Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 25 octobre 2024
Jeunesse

Le Service national universel (SNU) de nouveau dans le viseur des sénateurs

Plus d'un mois après que la Cour des comptes a étrillé sévèrement le Service national universel (SNU), le dispositif est à nouveau sous le feu des projecteurs alors que le gouvernement souhaite ramener le déficit à 5 % du PIB dès 2025.

Par Lucile Bonnin

On ne compte plus les fois où le Service national universel (SNU) a fait l’objet de critiques. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2017, le SNU est un séjour qui se déroule en deux temps : un séjour de cohésion de douze jours durant lequel les jeunes participent à des activités et réalisent des missions d’engagement et une phase de mission d’intérêt général ou un service civique de plusieurs mois.

Les perspectives du gouvernement, réaffirmées dans la directive nationale d'orientation pour la mise en œuvre au niveau territorial pour l'année 2024-2025 des politiques de jeunesse, d'engagement civique et de sport, sont d’accueillir 120 000 jeunes dans des séjours de cohésion en 2025 dans le cadre du Service national universel, puis de 365 000 en 2026 avant d’atteindre la « généralisation du SNU à une classe d’âge (2de et en CAP) d’ici la rentrée 2026-2027 ». 

Mais depuis son lancement officiel en 2019, le projet de généralisation de ce dispositif suscite des craintes à la fois sur l’organisation de ces séjours et sur le coût du projet. Et l’examen du projet de loi de finances 2025 pourrait sonner le glas de cette politique. 

Supprimer le SNU pour faire des économies 

Laurent Lafon, président de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication au Sénat a annoncé sur X (ex-Twitter) mardi qu’il proposerait la suppression du SNU dans le Projet de loi de finances 2025. Il indique que « sa suppression permettrait d’économiser 160 millions d’euros ». 

Actuellement, le budget consacré au SNU est en baisse dans le Projet de loi de finances 2025 et passe de 160 millions à 128 millions d’euros. Dans un rapport publié en septembre, la Cour des comptes estime que la généralisation du dispositif à l’horizon 2027 couterait 3,5 à 5 milliards d’euros par an, « sans compter les coûts d’investissement à venir dans les centres d’hébergement, les éventuels surcoûts liés au changement d’échelle et les coûts portés par les autres financeurs publics ».

Interrogé au micro de Public Sénat, le sénateur Laurent Lafon estime que le SNU « est dans une impasse »  et qu’il n’aurait pu avoir un sens que « s’il avait été généralisé à toute une génération. Or, on sait que ce n’est plus possible compte tenu de son coût, près de 4 milliards d’euros. Donc qu’est-ce qu’on fait de cet outil hybride ? » 

Le sénateur de la Creuse Éric Jeansannetas est aussi favorable à sa suppression. « Si c’est proposé à la commission des Finances du Palais du Luxembourg, ça va sûrement passer », confie Éric Jeansannetas à Public Sénat. « Si les sénateurs ont un dispositif dans le viseur pour faire des économies, c’est bien le SNU ». 

Deux rapports défavorables au SNU

Depuis deux ans, les preuves de l’inefficacité de ce dispositif se multiplient tandis que le gouvernement semble s’obstiner à regarder ailleurs en maintenant son projet de généralisation à l’horizon 2027. 

En mars 2023, un rapport présenté par le sénateur de la Creuse Éric Jeansannetas faisait état de dysfonctionnements (lire Maire info du 16 mars 2023). Le rapporteur préconisait le report du projet de généralisation du SNU et mettait en lumière des failles dans les moyens accordés à l’encadrement (animateurs, centres d’hébergement, etc). 

En septembre dernier, la Cour des comptes a présenté un rapport très sévère concernant le SNU (lire Maire info du 18 septembre). Des objectifs non atteints, un coût sous-estimé, et des difficultés de déploiements sont notamment pointés par les magistrats financiers. En clair, le SNU ne trouve pas son public, est mal déployé localement et pourrait être un véritable gouffre financier s’il est amené à être généralisé. 

Comme le souligne le sénateur de la Creuse, « maintenant, plus personne ne croit à sa généralisation »  et ce dispositif « semble totalement marginalisé ». Le Premier ministre Michel Barnier ne s’est pas prononcé à son sujet jusqu’à aujourd’hui. Par ailleurs aucun des ministres du nouveau gouvernement n’a dans ses attributions le portage de cette politique… L’avenir nous dira si c’est une simple omission ou une manière indirecte de rendre les armes. 

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