L'Andev esquisse un premier portrait-robot de l'école primaire publique en 2025
Par Emmanuelle Stroesser
Sa date de publication, lundi 8 septembre, moins d’une semaine après la rentrée scolaire vient le souligner : ce premier baromètre a vocation à donner à voir l’école autrement que par le seul prisme de l’Éducation nationale. « Les collectivités sont souvent l’angle mort de l’éducation. Les familles ne savent pas, par exemple, que les agents des maternelles (Atsem) sont des agents communaux. L’idée de ce baromètre est donc de mettre en avant ce qui est peu visible, montrer en quoi les collectivités participent à l’école et que, sans nous, l’école ne fonctionne pas ! » , explique Yannick Kerauffret, secrétaire adjoint de l’Andev, directeur de l’éducation de Maurepas (Yvelines).
La forte présence d’Atsem est l’une des cinq caractéristiques qui permet de faire le portrait-robot de l’école primaire. Une école « dans laquelle travaillent beaucoup de professionnel-es de l’éducation, en dehors des enseignant-es » . Alors qu’un décret prévoit que les communes mettent à disposition un Atsem par école, la norme est plutôt d’un agent par classe, dans « 80 % des cas » relève le baromètre. « Nous savions que l’effort des communes était important, mais pas dans ces proportions. Nous pensions également que c’était davantage la marque des grandes villes et des plus riches, or ce n’est pas le cas, c’est très général », commente Yannick Kerauffret.
Ce portrait découle des réponses au questionnaire auquel ont répondu un tiers des adhérents de l’association cet été. S’il ne prétend pas à l’exhaustivité, cela concerne tout de même environ 800 collectivités (de toutes tailles) et près de 15 % des effectifs de primaire.
Le portrait-robot met également en avant le fait que l’école est « ouverte sur des amplitudes horaires importantes… mais occupée dans les faits surtout entre 8 h 30 et 16 h 30 » , que les classes sont « quasiment toutes équipées numériquement », et que les repas servis à la cantine sont « de plus en plus bio... mais pas encore en majorité ».
Le baromètre bat en brèche certains préjugés ou idées contre-intuitives. C'est le cas de l'affirmation qui soutient que « venir chercher son enfant à 16 h 30, ce n’est pas réaliste » . Au vu des réponses, « la grande majorité des enfants ne restent pas après 16 h 30 car les familles s’organisent pour venir les chercher. Là encore, nous avons été surpris » , pose Yannick Kerauffret.
Autre idée reçue sur laquelle revient le baromètre : « La cantine coûte trop cher ». « La cantine est un autre coût invisible pour la plupart des familles. Quand on additionne tous les coûts, cela revient en moyenne à 15 euros par repas et enfant (de 8 à 15 euros précise le baromètre NDLR), or malgré cela, la part que les familles payent est de 3,5 à 4 euros en moyenne. Quand par ailleurs, près d’un quart des collectivités ont mis en place des tarifs sociaux, voire ont mis en place la gratuité ! » , développe le secrétaire adjoint de l’ANDEV.
Alors que la surexposition des enfants aux écrans devient un sujet de débats, le baromètre rappelle qu' « aujourd’hui, dans la grande majorité des communes (77 %), quasiment toutes les classes élémentaires (CP-CM2) sont équipées de matériel numérique », quand ce n’est pas 100 % comme à Maurepas par exemple. Un sujet sur lequel l’Andev veut pousser à la réflexion. « On ressent tous cette injonction, contradictoire, d’équiper les écoles, de déployer toujours plus de matériel, mais en même temps, les questions que cela pose sur le développement des enfants. Des pays ont renoncé au numérique éducatif car les effets ne sont pas si positifs que cela » , développe Yannick Kerauffret.
Autant de données qu’il sera intéressant de suivre car ce baromètre a vocation à durer en devenant annuel. « Cela nous permettra de mesurer l’évolution de certaines données. Par exemple, la part de bio augmente-t-elle ou devient elle une variable d’ajustement ? » , questionne Yannick Kerauffret.
L’Andev espère que ces données serviront également pour la prochaine campagne des élections municipales de mars 2026. L’association prépare d’ailleurs un plaidoyer dans cette perspective.
Consulter le baromètre de l'ANDEV.
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