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Édition du mercredi 17 septembre 2025
Investissements

Le bloc communal a prévu d'augmenter ses dépenses d'investissement en 2025

Cette hausse de 6 % des intentions d'investissement est portée par les EPCI puisque celles des communes diminuent légèrement, selon une étude de la Banque des territoires. Une augmentation des dépenses qui profite particulièrement aux projets verts. 

Par A.W.

Les maires et présidents d’EPCI prévoient d’augmenter encore leurs investissements en 2025. C’est ce que constate la Banque des territoires à l’occasion de la parution des premiers résultats de son nouvel Observatoire des investissements du bloc communal destiné à « prendre le pouls des dynamiques »  qui ont lieu au sein des communes et intercommunalités.

Une démarche réalisée sur la base d’un panel d’une cinquantaine de communes et EPCI, sur une durée de cinq ans. Pour rappel, plus de la moitié de l’investissement public est réalisé par les collectivités et 60 % de cet investissement public local est assuré par le seul bloc communal.

Un enjeu important donc dans un contexte budgétaire contraint où l’État cherche à faire des dizaines de milliards d’euros d’économies pour assainir les comptes du pays, en réclamant au passage un nouvel effort aux collectivités pour l’année 2026. 

Une hausse portée par les EPCI

Alors que le besoin de financement du bloc communal est « de plus en plus important », ces investissements vont pourtant devoir « continuer à croître dans les années à venir pour répondre aux impératifs de la transition écologique », rappellent les auteurs de l’étude.

Après une hausse des dépenses d’investissement des collectivités de 7 % l’an passé (pour atteindre leur plus haut niveau depuis 18 ans), les intentions des communes et des EPCI dans ce domaine progresseraient d’environ 6 % en 2025 pour atteindre les 3,86 milliards d'euros, estime la Banque des territoires sur la base de son panel.

En pleine année préélectorale, cette hausse est, toutefois, clairement portée par les EPCI, dont « les intentions d’investissement progressent de 8 % entre 2024 et 2025, là où celles des communes diminuent d’environ 2 % ». Résultat, 27 collectivités voient leurs intentions d’investissement progresser (dont 15 communes), quand celles des 20 autres reculent (dont 11 communes). Une hausse qui s’accompagne pourtant d’une baisse du nombre de projets : les collectivités du panel semblent ainsi « se recentrer sur un plus petit nombre de projets, mais de plus grande ampleur ».

Un effort qui reste d’ailleurs très concentré puisque 80 % du volume d’intentions d'investissement est porté par 19 % des projets et 83 % par les grandes villes, contre 17 % par les communes petites et moyennes. Ramenées par habitant, les intentions des grandes villes sont largement supérieures avec 728 euros par habitant en 2025, contre 494 euros pour les autres. Des tendances globalement similaires à l’année 2024. 

Quels secteurs profitent de ces dépenses ? Si la rénovation des bâtiments et les travaux de voirie représentent toujours près de la moitié des intentions d’investissement cette année, ce sont les projets d’aménagement de voiries (+ 22 %) – dont 40 % consacrés aux mobilités douces - et environnementaux (+ 26 %) qui connaissent la plus forte progression. À l’inverse, ceux relatifs à la gestion des déchets sont en baisse (-15 %).

Les investissements verts ciblés

Dans le détail, des hausses de plus de 100 % - voire 200 % - portent sur des investissements verts, tels que la préservation des milieux aquatiques, la valorisation des déchets, la protection et restauration des zones humides ou encore la réhabilitation de friches et l’entretien des cours d’eau…

Et si les grandes villes du panel prévoient d’investir massivement dans les aménagements favorisant les mobilités douces, les petites et moyennes communes se portent plutôt sur la gestion de la ressource en eau (malgré la baisse du nombre de projets liés). En volume, « les projets de rénovation de bâtiments – et notamment énergétique – représentent une majeure partie des intentions ».

Reste que toutes prévoient d’augmenter leurs investissements verts « dans les cinq ans à venir ». En premier lieu, en direction de l’amélioration de la performance énergétique de leur parc de bâtiments et ensuite pour le développement des transports collectifs et la transition vers des mobilités décarbonées. Pour rappel, le coût de la transition écologique est estimé 21 milliards d’euros par an pour les collectivités.

Dans ces circonstances, l’étude constate qu’un peu plus d’une intention d’investissement du bloc communal sur trois aurait un « impact favorable »  sur l’atténuation du changement climatique, celles qui sont principalement portées par « les projets de transports, de rénovation énergétique et d’aménagements de voiries pour les mobilités douces ».

Mais la majeure partie n’a, en fait, « aucun effet »  sur l’atténuation du changement climatique (43 % en 2025) et seulement 2 % « un effet défavorable », « principalement celles qui engendrent une artificialisation des sols, ou liées à l’achat de véhicules thermiques ».

Sur ce point, les petites et moyennes communes peuvent se vanter d’avoir un taux plus élevé que la moyenne avec un projet sur quatre favorable à l’atténuation du changement climatique, contre un tiers pour les grandes villes. Cependant, 8 % de leurs projets auraient un effet défavorable, contre seulement 1 % pour les grandes villes.

Recours à l’emprunt en hausse

Pour financer tous ces investissements, les collectivités se tournent massivement vers l’emprunt. Le recours à ce dernier représente ainsi plus des deux tiers du financement (72 %) de leurs projets, soit une hausse de 12 % par rapport à 2024. Résultat, seules cinq collectivités sur les 27 du panel n’inscrivent aucune recette d’emprunt dans leur budget pour 2025.

Si toutes recourent plus à l’emprunt pour financer leurs investissements, on peut toutefois noter que les communes petites et moyennes ont bien plus l’intention de mobiliser l’autofinancement que les grandes villes. Moins de la moitié de leur financement proviendrait ainsi de l’emprunt quand près de 30 % serait issu de l’autofinancement. Leur niveau de subventions atteindrait là aussi les 15 %, près du double des grandes villes.

Des subventions jugées « cruciales »  pour la mise en œuvre des projets, et notamment pour les projets verts : « 64 % des collectivités du panel estiment que, sans les subventions reçues, leurs projets d’investissements verts n’auraient pas été réalisés »  et 30 % qu’elles ont permis « d’accroître l’ambition des projets de transition écologique mis en œuvre ».

Dans le contexte budgétaire actuel, le président du Comité des finances locales (CFL), André Laignel, avait pointé, en juin dernier, le fait que, l’an passé, les collectivités avaient dû faire fondre leur trésorerie de plus de 40 %, faisant passer celle-ci de 133 à 78 jours. Pour les communes, la trésorerie ne représentait plus que 118 jours avec « des écarts considérables »  puisque les petites communes, plus prudentes, conservaient 500 jours, quand les villes de plus de 100 000 habitants n’en avaient plus que dix. Et les régions, plus que quatre. 

Consulter l’étude.
 

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