Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 24 mars 2022
Guerre en Ukraine

Le président ukrainien demande davantage de soutien à la France

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est adressé, hier, au Parlement français, en visioconférence. Il a lancé un appel aux entreprises françaises présentes en Russie à quitter le pays et multiplié les références aux « valeurs de la France ». 

Par Franck Lemarc

Dans ses interventions devant chaque Parlement, le président Zelensky fait référence à l’histoire et aux valeurs du pays concerné – il a ainsi évoqué Pearl Harbor devant le Congrès américain, Churchill devant la Chambre des communes britanniques, la Shoah devant la Knesset israélienne. Il a fait de même, hier, devant les députés et les sénateurs français, en déclarant que l’agression russe était « « une guerre contre la liberté, l’égalité et la fraternité »  et en comparant la situation de Marioupol à celle de « Verdun ». Les images de l’Ukraine « rappellent les photographies de la Première Guerre mondiale », a souligné le président ukrainien, décrivant les exactions d’une armée russe qui « ignore toutes les conventions », « détruit tout, quartiers résidentiels, hôpitaux, écoles, entrepôts de nourriture et de médicaments », rapportant des cas de « réfugiés tués sur les routes et journalistes assassinés sciemment ». 

Sanctions

Volodymyr Zelensky a salué Emmanuel Macron et « le véritable leadership »  de celui-ci dans cette crise, et a espéré que « pendant la présidence française de l’Union européenne, une décision sera prise sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ». Mais « nous avons besoin de plus d’aide, de plus de soutiens », a poursuivi le président ukrainien, avec cette formule : « Pour gagner, la liberté doit être bien armée ». Réclamant à la France « des chars, des armes antichars, des avions de combat », Volodymyr Zelensky n’a toutefois pas, comme il l’a fait ces dernières semaines, demandé une intervention militaire directe de la France pour protéger le ciel ukrainien. 

Il a davantage insisté sur les « sanctions contre l’agresseur », exigeant que « les entreprises françaises quittent le marché russe ». Alors que, hier, l’écologiste Yannick Jadot a soulevé la polémique en qualifiant le groupe TotalEnergie de « complice de crimes de guerre », Volodymyr Zelensky a eu des mots bien plus précis et plus durs encore : « Renault, Auchan, Leroy-Merlin doivent cesser d’être les sponsors de la machine de guerre russe, ils doivent arrêter de financer les meurtres d’enfants et de femmes, les viols. » 

Signalons à ce sujet que le groupe Renault a annoncé, hier, la « suspension »  de l’activité de son usine de Russie. 

Appels au boycott

Des voix s’élèvent également, en Ukraine comme en France, pour le « boycott »  des entreprises françaises qui continuent leur activité en Russie : la députée ukrainienne Lesia Vasylenko, par exemple, a demandé ce matin sur France info que les citoyens français « cessent de faire leurs achats »  dans les enseignes françaises qui n’ont pas quitté la Russie, voir exigent qu’elles « quittent leur municipalité ». 

Cette question du boycott a d’ailleurs été évoquée, avant-hier, lors de la visioconférence qui a réuni quelque 200 élus locaux européens et ukrainiens, sous l’égide du Conseil de l’Europe. Outre les témoignages poignants des maires d’Ukraine sur la situation des villes bombardées, et l’alerte donnée sur les enlèvements de maires par l’armée russe, qui semblent se multiplier, plusieurs maires ont demandé à leurs homologues français, notamment, de « faire pression »  sur leur gouvernement pour faire cesser « les relations d’affaires »  des sociétés françaises avec la Russie. Plusieurs élus français, lors de cette réunion, se sont déclarés d’accord avec cette option – notamment les représentants de l’AMRF, des départements et des régions. 

Les élus ont aussi rapporté les actions qu’ils ont engagées pour aider concrètement la population ukrainienne via des dons, financiers ou matériels. D’autres, dont David Lisnard, président de l’AMF, ont également rappelé qu’il était possible d’opérer un « jumelage »  avec les villes ukrainiennes, comme Cannes vient de le faire avec la ville de Lviv. 

Rappelons enfin que l’AMF a ouvert sur son site une page dédiée à la solidarité avec l’Ukraine, où les maires trouveront tous les renseignements pratiques utiles – lien vers la FAQ du gouvernement, modèle de délibération du conseil municipal pour soutenir la population ukrainienne, etc.

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