Édition du mardi 28 mars 2017
David Riché : « Il faut un plan Marshall pour la Guyane »
© MDF
L’annonce par Bernard Cazeneuve de la venue sur place d’une délégation de ministres est-elle suffisante pour vous satisfaire ?
Nous avons demandé déjà à deux reprises l’arrivée de ministres. Nous attendons juste qu’ils atterrissent. En attendant, la mobilisation persiste. Aujourd’hui en Guyane, ce n’est pas si houleux et il n’y a pas d’affrontements sur les barrages. Les ministres pourront les traverser sans problème. Mais si le gouvernement ne dépêche pas ses ministres rapidement cela va dégénérer. Et cela ne sera pas faute d’avoir alerté : nous sommes assis sur une bombe.
Souhaitez-vous la venue d’un ministre en particulier ?
Nous aurions souhaité la venue du Premier ministre. Les problèmes ne concernent pas que la sécurité mais aussi le logement, l’éducation, le développement économique, et, en premier lieu, la santé. Nous souhaitons surtout un ministre qui ne vienne pas que pour écouter mais pour signer quelque chose. Cela fait trop longtemps que la Guyane attend des solutions. Fin 2013, au moment où le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, signait un pacte d’avenir avec la Bretagne à la suite de la manifestation des bonnets rouges, le président de la République, qui était présent en Guyane, nous annonçait aussi la signature d’un pacte d’avenir. Nous l’attendons depuis quatre ans maintenant. En 2013, l’Etat nous promettait aussi une OIN (opération d'intérêt national). On l’attend toujours.
Quelles sont les mesures les plus urgentes à prendre ?
Il y a des mesures urgentes à prendre en matière de santé. Le taux de rapatriement sanitaire n’a jamais été aussi élevé. Il y a un rapatriement par jour, voire plus quelquefois. L’hôpital de Cayenne est totalement vétuste et il y a de gros problèmes d’hygiène. Il y a eu des morts de nourissons et plus personne ne veut s’y faire opérer. Depuis 2005, il ne peut pas y avoir, non plus, de don de sang entre Guyanais en raison de la présence d’une punaise porteuse de maladie. Ce problème a été résolu ailleurs mais pas en Guyane. La question se pose de savoir si nous sommes toujours en République ou pas. Ce sont des millions qu’il faudra apporter dans ce domaine de la santé.
Il faut aussi des mesures sur le foncier et le logement. On accumule retard sur retard alors que la démographie est exponentielle. Chaque année, il faut ainsi que j’ouvre une nouvelle classe dans ma commune. A Saint-Laurent-du-Maroni, ce sont de nouvelles écoles qu’il faut y ouvrir, la population augmentant de 3 500 d’habitants par an.
Il faut aussi savoir que 30 % de la population n’a toujours aujourd’hui accès ni à l’électricité ni à l’eau potable. François Mitterrand avait dit que « la fusée Ariane décollait sur fond de bidonville ». C’est toujours le cas. Il faut un plan Marshall pour la Guyane.
La toute récente loi pour l’égalité réelle des Outre-mer est-elle de nature à apporter certaines solutions aux problèmes de la Guyane ?
La loi comprend certaines avancées, notamment sur l’octroi de mer, mais elle ne permet pas de donner tout de suite un emploi ou un logement aux jeunes.
Propos recueillis par Christine Nemarq
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