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Édition du jeudi 4 mars 2021
Fonction publique

Haute fonction publique : le gouvernement réserve une voie d'accès aux élèves « les moins favorisés »

Un concours externe spécial réservé aux candidats boursiers sera mis en place dès la rentrée 2021 dans cinq grandes écoles. Une voie d'accès qui doit permettre de relever la proportion des élèves issus des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées - jugée trop faible aujourd'hui au regard de leur part dans la population - dans la haute fonction publique.

« Redonner de l’espoir à la jeunesse de France », « lutter contre l’assignation à résidence sociale »  et « garantir de nouveaux talents »  au sein de l’administration publique, sans « revoir à la baisse le niveau d’exigence ». C’est l’ambition de l’ordonnance présentée, hier, en Conseil des ministres, par la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin dont le but est de « favoris[er] l’égalité des chances pour l’accès à certaines écoles de service public »  et qui représente la première pierre de la réforme de la haute fonction publique.

« Diversité sociale et territoriale » 

Cette ordonnance, approuvée fin février par le Conseil commun de la fonction publique (CCFP), met ainsi en place, « à titre expérimental et jusqu’en 2024 », un concours externe spécial pour favoriser l’entrée des candidats titulaires d’une bourse de l’enseignement supérieur à cinq grandes écoles de service public : l’École nationale d’administration (Ena), l’Institut national des études territoriales (Inet), l’École des hautes études de santé publique (EHESP), l’École nationale supérieure de la police (ENSP) et l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap).
La création de cette voie d’accès réservée aux élèves issus des « catégories socioprofessionnelles les moins favorisées »  fait suite aux annonces d’Emmanuel Macron, début février, dans le cadre du programme Talents du service public, dont l’objectif est de « former les hauts fonctionnaires de demain »  afin qu’ils représentent « davantage la diversité sociale et territoriale [du] pays ».
Car le constat est toujours le même : cette représentativité n’est, en 2021, toujours pas respectée. « La proportion d’élèves issus des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées est aujourd’hui trop faible dans les écoles de service public, plus particulièrement celles destinant aux postes d’encadrement supérieur de la fonction publique de l’État, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière », rappelle le rapport qui accompagne l’ordonnance et souligne que « la fonction publique ne remplit plus tout son rôle »  en matière de lutte contre « l’assignation à résidence sociale ».
C’est ainsi que les enfants d'ouvriers - qui représentent près de 20 % de la population active française - ne représentent que 5 % des effectifs dans les écoles de la haute fonction publique en 2020-2021 (3 % de ceux de l'Ena et de l’ENSP, 4 % pour l'Inet et l’Enap et 7 % pour l'EHESP).

Niveau d'exigence identique

Pour « redevenir l'ascenseur social que [la fonction publique] a été », le concours spécial réservé aux candidats boursiers va être mis en place dès les sessions d’accès de ces cinq grandes écoles organisées pour la rentrée 2021 afin de « prendre en considération, non plus seulement la stricte égalité formelle entre les candidats, mais d'observer leurs chances de réussite au vu de leur situation sociale et du parcours de formation qu'ils ont suivi ».
Outre les critères sociaux, les procédures de sélection pour être admis à suivre les cycles de formation tiendront compte « des parcours de formation, des aptitudes et de la motivation des candidats ». Concrètement, pourront se présenter à ce concours les personnes ayant suivi, « dans les quatre années civiles précédant l'année au cours de laquelle le concours est ouvert, un cycle de formation préparant à l'un ou plusieurs des concours externes ou assimilés donnant accès à ces écoles ou organismes, accessible au regard de critères sociaux et à l'issue d'une procédure de sélection ».
L’ordonnance précise que les candidats seront sélectionnés par « le même jury que ceux du concours externe »  et passeront les mêmes épreuves, « le niveau d’exigence demeurera donc le même que celui attendu de la part des candidats aux concours externes ». Le jury aura, toutefois, « la possibilité, s’il le juge nécessaire, de prévoir des critères d’évaluation adaptés aux candidats ayant bénéficié des cycles de formation ».

Jusqu’à 15 % des places totales

Reste que le nombre de places offertes ne pourra excéder 15 % du nombre de places offertes au titre du concours externe, mais devra être « compris entre 10 % et 15 % », précise le décret accompagnant l’ordonnance.
Pour rappel, le dispositif « Talents du service public »  prévoit la mise en place de « Cordées du service public »  visant à accompagner des collégiens et lycéens vers la fonction publique, la création de 1 000 places supplémentaires dans les « prépas Talents »  ainsi que le doublement de la « bourse Talents »  qui passe de 2 000 à 4 000 euros (pour soutenir les élèves qui se préparent aux concours de la fonction publique).
À noter que, en parallèle, un chantier de refonte des épreuves des concours d’accès aux écoles de service public doit être engagé afin de garantir leur caractère non discriminatoire et leur adéquation aux compétences recherchées par les administrations.

A.W.

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