Édition du mardi 3 décembre 2002
Jacques Chirac appelle à la mobilisation en faveur des personnes handicapées
Jacques Chirac en a fait un des "grands chantiers" de son quinquennat. Le chef de l'Etat devait lancer ce mardi un "appel à la mobilisation" en faveur des personnes handicapées, à l'occasion de l'installation du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) et de la Journée internationale des personnes handicapées.
Les 70 à 80 membres du CNCPH - institution créée en 1975 qui rassemble les représentants des associations de handicapés, mais aussi les collectivités locales et les organismes de tutelle - devaient être reçus mardi matin à l'Elysée. Devraient également être présents Jean-François Mattéi (ministre de la Santé), François Fillon (Affaires sociales), Marie-Thérèse Boisseau (Personnes handicapées), Luc Ferry (Education) et Gilles de Robien (Transports).
L'occasion pour Jacques Chirac de présenter, pour la première fois depuis sa réélection en mai dernier, ses ambitions de réforme de la politique en faveur des personnes handicapées en France.
Et la tâche est immense.
Aides multiples et souvent enchevêtrées, mauvaise information des familles, défaillances criantes dans l'intégration scolaire des mineurs, faible accessibilité des transports : les handicapés français - entre 2,5 et 5,5 millions de personnes selon les sources et les définitions - subissent toujours un véritable parcours du combattant.
Ainsi, environ un quart des jeunes handicapés accueillis en établissements ne font l'objet d'aucune scolarisation. Un chiffre qui vient s'ajouter à ceux qui restent dans leur famille ou sont pris en charge par des institutions belges, faute de place en France. La Défenseure des enfants Claire Brisset déplorait ainsi dans son rapport annuel que les familles soient souvent réduites au "repli sur soi" et à la "quête perpétuelle de solutions empiriquement glanées".
Le sort des adultes n'est guère plus enviable. Sur les 840 000 personnes handicapées en âge de travailler (de 20 à 59 ans), plus de 215 000 sont à la recherche d'un emploi, selon les chiffres de l'Agefiph (Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) et de l'Adapt (Association pour l'insertion des personnes handicapées).
Alors que la loi du 10 juillet 1987 impose aux établissements de 20 salariés et plus d'embaucher au moins 6 % de travailleurs handicapés, un quart de ces entreprises n'emploie aucun handicapé et un autre quart se situe sous le seuil des 6 %. Enfin, entre 1985 et 2001, les moyens publics consacrés au handicap sont passés de 2,1 à 1,7% du PIB, ce relâchement étant imputable pour l'essentiel à l'Etat.
Il n'est dès lors pas étonnant que près de neuf familles concernées sur dix (86%) jugent que les handicapés ne sont pas bien intégrés, selon un sondage Louis-Harris publié en septembre par "Pèlerin magazine".
Une situation à laquelle Jacques Chirac affirme vouloir mettre fin. Marie-Thérèse Boisseau a déjà annoncé la création en 2003 de 1 300 postes d'"auxiliaires de vie" pour aider les handicapés à domicile, portant ainsi leur nombre à 5 000. Les créations de places dans les établissements spécialisés devraient également être doublées l'année prochaine. Surtout, la secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées doit présenter à l'automne 2003 une loi d'orientation et de programmation réformant la loi de 1975.
D'ores et déjà, quelques pistes de réforme ont été évoquées dans un rapport récent de la Commission des affaires sociales du Sénat. Les sénateurs s'y prononçaient notamment pour l'instauration d'une "allocation compensatrice individualisée", financée par l'Etat et remplaçant la totalité des prestations existantes. Ils prônaient également l'inscription dans la loi de "l'obligation d'accessibilité des transports en commun".
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