L'association Addictions France alerte sur la trop grande facilité d'accès à l'alcool pour les mineurs
Par Lucile Bonnin
« Alors qu'ils sont plus vulnérables à la consommation d'alcool que les adultes, en 2023, les mineurs achètent et boivent très facilement de l'alcool en France. » C’est ce que démontre deux enquêtes menées par l’association Addictons France sur la consommation alcoolique des mineurs.
À l’approche des fêtes de fin d’année, des repas de familles et des fêtes entre amis, l’association rappelle que l’initiation précoce à la consommation d’alcool est dangereuse et peut conduire à une dépendance alcoolique à l’âge adulte. De même, la vente d’alcool aux mineurs reste une pratique trop répandue.
Tolérance en famille
Selon l’observatoire français des drogues et des tendances addictives, la consommation d’alcool chez les jeunes de 17 ans a baissé de 14 % concernant la consommation régulière entre 2017 et 2022. Cependant, « la consommation reste trop élevée pour une population que l’on sait bien plus vulnérable aux effets de l’alcool », indique Addictions France. 45,9 % des adolescents de 17 ans ont déjà été ivres et un tiers pratiquent le « binge-drinking » (au moins 5 verres dans un laps de temps très court au moins une fois dans le mois).
Selon un sondage réalisé en octobre dernier sur un échantillon représentatif de 1 000 Français et 608 parents, la tolérance sociale à l’égard de la consommation de ce produit serait un facteur déterminant. En effet, 4 parents sur 10 déclarent avoir déjà fait goûter de l’alcool à un mineur : cette expérimentation en famille commence en moyenne à l’âge de 14 ans et dans 6 % des cas avant 13 ans. Autre enseignement : la consommation d’alcool est jugée acceptable dans un contexte familial ou festif par 55 % des Français et 46 % des parents d’adolescents.
Une banalisation que l’association dénonce car elle « envoie un signal suggérant que l’alcool est sans danger » ce qui est « une contre-vérité » puisque les mineurs sont « particulièrement vulnérables aux substances psychoactives, même consommées en très petite quantité » . La Mission interministérielle de lutte contre les addictions (MILDECA) rappelle également que « la consommation régulière d’alcool chez les jeunes accroît le risque de maladie à l’âge adulte et les alcoolisations ponctuelles importantes (API) peuvent constituer une porte d’entrée vers une dépendance ultérieure. »
Infraction généralisée de vente d'alcool aux mineurs
Dans un second temps, Addictions France a conduit une observation des pratiques de vente d'alcool dans des bars, cafés et fast-food pendant l’été 2023. « L'objectif principal était de documenter le respect de l'interdiction dans plusieurs communes du département de Loire-Atlantique, en zone urbaine et rurale. Des achats-tests, effectués dans 42 établissements avec des mineurs révèlent une réalité préoccupante : à Nantes et dans six autres communes du département, tous les bars, cafés et fast-food testés, à l'exception d'un, ont vendu de l'alcool à des mineurs ».
Cette expérimentation n’est pas un cas isolé. En octobre 2023, « Addictions France a mandaté un commissaire de justice à Nantes, Angers et Rennes pour contrôler le respect de l'interdiction de vente d'alcool aux mineurs » . Toutes les constatations réalisées dans 20 établissements ont révélé des ventes d'alcool aux mineurs.
Pour l’association, « tant qu’une vérification systématique de la carte d’identité (plutôt qu’une appréciation subjective) ne sera pas mise en place, les mineurs continueront d’acheter facilement de l’alcool » . Ainsi, elle appelle les pouvoirs publics à agir vite concernant l'infraction généralisée de vente d'alcool aux mineurs. D’ailleurs, selon l’étude, plus de 9 Français sur 10 sont favorables au renforcement des contrôles et des sanctions à l’encontre des établissements contrevenants.
Addictions France appelle enfin « tous les acteurs compétents (distribution, pouvoirs publics, police, justice) à agir sans délai et à prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les jeunes contre des pratiques inadmissibles en plus d’être illégales. Une coopération étroite entre les pouvoirs publics, les forces de l'ordre et la société civile est indispensable pour prévenir et punir la vente d'alcool aux mineurs, et ce, à travers des actions concrètes ».
Rappelons que les maires peuvent avoir un rôle à jouer dans la prévention des comportements à risque. Un guide intitulé Le maire face aux conduites addictives et élaboré par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) en partenariat avec l'AMF permet aux élus de s'engager dans la prévention des conduites addictives pour améliorer la santé, la sécurité et la tranquillité publique sur leur territoire.
Télécharger le guide de l’AMF.
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