L'électricité rétablie partout en Guadeloupe, le couvre-feu partiel reconduit
Par Cécile Remusat (AFP)
La reconduction de cette mesure dans certaines communes de 22 h à 5 h vise à « prévenir le risque de nouveaux troubles à l'ordre public » bien que « le nombre et l'intensité des faits de violences urbaines » ont « diminué » dans la nuit de samedi à dimanche « par rapport à la nuit précédente » , a souligné le préfet dans un communiqué.
Des pillards avaient profité d'une première soirée sans électricité, dans la nuit de vendredi à samedi, pour dévaliser des commerces. À Pointe-à-Pitre, des bijouteries avaient été attaquées à la tractopelle, d'autres boutiques saccagées.
Selon le Parquet, « il y a eu pas mal de barrages sur Pointe-à-Pitre mais pas du tout de pillage » dans la nuit de samedi à dimanche. Des barrages ont également été érigés sur d'autres communes concernées par le couvre-feu et trois personnes ont été interpellées, a indiqué à l'AFP la procureure adjointe de Pointe-à-Pitre. Quelques heures plus tôt, EDF avait annoncé avoir « réalimenté la totalité des clients du territoire de la Guadeloupe (soit 230 000 clients) ».
« Grand soulagement »
« Coupée 25 heures au total » , Laure Atienza, infirmière libérale de 39 ans, ne cache pas dimanche, dans un rire franc, son « grand soulagement » avec le retour de l'électricité, mais aussi de l'eau. « Je peux laver mes petits papys et mamies à l'eau chaude donc pour la prise en charge des patients, ça change tout », témoigne auprès de l'AFP cette résidente de Sainte-Anne. Elle est malgré tout en « colère » face à ces coupures qui, « médicalement parlant » , sont « gravissimes pour certains patients ».
L'une de ses patientes a ainsi dû partir aux urgences « parce qu'elle a fait une décompensation respiratoire dans la nuit et n'a pas pu mettre son appareil pour l'apnée du sommeil, le lit était bloquée en position allongée » , confie Laure Atienza. « S'il y avait eu de l'eau et de l'électricité, elle ne serait pas allée aux urgences ». Un black-out affectait la Guadeloupe depuis vendredi matin, « à la suite de l'arrêt illégal » , selon EDF, des moteurs de la centrale EDF-PEI de Jarry qui fournit la majorité de l'électricité sur le territoire de près de 380 000 habitants.
Alors qu'un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI), le préfet Xavier Lefort avait accusé, peu après la coupure, « des salariés grévistes » de la centrale de Jarry de s'être « introduits dans la salle des commandes » et d'avoir « provoqué l'arrêt d'urgence de l'ensemble des moteurs ».
Réquisitions
Les gendarmes avaient été envoyés à l'intérieur de la centrale et le préfet avait décidé de réquisitionner les salariés « nécessaires » au fonctionnement de la centrale. EDF, via sa filiale EDF-PEI, a déposé une plainte contre X vendredi pour « mise en danger d'autrui » . Le black-out a mis en tension les établissements de santé et les services publics de première nécessité. Dès la constatation de la coupure, le CHU de la Guadeloupe avait activé ses groupes électrogènes, permettant aux « unités critiques de l'hôpital » de disposer « d'une autonomie de 72 heures » . Le CHU a ainsi pu bon an mal an continuer son activité.
La coupure généralisée a également impacté les réseaux de téléphonie mobile et la distribution d'eau. Cette dernière n'était pas encore totalement rétablie dimanche matin, a fait savoir le Syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG). « Selon les secteurs, un délai de 12 à 24 h est à prévoir, entre la remise en service des ouvrages et le retour de l'eau dans les robinets » , a-t-il indiqué dans un communiqué.
Le mouvement social à la centrale de Jarry, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en œuvre d'un accord signé début 2023, après deux mois de grève pour réclamer une mise en conformité des contrats et rémunérations avec le droit du travail. Il avait depuis provoqué des coupures d'électricité affectant jusqu'à 100 000 foyers. Lundi, la direction d'EDF-PEI avait proposé la signature d'un accord que la fédération de l'énergie de la CGT-Guadeloupe a refusé, un dernier point d'achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.
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