Édition du lundi 22 juin 2009
Mutualisation et prestation de services: la CJCE franchit un nouveau pas
Dans sa dernière édition, ADCF direct, présente et comment une décision la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) qui admet quune convention de prestation de services conclue entre personnes publiques, sans aucun lien institutionnel entre elles, puisse échapper aux directives marchés publics (1). Cette solution «extensive» semble donc garantir a fortiori la protection des relations contractuelles entre communes et communauté au regard du droit de la concurrence, quil sagisse de conventions de mutualisation de services ou de prestation de services.
Dans son recours introduit contre lAllemagne, la Commission considérait que le contrat conclu directement entre quatre circonscriptions administratives (Landkreise) et la ville de Hambourg pour lélimination de leurs déchets contrevenait aux règles de passation des marchés publics de services.
Dans son jugement, la Cour reconnaît la possibilité pour les collectivités locales de conclure des conventions de prestations de services en dehors de toute procédure de mise en concurrence, sans le truchement du critère «in house». En lespèce, les quatre Landkreise concernés nexercent sur leur cocontractant aucun contrôle qui pourrait être qualifié danalogue à celui quils exercent sur leurs propres services. La notion de «in house» ne peut donc trouver à sappliquer dans ce cas.
Malgré linapplicabilité du critère «in house» au cas despèce, la CJCE estime toutefois que le contrat nentre pas dans le champ dapplication des règles de la commande publique et na donc pas à en respecter le formalisme. Pour ce faire, les juges relèvent que «le contrat (
) instaure une coopération entre collectivités locales ayant pour objet dassurer la mise en oeuvre dune mission de service public qui est commune à ces dernières, à savoir lélimination de déchets. (
). La mise en oeuvre de cette coopération est uniquement régie par des considérations et des exigences propres à la poursuite dobjectifs dintérêt public (
). Il y a donc lieu de rejeter le recours».
Lors de laudience du 9 juin, la Commission européenne a par ailleurs précisé sa position quant à la coopération. Si cette coopération sétait traduite par la création dun organisme intercommunal que les différentes collectivités concernées auraient chargé daccomplir la mission dintérêt général délimination des déchets, elle aurait admis que lutilisation de la centrale par les Landkreise concernés ne relevait pas de la réglementation relative aux marchés publics.
Il sagit donc, selon la lettre de lAssemblée des communautés de France, «dune reconnaissance explicite par la Commission elle-même du fait que les relations intercommunales se placent par nature en dehors des règles du marché intérieur. En loccurrence, cet argument na pas été retenu par la CJCE qui a préféré adopter une position plus large en intégrant dans son raisonnement lensemble des relations contractuelles, y compris celles développées en dehors de toute structure intercommunale. »
Il nen demeure pas moins, précise les auteurs de larticle, «quil sagit dun signal important de la part de la Commission» qui, rappelons-le, dispose toujours entre ses mains du dossier français de «mutualisation des services».
(1) Affaire C-480/06, arrêt du 9 juin 2009. Voir lien ci-dessous pour accéder au formulaire de recherche.
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