simple, « l’islam est une religion, l’islamisme est une idéologie », le chercheur tente d’expliquer pourquoi et comment l’islamisme est devenue « une idéologie de masse » dans les années 1980 et décrypte les raisons de son succès, en partant des sources de cette idéologie (Égypte, Iran, Afghanistan, Arabie saoudite, aujourd’hui Turquie) et en expliquant ses différentes tendances (notamment le wahhabisme et le salafisme). Il étudie notamment les modes de propagande de l’islamisme radical, en particulier les réseaux sociaux qui jouent un rôle-clé dans la diffusion de ces idées.
Un point essentiel sur lequel insiste Hakim El Karaoui est le fait que les musulmans influencés par l’islamisme sont clairement « minoritaires » parmi les musulmans français. Selon ses chiffres, moins d’un tiers des 5,6 % de Français qui se déclarent musulmans adoptent une vision radicale de l’islam, qui peut « s’opposer aux valeurs de la République ». Le « salafisme militant » concernerait, selon l’étude, « 15 000 à 20 000 personnes ». Néanmoins, explique le chercheur, ces chiffres ne doivent pas masquer une réalité inquiétante : l’islamisme radical progresse, et en particulier dans la jeunesse musulmane.
Premières pistes : vers une « taxe halal » ?
En conclusion de son rapport, Hakim El Karaoui propose un certain nombre de pistes visant, au nom « non de la peur mais de la raison », à « trouver la voie pour une insertion calme et paisible des musulmans dans leurs sociétés ». En premier lieu, il prône « une réorganisation du culte (qui) se traduirait par la création d’une institution chargée d’organiser et de financer le culte musulman (formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, travail théologique et lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme) ». Il propose de donner à cette future institution le nom d’Amif (Association musulmane pour l’islam de France). Il s’agirait notamment pour cette institution « d’écarter » de la gestion des flux financiers « ceux qui appauvrissent l’islam », de construire « une gestion saine pour réguler le marché des consommations islamiques tout en constituant une caisse centrale destinées à servir l’intérêt général ». Cette association, a précisé Hakim El Karaoui dans la presse, serait « neutre, indépendante des pays d’origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd’hui les mosquées ». Elle serait amenée à « prélever une toute petite somme d’argent sur chaque acte de consommation ». On est proche, ici, de l’idée maintes fois évoquée d’une « taxe halal », qui pourrait être levée par l’État mais gérée par la future Amif.
Le chercheur prône également à la fois le développement d’une éducation religieuse musulmane en français, et d’un meilleur apprentissage de l’arabe à l’école, pour ne pas laisser celui-ci aux associations ou écoles religieuses. Il défend l’idée que la France se dote « de moyens et de réseaux importants », notamment via les réseaux sociaux, pour diffuser un « contre-discours » à l’islamisme, mais plaide pour que ce travail soit effectué par les musulmans eux-mêmes. « L’État doit assurer un travail de communication intense, qui encourage les musulmans modérés, jusqu’ici trop silencieux, à s’emparer des débats qui agitent l’islam », plaide le chercheur.
On attend maintenant les conclusions des « assises territoriales de l’islam de France » qui ont lieu en ce moment, et les décisions qui seront annoncées dans les tout prochains jours par le gouvernement, conformément à la promesse faite par Emmanuel Macron devant le Congrès, en juillet : « Donner à l’islam un cadre et des règles garantissant qu’ils s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République. »
Le rapport très approfondi du géographe et ancien membre du cabinet de Jean-Pierre Raffarin en 2002, Hakim El Karaoui, explore sur plus de 600 pages les modes de diffusion de l’islamisme radical. Partant d’une distinction simple, « l’islam est une religion, l’islamisme est une idéologie », le chercheur tente d’expliquer pourquoi et comment l’islamisme est devenue « une idéologie de masse » dans les années 1980 et décrypte les raisons de son succès, en partant des sources de cette idéologie (Égypte, Iran, Afghanistan, Arabie saoudite, aujourd’hui Turquie) et en expliquant ses différentes tendances (notamment le wahhabisme et le salafisme). Il étudie notamment les modes de propagande de l’islamisme radical, en particulier les réseaux sociaux qui jouent un rôle-clé dans la diffusion de ces idées.
Un point essentiel sur lequel insiste Hakim El Karaoui est le fait que les musulmans influencés par l’islamisme sont clairement « minoritaires » parmi les musulmans français. Selon ses chiffres, moins d’un tiers des 5,6 % de Français qui se déclarent musulmans adoptent une vision radicale de l’islam, qui peut « s’opposer aux valeurs de la République ». Le « salafisme militant » concernerait, selon l’étude, « 15 000 à 20 000 personnes ». Néanmoins, explique le chercheur, ces chiffres ne doivent pas masquer une réalité inquiétante : l’islamisme radical progresse, et en particulier dans la jeunesse musulmane.
Premières pistes : vers une « taxe halal » ?
En conclusion de son rapport, Hakim El Karaoui propose un certain nombre de pistes visant, au nom « non de la peur mais de la raison », à « trouver la voie pour une insertion calme et paisible des musulmans dans leurs sociétés ». En premier lieu, il prône « une réorganisation du culte (qui) se traduirait par la création d’une institution chargée d’organiser et de financer le culte musulman (formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, travail théologique et lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme) ». Il propose de donner à cette future institution le nom d’Amif (Association musulmane pour l’islam de France). Il s’agirait notamment pour cette institution « d’écarter » de la gestion des flux financiers « ceux qui appauvrissent l’islam », de construire « une gestion saine pour réguler le marché des consommations islamiques tout en constituant une caisse centrale destinées à servir l’intérêt général ». Cette association, a précisé Hakim El Karaoui dans la presse, serait « neutre, indépendante des pays d’origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd’hui les mosquées ». Elle serait amenée à « prélever une toute petite somme d’argent sur chaque acte de consommation ». On est proche, ici, de l’idée maintes fois évoquée d’une « taxe halal », qui pourrait être levée par l’État mais gérée par la future Amif.
Le chercheur prône également à la fois le développement d’une éducation religieuse musulmane en français, et d’un meilleur apprentissage de l’arabe à l’école, pour ne pas laisser celui-ci aux associations ou écoles religieuses. Il défend l’idée que la France se dote « de moyens et de réseaux importants », notamment via les réseaux sociaux, pour diffuser un « contre-discours » à l’islamisme, mais plaide pour que ce travail soit effectué par les musulmans eux-mêmes. « L’État doit assurer un travail de communication intense, qui encourage les musulmans modérés, jusqu’ici trop silencieux, à s’emparer des débats qui agitent l’islam », plaide le chercheur.
On attend maintenant les conclusions des « assises territoriales de l’islam de France » qui ont lieu en ce moment, et les décisions qui seront annoncées dans les tout prochains jours par le gouvernement, conformément à la promesse faite par Emmanuel Macron devant le Congrès, en juillet : « Donner à l’islam un cadre et des règles garantissant qu’ils s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République. »
F.L.
Télécharger le rapport La Fabrique de l’islamisme.Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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