Édition du jeudi 6 septembre 2018
Inquiétudes sur la présence des CRS sur les plages en 2019
C’est un serpent de mer qui a resurgi en plein cœur de l’été. Alors que leur nombre n’a cessé de reculer depuis le début des années 2000 - ils étaient 722 en 2002 - les 297 maitres-nageurs sauveteurs (MNS) des compagnies républicaines de sécurité (CRS), mobilisés en 2018 dans 66 communes (contre 126 en 2002 et 99 en 2011) pourraient cesser de surveiller les plages dangereuses ou très fréquentées à partir de 2019 afin de « se concentrer sur leurs missions régaliennes ».
C’est Gérard Collomb, lui-même, qui a ouvert la voie à ce scénario. À la mi-juillet, dans une réponse à la question écrite du député MoDem Fabien Lainé, pour qui « la non-reconduction de ce dispositif pour la saison estivale 2019 et les suivantes dépasserait l'entendement », le ministre de l’Intérieur affirmait : « Si des nageurs-sauveteurs des compagnies républicaines de sécurité (CRS) participent, historiquement (depuis 1958, ndlr), à ce dispositif, il ne s’agit pas d’une mission propre des CRS, puisque la police des baignades ne relève ni des missions régaliennes de l’État ni de ses obligations légales (mais de celles du maire, ndlr), argumente-t-il. De nouvelles évolutions ne doivent pas être exclues par principe pour permettre aux forces de l’ordre de se concentrer sur leurs missions régaliennes, notamment en période estivale. »
« Notre présence est indispensable »
Or, avait anticipé le député de Gironde, Fabien Lainé, la surveillance des plages est « une mission régalienne » des MNS-CRS dans une période où « la menace terroriste ne s’est pas étiolée ». « Nos plages font partie de la République et ça ne doit pas être des zones de non-droit », complétait son collègue de Gironde, Benoit Simian, sur Europe 1.
Depuis l’été 2016 et la vague d’attentats perpétrés dans l’Hexagone, les MNS-CRS sont dotés d’un sac étanche contenant un pistolet automatique afin de répondre aux éventuelles attaques terroristes. « Notre présence est indispensable sur les plages notamment face aux risques d’attentats », estimait Cyril Lambert, référent national UNSA des CRS sauveteurs, interrogé par l’AFP en août.
La fin de cette mission serait « une perte considérable pour la sécurité de nos concitoyens et des touristes étrangers sur nos plages », redoutait, auprès de l’AFP, Daniel Fasquelle, député LR du Pas-de-Calais et conseiller municipal du Touquet. Et ce à l’heure où le nombre de noyades est en « forte augmentation ». Selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France le 16 août, 1 758 noyades ont été enregistrées entre le 1er juin et le 9 août, soit deux fois plus qu’en 2015 à la même époque (858). Le nombre de noyades suivies de décès a, lui, « augmenté dans une moindre mesure » (373 contre 329 en 2015).
« Une charge indue » pour l’État dénoncée par la Cour des comptes
En toile de fond, c’est la question budgétaire qui est sur la table. Dans un rapport publié en 2017, la Cour des comptes juge la facture trop salée pour l’État. Cinq ans plus tôt déjà, une publication sur l’organisation du secours en montagne et de la surveillance des plages, rédigée par les fonctionnaires de la rue Cambon, considérait que « le dispositif de renforts saisonniers de maîtres-nageurs sauveteurs des CRS est irrégulier et inéquitable » et ne « saurait être durablement maintenu ». Les renforts saisonniers de CRS pour surveiller les baignades représentent aussi « une charge indue pour l’État dans un domaine relevant de la responsabilité des communes », toujours selon les auteurs du rapport.
D’après eux, l’État aurait ainsi déboursé 4,5 millions d’euros pour les 468 MNS-CRS affectés pendant deux mois sur les plages en 2011. « Dans un contexte de réduction globale d’effectifs et de moyens, les renforts saisonniers de maîtres-nageurs sauveteurs CRS prélevés chaque été sur les compagnies de CRS créent une tension pour le bon accomplissement de la mission première du corps, qui est le maintien et le rétablissement de l’ordre public », concluait le rapport. Soit l’argument avancé aujourd’hui par le ministère de l’Intérieur : la décision est attendue sans doute pour les prochaines semaines.
Dans le même temps, les services de Beauvau incitent les maires à recruter des pompiers ou même du personnel privé pour surveiller les plages de leur commune. C’est le cas, par exemple, à Mimizan, une station balnéaire des Landes.
Embaucher des maîtres-nageurs sauveteurs civils est, en effet, de plus en plus une mission qui relève de l’impossible. « Il manque aujourd'hui 5 000 maîtres-nageurs », s'alarmait, le 11 août dans le Journal du dimanche, Axel Lamotte, secrétaire général adjoint du Syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs. Une pénurie dont la principale conséquence est la fermeture partielle ou totale de piscines municipales.
C’est Gérard Collomb, lui-même, qui a ouvert la voie à ce scénario. À la mi-juillet, dans une réponse à la question écrite du député MoDem Fabien Lainé, pour qui « la non-reconduction de ce dispositif pour la saison estivale 2019 et les suivantes dépasserait l'entendement », le ministre de l’Intérieur affirmait : « Si des nageurs-sauveteurs des compagnies républicaines de sécurité (CRS) participent, historiquement (depuis 1958, ndlr), à ce dispositif, il ne s’agit pas d’une mission propre des CRS, puisque la police des baignades ne relève ni des missions régaliennes de l’État ni de ses obligations légales (mais de celles du maire, ndlr), argumente-t-il. De nouvelles évolutions ne doivent pas être exclues par principe pour permettre aux forces de l’ordre de se concentrer sur leurs missions régaliennes, notamment en période estivale. »
« Notre présence est indispensable »
Or, avait anticipé le député de Gironde, Fabien Lainé, la surveillance des plages est « une mission régalienne » des MNS-CRS dans une période où « la menace terroriste ne s’est pas étiolée ». « Nos plages font partie de la République et ça ne doit pas être des zones de non-droit », complétait son collègue de Gironde, Benoit Simian, sur Europe 1.
Depuis l’été 2016 et la vague d’attentats perpétrés dans l’Hexagone, les MNS-CRS sont dotés d’un sac étanche contenant un pistolet automatique afin de répondre aux éventuelles attaques terroristes. « Notre présence est indispensable sur les plages notamment face aux risques d’attentats », estimait Cyril Lambert, référent national UNSA des CRS sauveteurs, interrogé par l’AFP en août.
La fin de cette mission serait « une perte considérable pour la sécurité de nos concitoyens et des touristes étrangers sur nos plages », redoutait, auprès de l’AFP, Daniel Fasquelle, député LR du Pas-de-Calais et conseiller municipal du Touquet. Et ce à l’heure où le nombre de noyades est en « forte augmentation ». Selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France le 16 août, 1 758 noyades ont été enregistrées entre le 1er juin et le 9 août, soit deux fois plus qu’en 2015 à la même époque (858). Le nombre de noyades suivies de décès a, lui, « augmenté dans une moindre mesure » (373 contre 329 en 2015).
« Une charge indue » pour l’État dénoncée par la Cour des comptes
En toile de fond, c’est la question budgétaire qui est sur la table. Dans un rapport publié en 2017, la Cour des comptes juge la facture trop salée pour l’État. Cinq ans plus tôt déjà, une publication sur l’organisation du secours en montagne et de la surveillance des plages, rédigée par les fonctionnaires de la rue Cambon, considérait que « le dispositif de renforts saisonniers de maîtres-nageurs sauveteurs des CRS est irrégulier et inéquitable » et ne « saurait être durablement maintenu ». Les renforts saisonniers de CRS pour surveiller les baignades représentent aussi « une charge indue pour l’État dans un domaine relevant de la responsabilité des communes », toujours selon les auteurs du rapport.
D’après eux, l’État aurait ainsi déboursé 4,5 millions d’euros pour les 468 MNS-CRS affectés pendant deux mois sur les plages en 2011. « Dans un contexte de réduction globale d’effectifs et de moyens, les renforts saisonniers de maîtres-nageurs sauveteurs CRS prélevés chaque été sur les compagnies de CRS créent une tension pour le bon accomplissement de la mission première du corps, qui est le maintien et le rétablissement de l’ordre public », concluait le rapport. Soit l’argument avancé aujourd’hui par le ministère de l’Intérieur : la décision est attendue sans doute pour les prochaines semaines.
Dans le même temps, les services de Beauvau incitent les maires à recruter des pompiers ou même du personnel privé pour surveiller les plages de leur commune. C’est le cas, par exemple, à Mimizan, une station balnéaire des Landes.
Embaucher des maîtres-nageurs sauveteurs civils est, en effet, de plus en plus une mission qui relève de l’impossible. « Il manque aujourd'hui 5 000 maîtres-nageurs », s'alarmait, le 11 août dans le Journal du dimanche, Axel Lamotte, secrétaire général adjoint du Syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs. Une pénurie dont la principale conséquence est la fermeture partielle ou totale de piscines municipales.
Ludovic Galtier
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