Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 8 décembre 2023
Aménagement numérique du territoire

L'Arcep confirme le ralentissement des déploiements de la fibre

L'Arcep a publié hier les résultats de son suivi du marché des services fixes à haut et très haut débit. Ces derniers attestent du ralentissement des déploiements de la fibre observé aussi bien par le ministre du Numérique que par les élus.

Par Lucile Bonnin

Au cours du troisième trimestre 2023, « le ralentissement du rythme des déploiements en fibre optique (FttH), déjà observé au cours du premier semestre 2023, se confirme » . C’est la principale leçon que l’on peut tirer des nouveaux résultats de suivi du marché des services fixes à haut et très hauts débits publiés par l’Arcep. 

Si ces chiffres ne provoquent la surprise ni du côté des élus ni du côté du gouvernement, ils constituent bien la preuve que le rythme global des déploiements FttH ne cesse de chuter et confirme la prédiction de Jean-François Fallacher, directeur général d’Orange France, qui disait lors de l’Université du très haut débit que « plus on va vers la fin, plus ça va être compliqué »  (lire Maire info du 13 octobre)

Deux « zones »  particulièrement touchées  

D’un point de vue global, l’Arcep indique qu’en trois mois, « la couverture en fibre optique a progressé de seulement 1 point ce trimestre et atteint 84 % » . Plus précisément, au 30 septembre 2023, « parmi les 43,9 millions de locaux recensés à date par les opérateurs sur le territoire national, 37 millions sont raccordables et près de 8 millions restent à rendre raccordables » . Concrètement, « au cours du troisième trimestre 2023, 825 000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables au FttH, soit 25 % de moins que sur la même période de l’année précédente. » 

Beaucoup reste donc encore à faire, pourtant les efforts se relâchent. En effet, au deuxième trimestre 2023, les conclusions de l’Arcep étaient déjà préoccupantes, puisque le rythme de déploiement dans les zones très denses était jugé, par l'Arcep, « très insuffisant »  (lire Maire info du 11 septembre). Trois mois plus tard, aucune amélioration n’est constatée. Pire, la situation s'aggrave.

Le point noir se situe surtout au niveau des zones très denses où « le rythme de déploiement chute ce trimestre avec moins de 24 000 locaux rendus raccordables, soit une division par 3 par rapport à la même période de l’année précédente » . Au deuxième trimestre 2023, moins de 50 000 locaux ont été rendus raccordables. 

Les zones moins denses d’initiative privée sont aussi concernées par le ralentissement des déploiements. Aussi appelées zones Amii (Appel à manifestation d'intention d'investissement), elles se situent en dehors des agglomérations contrairement aux zones très denses mais connaissent aussi une baisse des déploiements « de 20 % par rapport à la même période de l’année précédente ». Au troisième trimestre 2023, « seulement 139 000 locaux »  ont été rendus raccordables. 

Moins de déploiements, moins d’abonnements 

Du côté des abonnements, l’effet boule de neige est pour le moment évité. En effet, l’Arcep constate que « le rythme de croissance du nombre d’abonnements en fibre optique demeure soutenu »  mais qu’il ralentit cependant « en raison du ralentissement de la croissance du nombre d’abonnements en fibre optique ».

« Le nombre d’abonnements à très haut débit atteint 23,6 millions au 30 septembre 2023, soit 73 % de l’ensemble des abonnements internet à haut et très haut débit (+ 8 points en un an) »  mais « la croissance trimestrielle du nombre d’abonnements à très haut débit (+ 625 000 au troisième trimestre 2023) est inférieure à celle relevée un an auparavant (+ 700 000) ». 

Au total, l’Arcep recense 20,6 millions d’abonnements à la fibre à la fin du troisième trimestre 2023, « ce qui représente plus de six abonnements internet sur dix (64 %) » .

Accord entre l’État et Orange 

Il faut rappeler que, début novembre, le ministre Jean-Noël Barrot avait annoncé à l’occasion du congrès de l’Avicca l’aboutissement d’un accord entre l’État et l’opérateur historique (lire Maire info du 9 novembre). Ce dernier a pour objectif de changer la donne et d’inverser la tendance face à ces ralentissements qui ne font que s’aggraver.

En zone Amii par exemple, l’opérateur Orange s’est engagé « d’ici fin 2024 à rattraper le retard dans les 55 EPCI dans lesquels les taux de raccordements sont les plus en retrait et en particulier ceux dans lesquels les taux de raccordements sont inférieurs à 85 % » . Pour les zones très denses, qui souffrent le plus du désintérêt des opérateurs selon l’Avicca, Orange s’engage à reprendre les déploiements et à atteindre un taux de 96 % fin 2025. 

Il faudra sans doute être patient pour voir cette tendance à la baisse observée par l’Arcep s’inverser, mais si les engagements pris par Orange sont honorés, une vraie différence devrait être constatée à la fin de l’année 2025. 

Pour compléter, visionnez notre interview ci-dessous du ministre sur le sujet à l'occasion du Congrès des maires. 

Jean-Noël Barrot, Ministre chargé du numérique from Association des Maires de France on Vimeo.

 

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