Édition du lundi 11 septembre 2006
L'expérience urbaine et sociale de 16 mégalopoles, vedette de la Xème Biennale d'architecture de Venise
La Xème Biennale d'architecture de Venise a dévoilé dimanche au public une vaste exposition dédiée à l'expérience urbaine et sociale de 16 mégalopoles du monde, qui met en lumière les petits et les grands projets pouvant donner un visage plus humain aux ensembles urbains.
Vues aériennes, photos, vidéos, salves de données chiffrées, principaux défis à relever: l'exposition internationale baptisée «Ville, architecture et société» met à nu seize grandes cités de la planète dans l'immense espace des Corderies, les anciennes usines de corde du quartier de l'Arsenal de Venise.
Shanghai, Bombay, Tokyo en Asie, Caracas, Mexico, Bogota, Sao Paolo, Los Angeles et New York en Amérique, Johannesburg, Le Caire et Istanbul dans la région Afrique et Méditerranée, et Londres, Barcelone, Berlin et l'agglomération de Milan-Turin en Europe sont les ensembles urbains choisis pour illustrer la Biennale qui se tient jusqu'au 19 novembre dans la cité lacustre.
«Aujourd'hui, la moitié de la population mondiale vit dans les zones urbaines, et d'ici 20 ans cette proportion pourrait atteindre 75%. C'est pourquoi il faut réellement s'intéresser aux effets de l'architecture sur la vie des citadins», a affirmé le banquier vénitien David Croff, président de la Fondation de la Biennale de Venise, en présentant l'événement à la presse.
Et l'exposition de renommée mondiale n'a aucune intention de «servir seulement à montrer de belles choses», prévient l'architecte britannique Richard Burdett, directeur de cette dixième édition. «Il ne faut pas seulement parler de l'architecture comme objet ou comme orgueil. Il est nécessaire de travailler sur le rapport entre la forme de la ville et la forme de la société, deux mondes séparés que l'on doit rapprocher. La ville est une forme complexe, comme un organisme humain», souligne M. Burdett.
Selon lui, il ne faut pas négliger les «petits exemples» d'architecture, car ce sont ceux qui ont le plus grand impact sur la cité. La Biennale présente ainsi un projet développé à Caracas (Venezuela, près de 4 millions d'habitants) où la construction d'un gymnase dans un quartier défavorisé a fait baisser la criminalité de 45% en l'espace d'une poignée d'années. L'accès à la salle de sports est gratuit et 180.000 personnes en profitent chaque année.
A Bogota (6,8 millions d'habitants), une succession de projets a réconcilié les habitants des quartiers défavorisés avec la ville: un vaste réseau de pistes cyclables, de chemins piétons et de couloirs d'autobus a été mis en place. Dans d'autres zones sensibles, les grands architectes du pays ont érigé de magnifiques bibliothèques qui accueillent désormais de grandes expositions.
Des dizaines de facteurs influent sur l'évolution d'une cité: l'économie, la gouvernance, les flux migratoires mais aussi la mobilité et les réseaux de transports publics, tient à souligner Richard Burdett.
A Tokyo, plus grande ville du monde avec quelque 35 millions d'habitants, 80% des habitants utilisent les transports en commun pour aller travailler ou pour se déplacer. A Bombay (12 millions d'habitants), cette proportion s'élève même à 85%. C'est tout le contraire à Los Angeles: 80% des citoyens prennent leur voiture pour aller d'un lieu à un autre.
La place réservée aux espaces verts varie également énormément d'une mégalopole à l'autre: la Biennale montre ainsi que seuls 5% de la superficie de Tokyo est consacrée aux parcs, jardins et autres espaces récréatifs, contre plus de 45% à Londres ou à Barcelone.
Outre l'exposition internationale dans l'espace des Corderies, 49 pavillons nationaux déclinent à leur façon le thème de la Biennale au coeur des Jardins publics.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2