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Édition du mardi 3 décembre 2024
Jeunesse

« Universités en danger » : un mouvement pour alerter sur la situation budgétaire des facultés

Une mobilisation a lieu aujourd'hui au sein des universités françaises, qui rencontrent de grandes difficultés financières. Les présidents d'université dénoncent unanimement le projet de loi de finances pour 2025.

Par Lucile Bonnin

Montpellier, Reims, Nantes, Toulouse, Tours, Strasbourg, Saint-Etienne, La Rochelle, Grenoble, Lille, Brest, Bordeaux, Avignon… Des présidents d’université de toute la France alertent depuis la présentation du projet de loi de finances 2025 sur la situation des universités, aujourd’hui « intenable ». 

Dès novembre dernier, la fédération France Universités avait obtenu « un rendez-vous en urgence auprès du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », peut-on lire dans un communiqué. « Lors de cet entretien, les présidentes et présidents ont manifesté leur colère et leur incompréhension vis-à-vis d’un projet de loi de finance 2025 toujours plus contraint et précipitant l’ensemble des universités dans une situation extrêmement grave d’un point de vue financier. »  Aujourd’hui, « en l’absence de réponse concrète », une journée de mobilisation « universités en danger »  est organisée dans tout le pays. 

« Halte à la casse de l'enseignement supérieur et de la recherche publics » 

La mobilisation qui se tient ce jour a pour but d’alerter sur les coupes budgétaires visant les facultés. En effet, le projet de loi de finances pour 2025 prévoit un budget pour l’enseignement supérieur et la recherche en baisse (en euros constants). 

Cette décision intervient dans un contexte de détérioration de la situation financière des universités, qui puisent déjà depuis plusieurs années dans la part disponible de leur trésorerie pour faire face à ces dépenses supplémentaires liées à l’inflation ou encore à « certaines mesures salariales décidées par l’exécutif comme la hausse du point d’indice ». Selon France universités, alors qu’elles étaient 15 facultés sur 75 à être déficitaires en 2002, elles sont 60 en 2024. 

« Halte à la casse de l'enseignement supérieur et de la recherche publics ! », peut-on lire sur le compte X de France universités. « Le gouvernement persiste à imposer [aux universités], sans financement, une augmentation des dépenses salariales en relevant, entre autres, leur contribution au compte d’affectation spéciale des pensions. La seule réponse du ministère se résume à renvoyer l’ensemble des universités à leur trésorerie cumulée (2,5 milliards d'euros à l’échelle du pays) dont on sait pertinemment que ce n’est pas de l’argent qui dort. En effet, la majeure partie de la trésorerie d’un établissement étant gagée sur des opérations ciblées et contractualisées, elle ne peut donc être réorientée sur des dépenses courantes telles que les factures d’électricité, les salaires des personnels des universités et encore moins les pensions. » 

L’avenir des universités mis à mal 

Les conséquences financières pour les universités vont être lourdes. Selon les projections, à Nantes par exemple, le déficit budgétaire de l’université atteindrait 15,9 millions d’euros. De même, le président de l’université de Reims Champagne-Ardenne, Christophe Clément, explique à France 3 que « si ces décisions de l'Etat sont maintenues, nous allons être coincés sur notre budget 2025 »  notamment car « il nous manque six millions d'euros pour arriver à avoir un budget soutenable et validable par nos tutelles. » 

Ces difficultés financières font peser un risque sur les prestations proposées jusqu’ici par les facultés publiques. Il va falloir faire des économies et ces dernières auront un impact sur les étudiants. Par exemple, toujours à Reims, l’université prévoit notamment « un arrêt complet des activités pendant les congés avec une période de fermeture d'une semaine par période scolaire (vacances de février, printemps et Toussaint) »  ou encore une « baisse de 20% de la dotation doctorale permettant à des étudiants de réaliser leurs thèses sur trois ans ». 

Pire encore, certaines universités craignent de devoir fermer certaines formations. Selon une information du Monde, Sorbonne Université a annoncé « la fermeture progressive de son école de formation de psychomotriciens qui ne reçoit plus aucun subside de sa tutelle, le ministère de la Santé. »  Enfin, cette situation risque de faire flamber les prix d’inscription dans les universités qui ont déjà augmenté de 2,9 % en moyenne à la rentrée 2024. Pour Macha Woronoff, présidente de l’université de Franche-Comté l’augmentation des droits d’inscription constituerait une décision « indécente dans une période où les étudiantes et étudiants subissent une grande précarité ».

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