En 2019, les administrations publiques locales enregistrent un besoin de financement du fait « d'un investissement très dynamique »
Alors qu’en 2018 les administrations publiques locales et de Sécurité sociale étaient encore à l'origine de la réduction du déficit public, seul l’excédent de la Sécurité sociale s’est renforcé l’an passé. L’État - dont les recettes ont diminué - et « dans une moindre mesure » les administrations publiques locales (Apul) - dont l’investissement s’était « nettement accéléré » - ont ainsi contribué à la détérioration du déficit en 2019. C’est ce qu’a confirmé, l’Insee, vendredi, en publiant les résultats des comptes des administrations publiques de l’an passé.
Un déficit à 3 % en 2019… mais prévu à 11,4 % en 2020
Après deux années consécutives sous la barre des 3 % fixée par les traités européens, le déficit français a atteint cette barre l’an passé du fait de l’augmentation de 0,7 point de produit intérieur brut (PIB) par rapport à 2018 (et s’établissait à 72,7 milliards d’euros). Cependant, « corrigé de l’effet transitoire de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en allègements de cotisations sociales, il représente 2,1 % du PIB », nuancent les auteurs de l’étude.
Reste que ces chiffres sont à analyser aussi au regard de la crise sanitaire qui frappe actuellement le pays et devrait, sans surprise, faire voler en éclats ces résultats, dès 2020. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a ainsi annoncé ce matin que le déficit public français devrait se creuser encore davantage à 11,4% du PIB en 2020, soit au-delà des 9,1% anticipés jusqu'ici. Le déficit du budget de l'Etat devrait donc atteindre 220 milliards d'euros cette année. En cause, la chute violente de l'activité et les dépenses massives engagées pour soutenir l'économie. « Nous sommes de plus en plus endettés » car « nous avons dépensé beaucoup d'argent », mais « la situation est sous contrôle », a déclaré le ministre sur France 2.
Un besoin de financement de 0,9 milliard d’euros pour les Apul
Le déficit de la Sécurité sociale pourrait ainsi dépasser les 52 milliards d'euros en 2020. Alors qu’en 2019, la réduction du déficit des administrations publiques provenait pourtant uniquement des administrations de Sécurité sociale, dont la capacité de financement s’établissait à + 14,1 milliards d’euros et dont les comptes sociaux étaient excédentaires pour la troisième année consécutive.
A l’inverse, contrairement aux dernières années avec des excédents (de 2,7 milliards en 2018, de 1,6 milliard en 2017 et de 3 milliards en 2016), les administrations publiques locales (Apul) ont enregistré un besoin de financement de 0,9 milliard d’euros. L’Insee précise notamment que « les recettes (+ 3,1 %) sont moins dynamiques que les dépenses (+ 4,5 %) soutenues par un investissement très vigoureux » en 2019. « Les rémunérations accélèrent (+ 1,7 %, après + 0,1 % en 2018), sous l’effet de la reprise du protocole PPCR, suspendu en 2018, et d’une baisse des contrats aidés moindre qu’en 2018 » tandis que « l’investissement local est encore plus dynamique que l’année précédente (+ 15,1 % après + 8 %), en particulier dans les communes, en fin de mandat électoral, et pour la Société du Grand Paris », détaillent les auteurs de l’étude.
Du côté de l’Etat, le déficit s’est encore détérioré de 18,2 milliards d’euros en 2019. À noter que celui des organismes divers d’administration centrale a été, pour sa part, réduit de 0,2 milliard d’euros (passant de - 2,5 milliards d’euros à - 2,3 milliards d’euros). « Les recettes des administrations publiques centrales diminuent après une légère progression en 2018 (– 1,5 % après + 0,7 %). Leurs dépenses augmentent alors qu’elles baissaient en 2018 (+ 2,0 % après – 0,6 %) », note l’Insee.
Endettement en hausse de 1,6 milliard d’euros pour les communes
Ces résultats ont permis à la dette publique de se stabiliser à 98,1 % du PIB, comme en 2018, selon l’Insee, bien que la dette des administrations publiques ait toutefois progressé de plus 65 milliards d'euros, pour atteindre 2 380 milliards d'euros.
Celle de l'État s'est accrue de 70 milliards d’euros à cause « principalement des émissions de titres à long terme et des dépôts des correspondants au Trésor dans une moindre mesure ». Celle des Apul augmente également de 4,6 milliards d’euros à 210,3 milliards d’euros. Mais l’Insee rappelle que la Société du Grand Paris participe, à elle seule, à l’accroissement de l’endettement des Apul à hauteur de 2,6 milliards d’euros tandis que les communes ont augmenté, quant à elles, leur endettement pour 1,6 milliard d’euros.
Enfin, les administrations de sécurité sociale ont vu leur contribution à la dette publique reculer de 11 milliards d’euros du fait de la poursuite du désendettement de la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades).
A.W.
Consulter le document de l'Insee.
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