Édition du vendredi 16 novembre 2018
Intégrer les exclus du numérique au service public numérique de demain
D’un côté, Emmanuel Macron s’est engagé à réussir la dématérialisation intégrale des services publics d’ici 2022. De l’autre, 13 millions de Français se disent en difficulté avec le numérique. Comment alors mettre en marche la transition numérique sans « laisser personne sur le bord du chemin » ? C’est l’équation que les invités du 4e Forum numérique des collectivités locales, organisé par La Gazette des communes hier, au Pavillon Kléber à Paris, devaient tenter de résoudre. Ce qui a donné lieu à des débats sur la gestion de la relation citoyen (GRC) et la médiation numérique.
Pour répondre à cet enjeu, John Billard, maire du Favril (Eure-et-Loir) et vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) en charge du numérique, a développé le site internet de sa mairie, en partenariat avec Docapost, une filiale du groupe La Poste, avec un leitmotiv en tête : « Comment remettre la mairie au centre du village ». L’idée du nouveau site internet, qui verra le jour « dans les semaines à venir », est de « proposer un accès à tous les services publics » quel que soit l’échelon en charge de la compétence. « L’usager s’identifie ainsi une seule fois (…) L’organisation du site est faite de telle sorte à ce que la collectivité qui traite la compétence (intercommunalité, département) soit informée pour régler la situation », a expliqué le maire qui plaide pour que la commune soit « le point d’entrée ».
France Connect Aidants pour sécuriser la relation aidants-usagers
Pour « s’occuper de ceux qui se sentent exclus du numérique », Xavier Crouan, directeur général à l’information et à la relation citoyen à Nantes Métropole, mise, quant à lui, sur une réorganisation des ressources humaines. Il « faut passer dans les collectivités d’un système d’accueil à un système de médiation pour accompagner les publics sensibles ». C’est en somme l’état d’esprit de l’outil « France Connect Aidants » proposé dans le Plan national pour un numérique inclusif (l’ensemble des propositions est à télécharger ci-dessous). Sa vocation est de « permettre une connexion sécurisée par un professionnel habilité préalablement qui sera amené́ à faire des démarches administratives en ligne à la place d’une personne ne parvenant pas à les faire seule. L’objectif est de sécuriser la relation aidant-usager », précisait Orianne Ledroit, directrice de la Mission Société numérique. « Il faut bien imaginer que certains Français ne monteront pas en compétence parce qu'ils n'en ont tout simplement pas envie. »
Toutes « ces bonnes intentions » n'ont pas suffi à convaincre Laurence Comparat, maire-adjointe à la ville de Grenoble et présidente de l'association OpenData France, présente dans la salle. Selon elle, « on est face à un risque, c'est qu'il y ait une perte de droits pour nos concitoyens les moins à l'aise avec le numérique », redoute-t-elle, en référence notamment à la baisse du nombre d'emplois aidés et à la suppression en 2019 de 800 emplois à Pôle Emploi. « Ce plan n'est pas à la hauteur des enjeux », conclut l'élue.
Le plan France Très Haut, « un paquebot à l'arrêt »
Un autre plan gouvernemental est loin de faire l'unanimité. Il s'agit du Plan France Très Haut débit. Lancé en 2013 « pour couvrir l'intégralité du territoire en bon débit en 2020 et en très haut débit en 2022 », ce plan (3,3 milliards d’euros financés par l’État) « est un paquebot à l’arrêt », s’est agacé Ariel Turpin, délégué général de l’Association des villes et des collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca).
Dans son viseur : les zones dites Amel (Appels à manifestation d’engagements locaux), lancées par le gouvernement à la fin de l’année 2017 pour permettre aux opérateurs privés de financer les dernières phases des réseaux d’initiative publique (RIP), « qui deviennent rentables ». Le maintien des Amel retarde de surcroît la réouverture du guichet du Fonds pour la société numérique (FSN) : celle-ci ne sera étudiée par Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, qu’à la fin de l’année 2019.
Dans les zones Amii (financées par le secteur privé), 92% des locaux devront être raccordables à la fibre optique jusqu’à l’abonné (Ftth) à la fin de l’année 2020 (les 8% restants seront raccordables à la demande). Là encore, Ariel Turpin a tiqué : « Le calendrier sur le fixe ne sera pas tenu. On n’est plus sur un objectif 100% Ftth en 2020 donc ce n’est plus mesurable. Je ne vois pas dans ce cas comment les engagements non respectés par les opérateurs pourraient être éventuellement sanctionnés. » « On est marqué à la culotte par l'Avicca, c'est une très bonne chose », a rétorqué Zacharia Alahyane, directeur de la Mission France Mobile et représentant de l'État.
Pour répondre à cet enjeu, John Billard, maire du Favril (Eure-et-Loir) et vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) en charge du numérique, a développé le site internet de sa mairie, en partenariat avec Docapost, une filiale du groupe La Poste, avec un leitmotiv en tête : « Comment remettre la mairie au centre du village ». L’idée du nouveau site internet, qui verra le jour « dans les semaines à venir », est de « proposer un accès à tous les services publics » quel que soit l’échelon en charge de la compétence. « L’usager s’identifie ainsi une seule fois (…) L’organisation du site est faite de telle sorte à ce que la collectivité qui traite la compétence (intercommunalité, département) soit informée pour régler la situation », a expliqué le maire qui plaide pour que la commune soit « le point d’entrée ».
France Connect Aidants pour sécuriser la relation aidants-usagers
Pour « s’occuper de ceux qui se sentent exclus du numérique », Xavier Crouan, directeur général à l’information et à la relation citoyen à Nantes Métropole, mise, quant à lui, sur une réorganisation des ressources humaines. Il « faut passer dans les collectivités d’un système d’accueil à un système de médiation pour accompagner les publics sensibles ». C’est en somme l’état d’esprit de l’outil « France Connect Aidants » proposé dans le Plan national pour un numérique inclusif (l’ensemble des propositions est à télécharger ci-dessous). Sa vocation est de « permettre une connexion sécurisée par un professionnel habilité préalablement qui sera amené́ à faire des démarches administratives en ligne à la place d’une personne ne parvenant pas à les faire seule. L’objectif est de sécuriser la relation aidant-usager », précisait Orianne Ledroit, directrice de la Mission Société numérique. « Il faut bien imaginer que certains Français ne monteront pas en compétence parce qu'ils n'en ont tout simplement pas envie. »
Toutes « ces bonnes intentions » n'ont pas suffi à convaincre Laurence Comparat, maire-adjointe à la ville de Grenoble et présidente de l'association OpenData France, présente dans la salle. Selon elle, « on est face à un risque, c'est qu'il y ait une perte de droits pour nos concitoyens les moins à l'aise avec le numérique », redoute-t-elle, en référence notamment à la baisse du nombre d'emplois aidés et à la suppression en 2019 de 800 emplois à Pôle Emploi. « Ce plan n'est pas à la hauteur des enjeux », conclut l'élue.
Le plan France Très Haut, « un paquebot à l'arrêt »
Un autre plan gouvernemental est loin de faire l'unanimité. Il s'agit du Plan France Très Haut débit. Lancé en 2013 « pour couvrir l'intégralité du territoire en bon débit en 2020 et en très haut débit en 2022 », ce plan (3,3 milliards d’euros financés par l’État) « est un paquebot à l’arrêt », s’est agacé Ariel Turpin, délégué général de l’Association des villes et des collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca).
Dans son viseur : les zones dites Amel (Appels à manifestation d’engagements locaux), lancées par le gouvernement à la fin de l’année 2017 pour permettre aux opérateurs privés de financer les dernières phases des réseaux d’initiative publique (RIP), « qui deviennent rentables ». Le maintien des Amel retarde de surcroît la réouverture du guichet du Fonds pour la société numérique (FSN) : celle-ci ne sera étudiée par Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, qu’à la fin de l’année 2019.
Dans les zones Amii (financées par le secteur privé), 92% des locaux devront être raccordables à la fibre optique jusqu’à l’abonné (Ftth) à la fin de l’année 2020 (les 8% restants seront raccordables à la demande). Là encore, Ariel Turpin a tiqué : « Le calendrier sur le fixe ne sera pas tenu. On n’est plus sur un objectif 100% Ftth en 2020 donc ce n’est plus mesurable. Je ne vois pas dans ce cas comment les engagements non respectés par les opérateurs pourraient être éventuellement sanctionnés. » « On est marqué à la culotte par l'Avicca, c'est une très bonne chose », a rétorqué Zacharia Alahyane, directeur de la Mission France Mobile et représentant de l'État.
À Paris, Ludovic Galtier
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