Inclusion numérique : les 250 millions d'euros permettront de « financer des postes de formateurs » dans les territoires
Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, était interrogé la semaine dernière par la mission d’information illectronisme et inclusion numérique du Sénat, sur la répartition des 250 millions d’euros (sur deux ans) dédiés à l’inclusion numérique dans le plan de relance. Une enveloppe, plus précisément destinée à « accompagner l’autonomie de quatre millions de Français vers le numérique, expliquait, en introduction, le président de la mission et sénateur Union centriste de la Moselle Jean-Marie Mizzon. C’est prendre acte que les 30 millions d’euros budgétés jusque-là n’étaient pas à la hauteur. » 13 millions de Français, un chiffre largement sous-estimé pour le Conseil national du numérique, seraient touchés par l'illectronisme en France.
200 000 pass numériques délivrés
Fer de lance de la stratégie nationale pour un numérique inclusif, dont Cédric O a égrené l’historique (MedNum, hubs territoriaux, Aidant Connect...), le pass numérique, équivalent d’un carnet de tickets restaurant (5 ou 10 tickets de 10 euros) à dépenser dans des lieux de médiation numérique préalablement identifiés, a permis, depuis son déploiement entamé début 2020, à « 200 000 » Français de se former aux compétences de base. Bien trop peu quand le gouvernement prévoit de former 6 à 7 millions de Français en difficulté avec les outils numériques. « Votre impatience est la mienne », a convenu Cédric O, non sans rappeler que le déploiement du pass numérique « s’est pris le covid dans le nez » et que les lieux dans lesquels ils doivent être dépensés mettent parfois « du temps à rouvrir ».
Les collectivités, par ailleurs, « ne sont pas toutes sur un même pied d’égalité », déplorait Raymond Vall, sénateur Parti radical de gauche du Gers, inquiet de constater des « disparités de moyens » entre les territoires. Les plus ruraux d'entre eux ont surtout consacré ces dernières années une part importante de leur budget aux infrastructures pour accueillir la fibre.
Au total, une trentaine de départements n’ont pas bénéficié du premier appel à projets « pass numériques ». « Nous avons relancé un appel d’offres de 15 millions d’euros pour que les départements et les régions qui n’étaient pas concernés par le premier appel d’offres le soient » cette fois-ci, a rétorqué Cédric O, qui regrette, toutefois, que tous les territoires ne se soient pas dotés d’une stratégie d’inclusion numérique. « Il y a aussi une grande disparité entre des territoires comme les Hauts-de-France, la Savoie, les Pyrénées-Atlantiques, la Creuse, qui ont déployé une stratégie d’inclusion numérique, ont identifié les publics prioritaires et les structures sur lesquelles ils veulent s’appuyer et qui sont prêts à accueillir des pass numériques, et d’autres territoires qui n’ont pas mené cette réflexion. »
L’État prêt à financer certains postes de formateurs à 100 %
Pour autant, le problème « majeur » auquel est confronté le gouvernement pour former les Français est ailleurs. Le secrétaire d’État est surtout préoccupé par le « manque de formateurs ». Les 250 millions d’euros seront donc surtout fléchés vers le déploiement du plus grand nombre de formateurs numériques sur le territoire (un formateur sait autonomiser 500 personnes par an) incluant un système de péréquation. On devrait avoir plus de précision sur le dispositif auquel les collectivités territoriales seront associées, « d’ici un mois ».
Lors de la rencontre organisée le 15 septembre avec les associations de collectivités, Cédric O a insisté sur les missions de ces formateurs qui devront être dédiés à l’autonomie numérique des Français : « On a 250 millions d’euros, on est prêt à payer des postes à 100 %, mais il faut nous dire où ils vont, il ne faut pas que les postes servent à faire l’agent d’accueil et à rebrancher le wifi. Le poste n’a pas vocation à être le troisième ETP France Service ».
Ludovic Galtier
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